La victime rentrait de l’hôpital avec sa fille malade lorsqu’elle est tombée dans les mains des malfrats. Elle a reçu plusieurs coups de poignard sur le bras gauche, qui n’est plus fonctionnel aujourd’hui. Heureusement, en dépit de la violence subie, elle a formellement identifié l’un de ses agresseurs. Le groupe a été démantelé et les mis en cause méditent sur leur sort à la prison centrale de Kondengui. Le procureur a requis une sanction exemplaire à l’encontre de l’un des accusés.
Celui qui te veut du mal ne vient jamais de loin. Cet adage, Mme Ngo Yede Calice épouse Otchomotsi l’a bien compris. Victime d’une agression il y a 5 ans, elle a perdu l’usage de son bras gauche. La victime s’est présentée devant le juge du Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi le 26 janvier 2024, pour soutenir sa plainte. Elle y accuse Aladin Tadefo Nzahegheu et Junior Biba, ses voisins, d’être à l’origine de son handicap. La plaignante déclare avoir formellement identifié les mis en causes au moment de son agression. Aladin Tadefo Nzahegheu et Junior Biba, qui sont écroués à la prison centrale de Yaoundé Kondengui, répondent en conséquence des faits de tentative d’assassinat et clament leur innocence. Les débats ont été ouverts dans cette affaire le 26 janvier dernier en présence des parties opposées au procès. Le dénouement est attendu le vendredi, 23 février prochain.
La plaignante, qui est menacée par les accusés et leurs familles respectives, a expliqué au tribunal les circonstances de son agression. Elle a relaté que le 5 octobre 2019, aux environs de 22 h, elle a été victime d’une agression au quartier Nkolmesseng à Yaoundé alors qu’elle rentrait de l’hôpital accompagné de sa fille malade. Mme Ngo Yede Calice déclare avoir reconnu ses agresseurs, puisque l’agression a eu lieu dans une zone éclairée par les lampadaires. En effet, selon son récit, Junior Biba a arraché son sac à main ainsi que son téléphone puis, à l’aide d’une arme blanche, il l’a poignardée à plusieurs reprises. Pendant ce temps, Aladin Tadefo essayait de dissimuler l’éclairage des lampadaires pour que la scène macabre ne soit pas vue par grand nombre. «Au moment où il me poignardait, il m’a dit que c’est M. Macheudjeu, mon voisin le plus proche, qui l’a envoyé. Ce dernier, qui n’a jamais été inquiété par cette procédure, a voulu occuper le terrain de notre voisine et je l’ai dénoncé. Raison pour laquelle il me déteste», a-t-elle déclaré.
Tentative d’arrangement
Apres la commission de leur forfait, Aladin Tadefo Nzahegheu et Junior Biba auraient pris la poudre d’escampette. La victime, qui baignait dans une mare de sang, dit avoir alerté M. Ndi Olivier, le voisin le plus proche de la scène du crime. C’est ce dernier qui a informé le reste du voisinage et elle a été transportée dans un centre de santé proche, où elle a subi trois opérations chirurgicales en l’espace de deux semaines. Au cours de cette agression, Mme Ngo Yede Calice déclare avoir perdu son sac à main et un sac à dos appartenant à sa fille ainsi qu’un téléphone portable. Les sacs ont été retrouvés au domicile de Junior Biba au moment de la perquisition. L’accusé aurait utilisé le téléphone dérobé pendant 4 mois, avant de le revendre à un autre voisin, qui, ayant découvert les photos de Mme Ngo Yede Calice sur l’appareil, le lui a restitué.
Poursuivant son témoignage, la plaignante déclare que quelques jours après son agression, les deux mis en cause ont reconnu les faits et lui ont présenté des excuses. Leurs familles respectives ont ensuite tenté un arrangement à l’amiable. «Biba est venu chez moi avec sa sœur et Tadefo était accompagné de sa mère. Ils m’ont proposé 1 million de francs chacun pour que je laisse tomber l’affaire, mais j’ai refusé. C’est quatre mois plus tard que j’ai décidé de porter plainte parce que Biba me menaçait de façon régulière et m’agressait toujours en me demandant de l’argent à chaque fois.»
Témoin
Pour finir, Mme Ngo Yede Calice soutient que malgré leur incarcération, les accusés continuent de lui proféré des menaces de mort à chaque audience. Le même scenario s’est produit lors de la dernière audience et cette fois devant un gardien de prison, qui a fait son témoignage devant le juge d’instruction et dont son procès-verbal d’audition a été annexé dans le dossier de la procédure. Ils ont dit: «Comme tu veux qu’on meure en prison, sache que quand nous allons sortir d’ici, on va te tuer puisqu’on t’a raté la dernière fois.»
Au soutien de son accusation, la victime a produit un certificat médical ainsi que les reçus des dépenses effectuées suite à son agression. Elle a également fait comparaitre un témoin, qui a corroboré sa version des faits. «Il était environ 22 h ce 5 octobre 2019, lorsque j’ai entendu une femme crier. Elle prononçait mon nom. Quand j’ai ouvert la porte, j’ai trouvé la plaignante ensanglantée et allongée sur ma véranda. J’ai appelé son mari et un autre voisin, qui nous a accompagnées à l’hôpital avec sa moto», a confié M. Ndi Olivier. Ce dernier dit avoir également été présent lorsque Aladin Tadefo a reconnu son forfait et a présenté des excuses à la victime en présence de sa mère.
Prison à vie
Pour sa défense, Aladin Tadefo Nzahegheu, qui est resté constant tout au long de l’enquête préliminaire, a déclaré qu’au moment de l’agression de Mme Ngo Yede et sa fille, il ne savait pas en réalité ce qui se passait, jusqu’à ce qu’il entende les cris de détresses de la victime. Il s’est enfui pour éviter des représailles de son coaccusé, qui, par le passé l’avait menacé de mort pour avoir voulu intervenir lors d’une autre agression. «J’étais au mauvais endroit au mauvais moment. Je n’ai pas participé à cette agression. Et je ne savais pas que c’est Mme Ngo Yede la victime», s’est-il défendu.
Junior Biba quant à lui soutient qu’il n’a jamais été au lieu du crime le jour indiqué par la plaignante et remet en cause tous les éléments de l’enquête. «Les enquêteurs ont menti. Le jour-là, je ne suis pas sorti. Le couteau trouvé dans ma chambre ne m’appartient pas. On n’a jamais trouvé les sacs chez moi». Son alibi a été confirmé par Mme Elembe Line, sa sœur et témoin.
Lors de ses réquisitions, le représentant du ministère public a requis la culpabilité de Junior Biba et a demandé au tribunal de le condamner à la prison à vie. Il soutient que ce dernier a une addiction prononcée pour les stupéfiants et que c’est lui qui a porté le coup de poignard sur la victime, qui a perdu l’usage de son bras gauche. L’attitude de cet accusé prouve, dit-il, qu’il est impossible de se resocialiser. Pour ce qui est d’Aladin Tadefo Nzahegheu, le parquet a requis sa relaxe pour faits non-établis. Le représentant du ministère soutient que la victime ne l’a pas désigné comme celui qui l’a poignardé. De plus, aucun témoin n’a déclaré l’avoir vu en train d’aider BIba dans la commission de cette infraction. Le verdict est attendu le 23 février 2024.