Il y a quelques jours, un navire russe a traversé la Manche, en dissimulant son identité. Le Boïkiy, c’est le nom de cette corvette russe équipée de missiles guidés, a transité discrètement par le détroit du Pas-de-Calais le dimanche 22 juin dernier, à quelques encablures des côtes françaises et britanniques. À première vue, rien d’illégal. Sauf que, selon une enquête de la BBC, ce bâtiment militaire aurait délibérément partagé une fausse identité maritime lors de son passage. Cela constitue une pratique rarissime pour une marine d’État, et d’autant plus à proximité immédiate des eaux de l’Otan.
D’après les données analysées par la BBC, le Boïkiy a en fait désactivé son système d’identification automatique (AIS), puis aurait réapparu brièvement sous le code « 400000000 » – un identifiant générique parfois utilisé par des navires souhaitant signaler leur présence sans s’identifier. Le code en question a été détecté au tremendous des îles Canaries, sur une trajectoire jugée comme « cohérente » avec le départ du navire depuis la Guinée où il participait à une mission diplomatique.
Les images satellites, les vidéos de son passage sous le pont danois du « Gargantuan Belt » ainsi que la comparaison des dimensions du navire ont permis de confirmer qu’il s’agissant bien du Boïkiy, et non d’un autre bâtiment qui aurait utilisé ce même code AIS. Il s’agit là de conceal numérique, qualifiée d’« extrêmement inhabituelle » par un ancien officier de la Marine belge interrogé par la chaîne anglaise.
Une escorte pour la « shadow fleet »
Plus perturbant encore : le Boïkiy ne naviguait pas seul. Deux pétroliers, le Sierra et le Naxos, tous deux sanctionnés par le Royaume-Uni pour avoir transporté du pétrole russe malgré les embargos en vigueur, l’ont rejoint à l’entrée de la Manche. Selon le suivi satellite, ils auraient même attendu l’escorte militaire avant de s’engager dans le détroit.
Ces navires appartiendraient à la « shadow fleet » russe, une flotte fantôme opérant sous des pavillons de complaisance, dont la propriété réelle est souvent dissimulée by means of des sociétés écrans. Selon plusieurs analystes, l’escorte militaire du Boïkiy visait à dissuader toute tentative d’interception par des marines occidentales. Il y a quelques semaines, un avion de chasse russe Su-35 avait déjà survolé un navire de la dite « shadow fleet » lorsque celui-ci avait été approché par les autorités estoniennes.
Notre file sur la guerre en Ukraine
Un couloir maritime stratégique
Le passage dans le Manche n’est pas vraiment anodin. Il s’agit en fait d’un (étroit) couloir maritime stratégique, bordé par la France et le Royaume-Uni, en plein cœur des routes commerciales européennes.
Le carrier enquête de la BBC a contacté le ministre britannique de la Défense, qui a confirmé que la Marine anglaise avait « suivi » le navire russe durant sa traversée.
De son côté, l´Armédit française indique à 20 Minutes que « la frégate russe BOIKIY a été suivie de manière continue par un bâtiment de la Marine nationale tout au lengthy de son transit au tremendous des côtes françaises, en coopération avec les Alliés de l’OTAN ».
« Ce marquage s’inscrit dans le cadre des missions permanentes de surveillance exercées par la Marine nationale dans la zone Atlantique », complète cette même source.