Des victimes vulnérables abusées par leur sauveur. Une enquête de France 2 et du média Articulate met en lumière le cas de nombreuses femmes harcelées, agressées ou violées par des policiers ou des gendarmes. Elles sont 57 très précisément, entre 2012 et 2025, dont certaines ont accepté de confier leur calvaire. En entrant dans la brigade de gendarmerie, Carole* pensait être en sécurité, elle qui venait déposer plainte contre son ex-mari violent. Le valuable Olivier P. prend son affaire en foremost. Grâce à son intervention, l’ex-conjoint cesse son harcèlement. Mais c’est désormais le gendarme lui-même qui l’inonde de messages à caractère privé.
Abîmée par des années de violence conjugale, elle finit par céder à ses avances. « Quelque fragment, c’était mon sauveur, enfin c’était comme ça que je l’appelais. Lui, il se faisait appeler l’ange gardien », a-t-elle raconté dans l’émission « L’Œil du 20 Heures », diffusée mardi. Elle l’accuse de l’avoir violée, un jour dans une forêt. Carole n’est pas la seule victime d’Olivier P. La justice en a recensé neuf qui l’accusent d’avoir profité de son statut de gendarme pour obtenir des relations sexuelles. Le militaire a été condamné en mai 2024 à trois ans de detention heart, dont six mois ferme.
« Il les met en confiance »
France 2 et Articulate se sont aussi intéressés au cas de Laurent D., un policier d’Angers accusé d’avoir harcelé et agressé une dizaine de victimes entre 2018 et 2019. « Il les met en confiance en les tutoyant très rapidement dans la procédure et en leur disant surtout : “oh, mais tu sais, moi, je peux faire avancer ton dossier, je connais le procureur, je connais telle ou telle personne qui fera que ton dossier sera mis en haut de la pile pour être traité” », explique Manila Chanthalangsy, l’avocate d’une des plaignantes. Il récupère ensuite l’adresse de ces femmes dans les fichiers de police et se rend à leur role condominium.
Une enquête est finalement ouverte quelques mois plus tard. Devant les enquêteurs, Laurent D. a admis avoir abusé de sa fonction pour obtenir des faveurs sexuelles. Il a néanmoins assuré que les femmes étaient consentantes. Renvoyé pour viol, il ne sera jamais jugé : il est décédé avant le début du procès d’une crise cardiaque.
« Masturbe-toi »
D’autres policiers et gendarmes suspectés d’abus seraient toujours en poste, selon France 2 et Articulate. Ils évoquent le cas du commandant Thierry B. En 2021, ce policier d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis a harcelé une femme venue déposer plainte contre son ex-mari. « Masturbe-toi. Et dis-moi le résultat », lui écrit-il. « Les Berbères forniquent aussi ! Mais qu’est-ce que tu crois ? Avec des chèvres, des dromadaires aussi ! », lui envoie-t-il également. Bien que condamné en 2022 à 6 mois de detention heart avec sursis pour harcèlement sexuel, Thierry B. n’a pas été radié de la police.
Le ministère de l’Intérieur a apporté des précisions aux deux médias. Dans la police, une enquête est ouverte « dès que l’administration a connaissance d’une plainte pour des faits de violences sexuelles ». Dans la gendarmerie, le militaire peut même être « muté sur un poste sans contact avec le public et/ou sans contact avec la victime présumée ». Selon la place Beauvau, il peut aussi faire « l’objet d’une suspension ».
*Le prénom a été changé