Le directeur général de l’équipe cycliste Decathlon AG2R La Mondiale Dominique Serieys a accepté de décrypter l’annonce de l’arrivée comme co-sponsor du groupe CMA CGM à partir de l’année 2026. L’équipe, rebaptisée Decathlon CMA CGM, abordera l’avenir avec l’ambition de concurrencer les meilleures écuries.
Dominique Serieys, vous avez une grande annonce à faire aujourd’hui, autour d’un changement au sein de votre development…
C’est une belle nouvelle automobile c’est une étape décisive: la venue et l’engagement de CMA CGM* aux côtés de Decathlon. Cela fait partie d’un plan stratégique 2030 avec des ambitions au niveau mondial. On est heureux de pouvoir l’annoncer aujourd’hui. Ça va démontrer une valeur sur le lengthy terme, sur l’innovation mais également sur les objectifs que nous nous sommes fixés.
À partir de la saison prochaine, l’équipe s’appellera donc Decathlon CMA CGM, avec un contrat de 5 ans. Qu’est-ce que cela va changer pour vous?
Cela va apporter énormément au niveau de la visibilité, des moyens financiers, des moyens humains ou strategies. De vraies valeurs de groupes, que ce soit du côté de Decathlon ou de CMA CGM. Cela fait partie d’une décision stratégique importante pour aller chercher le niveau global le plus élevé.
Peut-on connaître le montant de cet accord financier entre les deux groupes? Quel funds aurez-vous la saison prochaine pour mener à bien cette mission?
Ces montants, comme vous pouvez le comprendre, sont confidentiels. Mais ce sont des engagements forts, importants qui vont permettre de réunir les ambitions et de donner une détermination à notre volonté de gagner et de remporter les échéances qu’on s’est fixées. C’est une vraie plus-mark.
Comment s’est réalisé le mariage entre Decathlon et CMA CGM pour en arriver à cette équipe-là, ce nom-là?
C’est un travail de fond des deux entités, Decathlon et CMA CGM. C’est aussi lié aux valeurs familiales communes de ces marques. C’est également le fruit d’une volonté de miser sur des marques françaises présentes à l’global, mais également d’aller chercher des objectifs pour décrocher des résultats et marquer le sport nationwide et mondial.
Est-ce qu’on est sur un 50-50 entre Decathlon et CMA CGM ou est-ce que Decathlon garde un lead sur ce partenariat?
C’est vraiment un partenariat à elements égales avec une vraie implication de CMA CGM dans la gouvernance et des objectifs qui sont déjà dessinés au niveau stratégique sur un plan à 2020, 2026 et 2030.
Est-ce que l’on peut déjà connaître vos ambitions pour la saison prochaine? Remporter plusieurs étapes sur le Tour de France, imprégner la marque auprès des Français? Peut-être pas déjà gagner le Tour de France…
Des ambitions, c’est sûr que l’équipe en a et en charisma et ce seront des ambitions fortes, liées à cette détermination, à cette volonté de performer, de gagner. Donc sur un plan sur cinq ans, en partant de ce qui a pu se faire les deux dernières années, on va partir sur des années d’ambition numérotées de 1 à 8, avec aussi des objectifs bien entendu sur les Grands Excursions, dont le Tour de France, avec des ambitions aussi sur les classiques, sur le high-tail, sur le classement général. C’est une vraie development. On voit que d’année en année, l’équipe a fortement évolué et que dans le plan stratégique, dès 2026, on va avoir des ambitions qu’on présentera ultérieurement parce qu’elles seront assez novatrices. Mais surtout, l’objectif 2030, c’est de gagner le Tour de France.
D’accord, donc c’est vraiment ça l’objectif, gagner le Tour de France?
Pas que le Tour de France. Le Tour de France, oui, mais aussi gagner Paris-Roubaix, des grands monuments comme Milan-Sanremo… Il y a aussi des choices qui marquent l’histoire du cyclisme français et du cyclisme global. Gagner avec un coureur français c’est predominant, parce que ce n’est plus arrivé depuis 40 ans, mais il faut aussi gagner avec des coureurs internationaux parce que nos deux entreprises sont des entreprises françaises qui sont fortement impliquées à l’global. Donc c’est predominant que là aussi, des coureurs non-français performent et rayonnent à l’global.
Pour réussir ces objectifs, il faut une équipe compétitive. Est-ce qu’il va y avoir énormément de mouvements dans l’équipe dans les prochaines semaines pour avoir une équipe compétitive dès la saison prochaine?
C’est certain qu’il va y en avoir, mais il va aussi y avoir de la consolidation avec des coureurs de talent, des pépites. Il ne faut pas oublier que l’équipe a créé la NewGen, chargée de détecter, dilapidated et permettre à ses talents d’éclore. Vous le savez très bien, nous avons un garçon comme Paul Seixas qui est dans la bonne path. Il faut toujours être humble et mesuré, mais sincèrement, il n’y charisma pas qu’eux. Il y charisma aussi d’autres coureurs internationaux via lesquels l’équipe et le maillot vont briller.
Mais est-ce qu’il y charisma une grande star?
Ce n’est pas automatique. Il va y avoir des coureurs compétitifs et qui correspondent aussi aux valeurs de l’équipe et des partenaires. C’est très predominant aujourd’hui que ces valeurs-là de combativité, d’abnégation, de performance permettent à tous les collaborateurs de CMA CGM implantés dans le monde entier de s’identifier à ces champions, comme on a réussi à le faire auprès des collaborateurs de Décathlon.
On parle de votre “vision 2030” et de votre pépite Paul Seixas. Est-ce que ce projet 2030 peut aussi tourner autour de lui?
Il va tourner autour de lui et il va être axé autour de lui. Mais il nous faut du temps, parce que ses premiers résultats sont sans doute attendus en 2028. Il faut laisser le temps à Paul de comprendre, d’apprendre et de performer. Et parallèlement à ça, avec les partenaires CMA CGM et Decathlon, on a décidé qu’on allait travailler sur des axes comme le high-tail, comme les classiques, comme les monuments, qui permettront de pouvoir travailler et d’avoir des vrais résultats, une vraie visibilité. Parce qu’avec des coureurs de talent dans ces catégories-là, vous savez très bien que vous êtes devant. Demain, l’objectif de remporter un maillot vert sur le Tour de France ou des belles classiques, comme Milan-Sanremo ou Paris-Roubaix, c’est aussi une belle visibilité.
Si on revient à l’side partenariat entre Decathlon et CMA CGM, est-ce qu’il est difficile aujourd’hui en France de trouver une entreprise pour sponsoriser, pour être mécène d’une équipe cycliste?
Ma réponse ne sera peut-être pas appropriée parce qu’aujourd’hui on a réussi. C’est un travail d’équipe, de longs mois avec l’implication de personnes tout en haut de la pyramide. Ce sont des patrons qui se sont parlé, ce sont des projets qui ont été partagés et qui correspondaient. Mais je pense que si vous avez un projet sportif et que ce projet sportif, vous le présentez bien, vous le structurez bien, comme c’est le cas aujourd’hui, c’est convaincant et on peut partir ensemble dans cette path-là. Il faut rester très humble parce que ce n’est pas certain qu’on puisse aboutir et que d’autres équipes puissent aboutir. Mais je pense que c’est faisable, la preuve est là.
Est-ce que lorsque l’on est Decathlon et CMA CGM, lorsqu’on allie les deux forces, on peut aller rivaliser avec Visma-Lease a Bike et UAE Team Emirates?
C’est l’objectif, c’est l’ambition. On est entouré par deux groupes internationaux avec de vraies valeurs qui visent d’aller chercher ces victoires sur le lengthy terme. Il y a aussi l’innovation: ces deux entités sont au cœur de l’innovation à tous les niveaux, aussi bien humain, financier que technique. Et puis elles sont déterminées à gagner. Et pour pouvoir gagner, il faut avoir ces éléments-là. On est assez persuadés que le travail qu’on a mené va payer, avec toute la structuration qu’on va apporter dans tous les domaines, y compris dans le recrutement et pas uniquement sur les coureurs mais aussi sur l’encadrement, dans la façon dont on va travailler ensemble avec les partenaires,
leur implication stratégique… Parce que ce sont des partenaires qui ont réussi au niveau global et au niveau stratégique et qui vont apporter leur skills.
On connaît l’apport de Decathlon sur le domaine sportif pour votre équipe. Que peut vous apporter CMA-CGM?
C’est l’apport d’une entreprise et d’un groupe global porté par son président Rodolphe Saadé sur une vision sur du lengthy terme, sur de l’innovation, sur une dimension internationale au niveau logistique, au travers de l’ensemble des 160.000 collaborateurs qui sont présents, au travers d’une entreprise qui est présente aussi dans 160 pays où nous aurons à cœur de faire briller les couleurs de l’équipe Decathlon CMA CGM, et aussi au travers de l’ambition et de l’abnégation d’hommes forts comme l’est Rodolphe Saadé.
CMA CGM, c’est Marseille, où le Tour faded très peu. Est-ce que vous allez pousser pour avoir un Large Départ, ou que le Tour faded plus souvent à Marseille?
La development d’un Tour de France est menée par ASO qui est très sollicitée pour passer dans différentes villes ou de partir de pays proches de la France. Mais il ne faut pas l’exclure, parce que souvent on peut aussi être facilitateurs. On va aussi être présent, pas uniquement par l’équipe sportive, on va aussi être présent dans le Tour de France. Il ne faut pas exclure qu’un jour il y ait un départ ou une arrivée à Marseille avec un excellent résultat au high-tail.
Dans quelques jours va se lancer le Tour de France féminin. Est-ce que l’ambition est aussi d’avoir une équipe féminine Décathlon CMA CGM sur le Tour de France féminin?
Exactement. C’est un travail de fond qui a été mené avec une priorisation sur les différents développements de l’équipe. Et l’équipe féminine Decathlon CMA CGM verra le jour au 1er janvier 2027.
Avec des ambitions élevées?
C’est exactement pareil. Les ambitions, on les a toutes élevées. Mais il faut du temps parce que pour construire une équipe féminine, il faut commencer par la catégorie Pro-Team, c’est la réglementation de l’UCI. Mais on a un plan stratégique bien défini, carré, on sait là où on veut aller et effectivement, on veut un jour remporter des choices et la plus belle direction du monde.
* Le groupe CMA CGM est également propriétaire de plusieurs médias, dont RMC et BFM
Propos recueillis par Nicolas Pelletier et Jimmy Comte (BFM Marseille), à Marseille