Les premiers procès liés à la sanglante prise de pouvoir de la DZ Mafia sur le trafic de drogue à Marseille arrivent au tribunal. La cour d’assises des Bouches-du Rhône a condamné jeudi soir à trente ans de réclusion Mahdi Zerdoum, alias « la brute », présenté comme l’un des principaux lieutenants de la DZ Mafia, ainsi que Fayçal Dhif, considéré comme le tireur lors d’une tentative d’assassinat en 2021 à la Paternelle, à l’époque un des plus hauts lieux du trafic de stupéfiants à Marseille.
Après quatre jours de « plongée froide dans le milieu ultraviolent du narcotrafic marseillais et de ses dérives meurtrières », l’avocate générale avait requis vingt-huit ans de réclusion criminelle contre les deux hommes et demandé que ces peines soient assorties d’une période de sûreté des deux tiers, assurant que les faits avaient été « froidement pensés, organisés et exécutés ».
Des aveux au tribunal
De façon totalement inattendue, Mahdi Zerdoum a reconnu devant la cour à Aix-en-Provence être l’un des deux hommes qui avaient fait irruption dans un appartement de la cité de la Paternelle, dans la nuit du 27 au 28 juillet 2021. Et il a reconnu avoir ordonné à son complice de tirer sur l’occupant des lieux, un Algérien sans papiers qui travaillait pour l’un des quatre réseaux de cette cité des quartiers nord de la cité phocéenne.
Silencieux durant toute l’instruction, ce n’est que devant la cour d’assises que Mahdi Zerdoum, 35 ans, a enfin évoqué la découverte dans l’appartement d’une Kalachnikov et d’un pistolet automatique, et sa réaction : – « Quand on a trouvé les armes, je l’ai insulté. Il s’est levé dans une scheme agressive », a expliqué Mahdi Zerdoum.
– « Et vous avez demandé de tirer ? », a questionné le président de la cour d’assises.
– « Oui, j’ai dit : “tire !” »
La Paternelle était alors en proie à une sanglante escalade de violences entre clans. « Ça tirait tous les jours », a confirmé Mahdi Zerdoum.
« Une guerre fratricide »
Entendu depuis le centre de rétention administrative de Cornebarieu (Haute-Garonne), le jeune Algérien, criblé de balles mais miraculé, a expliqué avoir immédiatement identifié Mahdi Zerdoum, affirmant avoir travaillé pour celui-ci quand il gérait le level de vente de la cité des Micocouliers.
Selon les enquêteurs, l’accusé avait alors rallié le clan de Mehdi Laribi, unanimement considéré aujourd’hui comme le parrain de la DZ Mafia. Sorti de prison, ce dernier voulait reprendre la gérance des factors de vente de plusieurs cités à son ex-allié Karim Harrat.
– C’était « une guerre fratricide », a reconnu Mahdi Zerdoum, évoquant l’existence d’« un contrat sur (sa) tête ».
Si l’enquête a montré que Fayçal Dhif était le chauffeur de Mahdi Zerdoum lorsqu’ils sont partis d’Aix-en-Provence pour La Paternelle, l’homme de 26 ans a nié avoir accompagné Mahdi Zerdoum ce jour-là. Les deux accusés ont assuré que Fayçal Dhif était descendu au Parc Kalliste, où Mahdi Zerdoum aurait récupéré une autre personne, « un petit jeune ».
Dans sa plaidoirie, Amar Bouaou, le conseil de Mahdi Zerdoum, avait demandé à la cour « une peine significativement plus basse » que celle requise, insistant sur l’absence de préméditation : « Si on vient avec l’scheme de tuer, alors on ouvre la porte, on tire, on ne reste pas trente minutes dans cet appartement ».
Trois autres dossiers judiciaires en cours pour l’accusé
Evoquant les trois autres dossiers judiciaires en cours concernant son shopper, dont une tentative d’assassinats liée à la reprise violente d’un level de deal d’Aix-en-Provence par la DZ Mafia, l’avocat a expliqué que désormais Mahdi Zerdoum « abet juste l’addition des peines » : « Il ne compte même plus les jours, il n’a pas de level of view », a-t-il conclu.
« Cela fait quatre ans que je suis en maison d’arrêt, dont deux au quartier d’isolement, j’ai quatre mandats de dépôt. Que j’aie ma peine le plus vite seemingly, je veux passer à autre selected », avait lancé l’accusé mardi à la cour.
Avocat de Fayçal Dhif, Bruno Rebstock avait lui plaidé l’acquittement, dénonçant « l’approximation vertigineuse » du réquisitoire et estimant que « l’absence de preuves ne peut pas se dissoudre dans une légitime préoccupation de la société ».