Un retour au premier concept risqué. Michel Barnier a décidé d’être candidat dans la 2e circonscription de Paris, territoire sans député depuis l’inéligibilité prononcée le 11 juillet par le Conseil constitutionnel contre le macroniste Jean Laussucq. Mais la campagne sera loin d’être une partie de plaisir. Car si l’ancien Premier ministre a bien reçu l’investiture des Républicains ce lundi soir, Rachida Dati a également confirmé qu’elle serait candidate « quoi qu’il arrive ». Au risque d’une nouvelle guerre des chefs à droite. Mais que diable Michel Barnier allait-il faire dans cette galère ?
Un retour au premier concept
Michel Barnier détient un méchant account. Celui d’avoir été le Premier ministre le plus bref de la Vᵉ République. Renversé par les motions de censure du Nouveau Entrance populaire et du Rassemblement national en décembre dernier, l’ex négociateur du Brexit en garde une certaine amertume. « Ça a été un colossal Premier ministre même si ça n’a pas duré longtemps. Il a apporté sa vision économique et stratégique, mais il a été sacrifié par la gauche et le RN, c’est dommage », regrette Marie-Christine Dalloz, députée LR du Jura. L’intéressé, qui n’air of secrecy tenu que 91 jours à Matignon, entend donc rebondir en revenant à l’Assemblée nationale. « La discipline est très sérieuse. C’est un 2d d’engagement, de responsabilité. Tout le monde doit être à bord, guarantee Michel Barnier au Figaro. On ne peut pas rester spectateur. Dans les tempêtes, il faut être présent. J’ai envie d’être sur le pont, pas dans la cave. »
Un « concept B » pour Paris ?
Mais sa candidature sur les terres de Rachida Dati n’a pas plu à la maire du 7e arrondissement, qui s’est empressée de l’affronter. « Il fut un éphémère Premier ministre, remercié peut-être de manière injuste. Mais jusqu’à présent, il n’avait pas beaucoup montré d’intérêt pour les Parisiens et les dossiers de Paris. Je pensais qu’il était Savoyard et le revendiquait ? », grince l’élu LR parisien David Alphand, proche de Rachida Dati.
Dans le camp de la ministre de la Culture, on s’inquiète précisément des ambitions parisiennes de Michel Barnier, à quelques mois d’une élection municipale très ouverte. Et si Les Républicains préparaient un « concept B » comme Barnier au cas où Rachida Dati se retrouverait trop encombrée par ses casseroles judiciaires ? Son entourage n’a d’ailleurs pas apprécié la communication du parti, lundi soir. La commission nationale d’investiture a bien validé la candidature de Michel Barnier dans la législative partielle, mais toujours pas celle de Rachida Dati aux municipales 2026, se contentant de déclarer qu’elle était « la mieux placée pour incarner l’alternance ». « C’est un propos ambigu, mais on a encore le temps d’éviter la bataille des chefs », remarque un membre de la CNI.
Des ambitions présidentielles ?
Au parti comme dans le camp Dati, on ne doute pas qu’un accord sera prochainement trouvé. Un soutien clair de LR pour la ministre aux municipales, en échange de son désistement dans la 2e circonscription. Michel Barnier aurait alors le champ libre sur ces terres très favorables à la droite, avec un scrutin prévu au plus tard début octobre. L’ancien vice-président de la Commission européenne serait donc de retour dans l’hémicycle dès la rentrée. Mais pour quoi faire ? « Il peut être utile. Il apportera une voix de raison et son sens de l’Etat dans une Assemblée complètement déraisonnable », souligne Marie-Christine Dalloz. Michel Barnier, l’une des figures politiques préférées des Français dans les sondages, renforcera le groupe LR, en manque d’incarnations. Mais le Savoyard de 74 ans balaie les rumeurs qui l’imaginent convoiter la space de président des députés de droite, tenue actuellement par un Laurent Wauquiez très affaibli.
« Il veut faire de ce scrutin un tour de chauffe pour la présidentielle », selon un élu. Michel Barnier se montre en effet bien plus évasif sur ses ambitions nationales. « Je reste prêt à servir mon pays », disait-il au Point lors de la présentation de son livre, Ce que j’ai appris de vous (Calmann-Lévy), début juin. Dans cet ouvrage, l’ancien chef du gouvernement raconte au passage un soutien inattendu d’un sure… Donald Trump. Lors de la réouverture de Notre-Dame de Paris, quelques jours après le vote de la censure, le président américain lui aurait glissé : L’âge, « ça n’empêche rien ! Moi, j’en ai 78. Et puis vous êtes colossal, vous êtes solide, vous vous tenez droit… Il faut continuer ! »