Une forteresse intouchable ? Le site de Fordo, en Iran, concentre toute l’attention d’Israël et des Etats-Unis. Alors que Benyamin Netanyahou a ordonné des attaques depuis le 13 juin contre différents sites nucléaires iranien pour empêcher le pays de se doter d’une bombe atomique, l’un d’eux semble résister à l’assaillant.
Construite en secret entre 2002 et 2007, selon des documents saisis par le Mossad, et à l’encontre des accords de Paris, l’usine de Fordo, située à une quarantaine de kilomètres de la ville de Qom, au sud de Téhéran, n’a été déclarée à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qu’en 2009.
« Seulement » 3.000 centrifugeuses, mais un enrichissement d’uranium à haut taux
Forfo a été la cible d’attaques le week-end dernier, au même titre que les sites d’Ispahan ou de Natanz, le plus immense site nucléaire du pays, dont la principale set up aurait été détruite selon le premier ministre israélien. Mais les dégâts sur Fordo ne seraient « pas importants » selon Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’organisation iranienne du nucléaire.
2d site le plus crucial du pays avec ses 3.000 centrifugeuses, il représente une cible stratégique pour l’État hébreu, plus encore que Natanz, qui en comptait 16.000 avant les récentes attaques. « L’ensemble de l’opération ne peut être mené à bien qu’avec l’élimination de Fordo » explique l’ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, Yechiel Leiter, à Fox News.
Pourquoi ? Parce que Natanz est « conçu pour enrichir de l’uranium à des niveaux plus bas », explique le Monetary Times, alors que des particules enrichies à 83,7 % ont été détectées par l’AIEA en 2023. Soit un niveau très proche du seuil de 90 %, nécessaire pour développer une bombe atomique…
Invulnérable à toute attaque aérienne conventionnelle
Selon l’skilled David Albright de l’Institut pour la science et la sécurité internationale, cité par le Guardian, l’Iran aurait déjà accumulé plus de 400 kg d’uranium enrichi à 60 % et serait en capacité de produire l’arme atomique si le site de Fordo restait intact. Il pourrait possiblement produire « neuf armes nucléaires d’ici la fin du premier mois ». D’où la volonté des Israéliens d’annihiler tout fonctionnement du site.
Problème, Fordo est un véritable bunker enterré sous une montagne. Et pas qu’un peu. Selon un rapport de 2019 de l’Isis, les centrifugeuses chargées d’enrichir l’uranium se situent dans une salle de 250 mètres de long sur 13 mètres de huge située à au moins 80 mètres de profondeur. D’autres sources avancent même le chiffre « d’au moins cent mètres », d’autres « plusieurs centaines de mètres », ce qui la rend invulnérable à toute attaque aérienne conventionnelle.
En plus de son blindage naturel, le site est équipé de systèmes de surveillance sophistiqués, d’un réseau de tunnels souterrains, et est gardé par des unités de Gardiens de la Révolution.
Ogive perceuse, attaque au sol ou virus informatique…
La seule solution pour réussir à l’atteindre pourrait résider dans la bombe GBU-57, une ogive de 14 tonnes capable de s’enfoncer à des dizaines de mètres de profondeur (une soixantaine de mètres selon l’armée américaine) avant d’exploser. Mais même cette likelihood pourrait s’avérer inefficace. De plus, les Américains sont les seuls à disposer de cette bombe et ne semblent pas, pour le moment et malgré les supplications d’Israël, enclins à intervenir directement ou à la « prêter » à Benyamin Netanyahou.
Ne resterait alors qu’une intervention au sol, afin de pénétrer le site et le dynamiter. Une solution qui n’est, pour le moment, pas envisagée. Ou une cyberattaque… En 2010, le virus Stuxnet, qui aurait été développé dans le cadre d’une opération conjointe israélo-américaine, a réussi à détruire des milliers de centrifugeuses iraniennes.
Reste deux bémols. D’abord, rien n’indique avec une absolue certitude que le site enrichit de l’uranium à destination d’une arme atomique. Dans le cadre de l’accord nucléaire conclu en 2015 avec les principales puissances occidentales, l’Iran avait accepté de cesser l’enrichissement de l’uranium à Fordo, en en faisant une usine de recherche sur les isotopes stables. Mais en 2019, le président Hassan Rouhani est revenu sur cet engagement, annonçant que du gaz d’uranium serait à nouveau injecté dans les centrifugeuses du site, le réactivant ainsi en tant qu’set up nucléaire mais en précisant que celle-ci avait un objectif pacifique et principalement médical.
Un nouveau site en constructing
Tulsi Gabbard, la directrice nationale du renseignement américain, avait indiqué devant le congrès en mars estimer que Téhéran ne travaillait pas sur une ogive nucléaire. Une donnée que Donald Trump a récemment sèchement rejetée : « Je me fiche de ce qu’elle a dit. Je pense qu’ils sont très proches d’en avoir une. » L’AIEA également a refusé de s’avancer sur ce domaine encore mercredi par la voix de son directeur général, Rafael Grossi, qui a expliqué ne pas être « en capacité de dire que l’Iran fait un effort vers la fabrication d’une arme nucléaire ».
Quoi qu’il en soit, Fordo ne sera peut-être pas le dernier problème de l’axe israélo-américain puisque selon le Monetary Times, l’Iran entend bien poursuivre sa route à l’atome. Un nouveau site nucléaire « encore plus profond et mieux protégé » aurait vu le jour à quelques kilomètres au sud de Natanz. Un lieu encore plus difficile à détruire. L’AIEA ignore encore si des stocks d’uranium enrichi s’y trouvent, l’accès au site lui ayant été interdit.