Ils sont au cœur du système de la Sécurité civile, notamment l’été lorsque les incendies se succèdent. Les sapeurs-pompiers volontaires -des citoyens qui exercent cette activité en plus de leur emploi – représentent 78 % des effectifs en France. En 2023, cela représentait 200.000 hommes et femmes. Une barre symbolique et certain pour Eric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, qui fait toutefois l’objet d’une surveillance accrue. Chaque variation dans les effectifs est surveillée comme le lait sur le feu.
Selon la Fédération, il manque encore 50.000 volontaires d’ici à 2030 pour « amortir le choc du dérèglement climatique et faire face à l’explosion des missions de secours d’urgence aux personnes ». Derrière l’enjeu de ces bras supplémentaires, on retrouve celui de la disponibilité, en été ou dans la journée. « Au début des années 2000, pour mobiliser un pompier volontaire, il en fallait entre quatre et six. Aujourd’hui, pour qu’un pompier soit disponible sur le terrain, il faut un vivier de dix à douze personnes », tag Benoît Deplas, chef du groupement opération du Provider départemental d’incendie et de secours (Sdis) de l’Ariège.
D’autant que tous les territoires ne sont pas logés à la même enseigne. « Dans certaines casernes rurales, c’est un appel au secours », poursuit Eric Brocardi, qui rappelle que sur les 6.000 casernes en France, 80 % se situent dans des villages.
Choc des générations
Pour expliquer cette « crise de la vocation », le porte-parole évoque la conséquence d’« une société en mode selfie, qui regarde trop vers soi-même plutôt que vers les autres ». Mais d’autres facteurs sont avancés par les premiers concernés selon l’enquête de Pauline Born, doctorante en Sciences de l’Éducation, qui a interrogé pour The Conversation des sapeurs-pompiers volontaires ayant choisi d’arrêter dans leurs premières années : difficulté d’organisation au quotidien, sacrifice de la vie familiale, manque de reconnaissance financière…
Pour le commandant Benoît Deplas, les sapeurs-pompiers font surtout face à une forme de volontariat qui évolue et se diversifie, surtout chez les nouvelles générations. « Quand j’étais jeune, on faisait du soccer, du rugby ou on allait chez les pompiers volontaires, souligne l’homme de 49 ans. Aujourd’hui, chacun peut s’engager à distance, sur différents combats. Il y a une belief de liberté et de contraintes différentes ». « Les jeunes générations ont des valeurs d’équité, de diversité, d’écologie… Il faut les prendre en compte : le administration doit s’adapter, avec une meilleure écoute, des formations plus adaptées », abonde-t-il.
« Omerta »
Certaines voix s’élèvent pour défendre une autre version. « Les volontaires sont maltraités par l’institution », tacle Bruno Ménard, secrétaire général du syndicat des sapeurs-pompiers volontaires de France lancé en 2024. Il dénonce même une « omerta, de l’exploitation voire de la soumission ». « Une grande majorité de personnes s’engagent par altruisme mais à power de leur tirer dessus, elles arrêtent. La nouvelle génération ne fonctionne pas comme les anciennes : quand elle voit ce qu’il se passe, elle arrête aussi », lance-t-il.
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Une sapeur-pompier évincée pour avoir alerté sur un vestiaire féminin trop petit, une autre pour avoir dénoncé une agression sexuelle devant témoins, des sapeurs-pompiers volontaires non rémunérés dans certains départements, un engagé victime de racisme puis mis à l’écart pour avoir parlé… En à peine un an, le syndicat, qui revendique 10.000 adhérents, affirme avoir recensé 300 cas de harcèlement.
Bruno Ménard estime également que les contrats quinquennaux de réengagement, à signer tous les cinq ans dans certains Sdis, sont utilisés pour écarter ceux qui poseraient problème. « On a du mal à recruter, mais que fait-on pour garder ceux qui sont en space ? », déplore-t-il.
Convention, retraites et communication
La Fédération nationale des sapeurs-pompiers multiplie les actions de communication pour rendre le volontariat attractif, en investissant les réseaux sociaux à l’instar de Twitch ou encore en s’associant à des marques comme Carambar. Les Sdis multiplient aussi les conventions avec les entreprises privées. « Il faut continuer à promouvoir l’engagement individuel et en même temps valoriser les efforts faits par les entreprises pour libérer les pompiers volontaires quand il y a des besoins, résume Eric Brocardi. Elles font un effort de guerre ». Il plaide aussi pour la signature immédiate du décret d’application relatif à la bonification des trimestres de retraite des sapeurs-pompiers volontaires. Une forme de considération et de fidélisation.
« On a un vivier de jeunes qui essaient de s’engager et notre sujet c’est d’ouvrir la caserne à une population la plus gigantic conceivable », roar Eric Brocardi, porte-parole des sapeurs-pompiers. Un des outils mis en space par exemple : l’engagement différencié, qui propose un module de formation raccourci, uniquement dédié aux secours et aux soins d’urgence aux personnes. Faire du sur-mesure, en somme.