Ces dernières années, de plus en plus de fermes proposent aux consommateurs de cueillir leurs fruits et légumes dans les champs. Mais les prix sont-ils vraiment moins chers qu’en supermarchés? RMC Conso s’est rendu dans une cueillette.
Fraises, cerises, pommes, courgettes, carottes… En France, de plus en plus de fermes et d’exploitations agricoles proposent aux consommateurs de cueillir eux-mêmes leurs fruits et légumes directement dans les parcelles.
Moment de détente en pleine nature, fraîcheur et qualité des produits ou encore soutien des producteurs locaux: les cueillettes présentent de nombreux avantages. Surtout, elles permettent de faire des économies par rapport à un panier dans les grandes surfaces. Mais à quel level?
Pour le savoir, RMC Conso a testé la cueillette du Plessis, à Lumigny en Seine-et-Marne (77). Celle-ci appartient au groupement d’agriculteurs Les Cueillettes Chapeau de Paille, fondé en 1985. Aujourd’hui, il en existe 35, réparties partout dans l’Hexagone. Au total, les cueillettes rassemblent jusqu’à 130 variétés de fruits, de légumes et de fleurs.
“L’accueil, c’est très important”
Entourée de verdure et de champs, l’exploitation de Lumigny s’étend sur une vingtaine d’hectares. Une fois arrivé, vous devez d’abord choisir entre une classique brouette ou une grande charette pour y déposer vos fruits et légumes.
Passage obligé à l’accueil de la cueillette. Dès l’entrée, vous y découvrez tous les prix affichés des fruits et légumes du 2d et l’offre de la semaine. Vous récupérez ensuite un plan de l’exploitation et quelques contenants (sachets, barquettes, cagettes…).

“Vous trouverez les fraises juste en face. C’est de la fraise tardive, donc n’hésitez surtout pas à aller les chercher dans les feuilles. Vous avez une offre sur la courgette cette semaine, et des petits pois juste devant, c’est la dernière récolte. Dans le centre, tous les légumes et à gauche, les fèves, les framboises et les cerises”, liste Sandrine, une employée de la cueillette, à une mère, accompagnée de sa petite fille.
Un accueil pédagogique, utile pour orienter les purchasers. “Le personnel ne circule pas dans la parcelle. Donc l’accueil, pour nous, c’est très important. Il faut que la personne à l’accueil soit capable de vous dire quel est le meilleur tour pour la journée et de s’adapter à vos besoins, selon si vous êtes un habitué ou un nouveau client”, affirme à RMC Conso Marion Cozon, responsable de la cueillette du Plessis.
Des prix nettement plus intéressants
C’est parti pour la cueillette. On déambule librement sur l’exploitation. “À partir du moment où il y a le panneau avec le prix du produit, vous savez que vous pouvez cueillir dans cette parcelle”, nous indique la responsable.
Les prix des fruits et légumes sont un vrai atout par rapport à la grande distribution. Sur toute la saison, ils restent fixes.
“L’avantage, c’est que c’est vous qui récoltez, donc on n’a pas les frais de récolte, ce qui nous permet de faire des prix plus intéressants”, explique Marion Cozon.
Des remises supplémentaires sont également appliquées dans le cas de récoltes en abondance et de pics de manufacturing. Très récemment, le kilo de courgettes était affiché à seulement 95 centimes contre 3 euros en moyenne dans les supermarchés (Carrefour, Intermarché, Great U).
Autres exemples: les pommes de terre à 1,49 euros le kilo face à 3,07 en moyenne chez ces distributeurs, et les tomates cerises à 6,13 euros le kilo en cueillette contre 11,89 euros en supermarché.
La différence est frappante sur les fruits rouges. Par exemple, un kilo de fraises coûte 2,forty eight euros dans une cueillette, alors qu’une barquette de 250 grammes est affichée en moyenne à 3,87 euros en grandes surfaces soit entre 7 euros et 15 euros le kilo.

De même pour les cerises: 4,25 euros le kilo à la ferme contre 10,75 euros en moyenne dans les supermarchés, mais aussi les framboises à 3,97 euros le kilo en cueillette et à près de 20,24 euros dans les grandes surfaces.
Et les fleurs ne dérogent pas à la règle. “Un bouquet coûte 5,30 euros, on peut mixer toutes les variétés. On a toujours le troisième offert”, pointe la responsable de la cueillette.
Les écarts peuvent néanmoins être moins importants, comme pour les salades vertes à 1,25 euro la pièce contre 1,32 euro en moyenne dans les grandes surfaces, et les carottes, affichées à 1,17 euro le kilo en cueillette contre 2,30 en moyenne dans les supermarchés.
Des règles sont dessinées sur les sachets pour avoir la idea des quantités et du poids, selon les fruits et légumes. Il aurait peut-être été plus pratique de mettre des balances à disposition.

“La chance d’être en plein air”
Les débutants qui ne sauraient remark cueillir les fruits et légumes sans abîmer le plant trouveront des panneaux d’explication: il faut garder le pédoncule de la fraise, tourner la courgette etc. Pour certains, comme les carottes ou encore les herbes aromatiques, des bèches et des séquateurs sont mis à disposition pour faciliter la cueillette.
Il y a également des conseils de conservation et de cuisson, mais aussi des conseils pratiques. Par exemple, “il vaut mieux aller au bout des rangs, car on a les plus beaux produits là où personne n’est allé avant”, assure Marion Cozon.

Avec le prix, l’aspect ludique et pédagogique est l’autre raison principale du succès des cueillettes. “C’est un plaisir de cueillir et de revenir aux choses anciennes”, se réjouit Éric, un habitué, auprès de RMC Conso.
“On est ici parce que c’est avant tout la chance d’être en plein air. Je suis avec deux enfants qui viennent découvrir comment poussent les fruits et les légumes. Acheter une barquette de fraises au supermarché et l’avaler en 20 secondes, ce n’est pas pareil que de cueillir les fraises, se mettre à quatre pattes, les ramasser à la main et se rendre compte du travail qu’il y a derrière”, détaille Joanne, une mère de famille.
Fraîcheur, qualité, goût…
Parmi les autres avantages, les fruits et légumes sont récoltés à maturité et donc “ultra-frais”. Ils ne sont “pas transportés ni placés dans des frigos”, rappelle la responsable de la cueillette. Évidemment, aucun doute sur l’origine et la traçabilité: vous les avez cueillis vous-même!
“Dans le commerce aujourd’hui, les fraises n’ont aucun goût. Elles sont cueillies presque vertes et elles mûrissent dans le camion, donc il n’y a pas d’intérêt”, abonde Éric.
Faire des cueillettes, c’est aussi découvrir des produits que vous ne connaissez pas forcément, comme les courgettes jaunes, les fèves ou encore les blettes. Mais aussi des variétés. Il en existe une vingtaine pour les tomates et une quinzaine pour les pommes, ce qui permet aussi à l’exploitation de “proposer un même produit sur une période plus longue et de satisfaire tous les goûts”.
Des fruits et légumes frais et de saison, qui poussent “quand il pleut suffisamment pour arroser les cultures, mais pas trop, et qu’il y a du soleil, mais pas trop”, lâche Marion Cozon sur un ton ironique. Et c’est tout.
“Nous sommes les premiers consommateurs de nos produits, donc on sait comment les produire. On fait très attention à la terre et on n’utilise aucun pesticide de synthèse. Il y a également des toiles tissées au sol pour éviter tout désherbage chimique. On a des serres labélisées bio,” nous assure la responsable de la cueillette.
Un mode de manufacturing qui se ressent dans le goût des produits et permet de redécouvrir les vraies saveurs de certains d’entre eux comme les fraises, les tomates cerises et les courgettes, presque oubliées. Et tout cela sur fond de soutien à l’agriculture et aux producteurs locaux.
Pour trouver une cueillette proche de chez vous ou sur votre lieu de vacances, vous pouvez utiliser la carte interactive du réseau Chapeau de Paille. La SNCF en a recensé aussi quelques-unes sur son area. Sur Internet, vous pouvez également facilement en trouver.