Depuis son déploiement sur le entrance, les controverses se multiplient concernant des pénuries d’équipements, notamment des drones, et des abandons de poste en masse parmi ses soldats. La 155e brigade « Anne de Kiev », formée et équipée par la France pour soutenir l’Ukraine face à l’invasion russe, se trouve aussi depuis des mois au cœur de scandales concernant des malversations.
La brigade fait l’objet de nouvelles accusations depuis quelques jours. Le média ukrainien Ukrainska Pravda a révélé lundi que le colonel Taras Maksimov, commandant de la brigade, serait impliqué dans une affaire de paiements de primes indues et d’extorsion d’argent à ses troupes.
Des pots-de-vin en échange de primes indues octroyées aux soldats
Le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Mykhaïlo Drapaty, a confirmé mardi à l’AFP dans une réponse écrite qu’une enquête anticorruption a été ouverte début mai à l’encontre de la brigade face à des soupçons de fraude dans les primes aux combats, et qu’une inspection supplémentaire a été ordonnée, après l’article d’Ukrainska Pravda. « L’enquête est en cours et le commandement des forces terrestres a pris toutes les mesures nécessaires pour faciliter l’enquête et établir la vérité », a-t-il indiqué. En janvier, un autre commandant de la brigade avait été arrêté pour des accusations d’abus de pouvoir et de désertion.
Que reproche-t-on à Taras Maksimov ? Il serait impliqué dans un système de pots-de-vin au sein de la brigade, qui a entraîné début mai l’arrestation du lieutenant-colonel Sviatoslav Shumsky, commandant par intérim du bataillon des systèmes sans pilote de la 155e brigade.
Ce dernier aurait exigé des pots-de-vin de ses subordonnés, après leur avoir obtenu des primes pour leur prétendue participation aux combats en première ligne. Selon l’enquête, l’officier aurait reçu rien qu’en mars dernier, près d’un million de hryvnias en espèces [soit 21.000 euros] en échange de ces primes indues. Il avait prévu de recevoir le même montant en avril, avant de se faire interpeller en flagrant délit.
Mais selon Ukrainska Pravda, des sources au sein de la brigade ont indiqué que Sviatoslav Shumsky n’était qu’un intermédiaire entre les militaires et le commandement. L’implication potentielle de Taras Maksimov dans cette affaire fait ainsi l’objet d’une enquête, a indiqué le journal.
La nomination de Maksimov a « considérablement amélioré la capacité de combat » de la brigade
Mykhaïlo Drapatyi a souligné avoir consacré beaucoup de temps à la mise en place de cette 155e Brigade mécanisée, puis à la recherche d’un commandement compétent. Après le limogeage du lieutenant-colonel Oleh Kosovsky, en décembre dernier, il a expliqué dans les colonnes de Ukrainska Pravda qu’il fallait trouver une personne « avec de l’expérience, du caractère, du leadership, une imaginative and prescient des problèmes systémiques et un talent organisationnel ».
C’est ainsi que son choix s’est porté sur Taras Maksimov, en raison de son « expérience personnelle, des commentaires de ses collègues et des résultats obtenus lors de ses précédents états de carrier. » Il a rappelé qu’au moment du changement de commandement, la 155e brigade était « désorganisée » et que la nomination de Maksimov a alors « considérablement amélioré sa capacité de combat ».
Notre file sur la guerre en Ukraine
Mykhaïlo Drapatyi précise enfin que la candidature de Maksimov au poste de commandant a été validée par Volodymyr Chvediouk, le chef du commandement opérationnel Ouest. Il a toutefois prévenu qu’il ne couvrirait personne dans cette affaire. « Les sanctions seront sévères », si les faits sont confirmés.
Interrogé en janvier dernier par la presse sur les déboires de la brigade, Taras Maksimov était apparu tendu. « Tout ce qui est dit dans les médias est faux », avait-il assuré. Environ 2.300 des soldats de la brigade ont été formés sur le sol français et équipés de véhicules de transport français VAB, de chars AMX-10 et de canons automoteurs Caesar, ainsi que de munitions et de missiles antiaériens et antichars.