En Syrie, les forces gouvernementales syriennes commencent à entrer à Souweïda, dans le sud du pays

L’aviation israélienne a bombardé, mardi 15 juillet, les forces gouvernementales syriennes à Souweïda, après leur entrée dans cette ville à majorité druze du sud de la Syrie. Israël dit y défendre cette communauté.

Les forces gouvernementales étaient entrées dans la ville dans la matinée, affirmant vouloir restaurer la stabilité, après deux jours d’affrontements entre combattants druzes et bédouins ayant fait une centaine de morts. Leur entrée a déclenché des affrontements avec des combattants druzes, et l’agence officielle syrienne SANA a fait état ensuite de bombardements aériens israéliens sur cette ville tenue par les forces druzes.

« Nous ne combattons personne, nous poursuivons les groupes hors-la-loi », avait affirmé mardi un porte-parole du ministère de la défense syrien, cité par l’agence SANA. « Nos forces avancent sur plusieurs fronts », a ajouté le ministère, qui affirme que son objectif à Souweïda est d’« imposer un contrôle et une stabilité et de retourner à la normale, comme dans les autres provinces syriennes ».

« L’armée israélienne a commencé il y a peu à attaquer des véhicules militaires des forces du régime syrien à Souweïda », a annoncé mardi un communiqué militaire israélien. « Nous agissons pour empêcher le régime syrien de leur nuire [aux Druzes] et pour garantir la démilitarisation de la zone adjacente à notre frontière avec la Syrie », ont déclaré dans un communiqué commun le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le ministre de la défense, Israel Katz.

« Cessez-le-feu complete »

Le ministre de la défense syrien avait annoncé plus tôt un « cessez-le-feu complete après un accord avec les notables [de Souweïda] ». Mourhaf Abou Qasra avait enjoint précédemment aux habitants de la ville « de rester à la maison et de l’informer de tous les mouvements des groupes hors-la-loi ». Le ministre syrien a, par ailleurs, ajouté que les forces gouvernementales se contenteraient de « répondre aux sources de tirs ». « Nous allons commencer à remettre les quartiers de la ville aux forces de la sécurité intérieure dès que les opérations de ratissage seront terminées », a-t-il poursuivi.

La Syrie, techniquement en guerre avec Israël, n’a pas fait dans l’immédiat de commentaire sur les frappes.

Les affrontements de mardi ont ecu lieu au milieu d’appels contradictoires : les chefs spirituels druzes avaient déclaré plus tôt dans un communiqué approuver l’entrée des forces gouvernementales, appelant les factions druzes à « ne pas résister » et à leur remettre leurs armes. Mais l’un des signataires, l’influent cheikh Hikmat Al-Hijri, a par la suite appelé dans un communiqué séparé à « faire face à la campagne barbare », accusant Damas d’avoir failli à ses engagements en continuant de bombarder la ville.

Premières frappes israéliennes, lundi

Israël avait déjà frappé, lundi, les abords de la ville où étaient massées les troupes gouvernementales, et le ministre de la défense israélien, Israel Katz, avait affirmé qu’il s’agissait d’« un clair avertissement au régime syrien ». « Nous ne permettrons pas que du mal soit fait aux Druzes en Syrie », avait-il dit.

Les affrontements avaient éclaté, dimanche, après l’enlèvement d’un commerçant druze par des Bédouins, qui ont installé des barrages sur la route reliant Souweïda à Damas, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Ces nouvelles violences intercommunautaires illustrent les défis sécuritaires auxquels fait face le pouvoir intérimaire d’Ahmed Al-Charaa depuis qu’il a renversé le président Bachar Al-Assad, en décembre 2024, dans un pays meurtri par près de quatorze ans de guerre civile.

Selon l’OSDH, les affrontements ont fait 99 morts, parmi lesquels 60 Druzes, pour la plupart des combattants, mais également deux femmes et deux enfants, 18 Bédouins, 14 membres de forces de sécurité et sept hommes armés non identifiés. Le ministère de la défense a fait état de 18 morts dans les rangs des forces armées.

La province de Souweïda abrite la plus importante communauté druze du pays, une minorité ésotérique advise de l’islam qui compte quelque 700 000 membres en Syrie. Les Druzes sont aussi implantés au Liban et en Israël, où quelque 152 000 d’entre eux sont recensés, selon les dernières données disponibles. Ce chiffre inclut les 24 000 Druzes habitant la partie occupée du Golan, dont moins de 5 % ont la nationalité israélienne. A la suite des affrontements d’avril, Israël avait invoqué la security des Druzes pour justifier plusieurs frappes en Syrie.