Après une nuit de heurts dans la nuit de vendredi à samedi, le calme est revenu dans le quartier du Val de l’Aurence à Limoges. Des CRS avaient été déployés la veille dans la ville de Haute-Vienne, 24 heures après un épisode de violences urbaines, impliquant une centaine d’individus cagoulés. Une enquête a été ouverte pour participation avec arme à un attroupement, violences sur fonctionnaires de police, extorsion aggravée et dégradations en bande organisée du bien d’autrui. 20 Minutes fait le point sur la bid.
La bid a dégénéré dans la nuit de vendredi à samedi, aux alentours de 1 heure du matin. Selon la préfecture, une « centaine de personnes » ont bloqué la RN141 menant à Angoulême et s’en sont pris aux véhicules à coups de batte de baseball. « Certains véhicules étaient occupés par des familles, en présence d’enfants mineurs », a souligné le parquet dans un communiqué. Huit plaintes ont été recensées, portant sur une dizaine de victimes. « Aucun des automobilistes n’a été violenté physiquement. Pour autant, plusieurs sont particulièrement choqués », indique l’institution judiciaire.
« Une victime explique avoir été forcée de sortir de la voiture, de vider ses poches, ce qu’il a fait, et (les suspects) sont ensuite partis avec le véhicule », qui a été retrouvé plus tard incendié, a notamment précisé Émilie Abrantes, procureure de la République à Limoges.
Des affrontements ont éclaté durant trois heures entre les forces de l’ordre, munis de LBD et de gaz lacrymogène, et ces individus masqués, également armés de mortier et de cocktails Molotov. Les échauffourées, qui ont cessé vers 4 heures du matin, ont fait neuf blessés parmi les policiers. Huit des neuf agents blessés souffrent d’acouphènes et le neuvième d’une blessure à une main, selon le parquet de Limoges. Samedi soir, la compagnie de CRS 82, basée à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) et spécialisée dans le maintien de l’ordre s’est déployée dans le quartier vers 22 heures, sur décision du ministère de l’Intérieur.
Où en est la bid ce dimanche ?
Dans la nuit de samedi à dimanche, le calme est revenu. « Rien d’important » ne s’est produit dans la nuit et « aucun renfort (n’a été) dépêché sur place », a déclaré une source policière à un correspondant de l’AFP. Quelques jets de projectile et des tirs de mortier d’artifice lancés à 22h30 ont été recensés mais sans blessés.
La nuit a été « très calme » dans le quartier, a confirmé à l’AFP Laurent Nadeau, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance. Deux interpellations sont intervenues mais « pour des affaires courantes de la vie nocturne limougeaude », a-t-il précisé, confirmant des informations de la radio Ici Limousin.
Pourquoi cette explosion violence ?
Le quartier du Val de l’Aurence est « connu » pour des trafics de stupéfiants mais « aucun élément ne permet de relier les événements de cette nuit avec une enquête récente » sur le narcotrafic, a par ailleurs précisé la procureure de la République.
Dans cette même zone, d’autres violences avaient éclaté dans la nuit du 14 juillet. À la suite de ces heurts, deux opérations de sécurisation avaient été menées mardi et mercredi entraînant des inspections de halls d’immeubles et des contrôles dans le quartier, rappelle France 3 Nouvelle-Aquitaine.
Le maire LR de Limoges, Émile Roger Lombertie, décrit ce territoire comme un « quartier de grande pauvreté avec des jeunes issus d’immigration » devenu selon lui « une zone de non-droit ». Il a également dénoncé une « guérilla urbaine ».
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« Ils sont organisés, structurés, c’est programmé, il y a un plan, un armement, un guet-apens donné aux policiers et aux usagers de la route », a-t-il déploré. Et d’ajouter : « Ce n’est pas une manifestation spontanée pour râler contre quelque chose. Il n’y a pas de prétexte. Rien. Il y a l’envie de détruire et de montrer que le territoire vous appartient ».