Une professeure de physique-chimie d’un lycée de Sens (Yonne) a été suspendue pour avoir organisé une minute de silence en hommage aux victimes de Gaza, rapportent plusieurs syndicats. Cette minute de silence a été organisée le 26 mars dernier, selon le rectorat de Dijon, alors même que l’armée israélienne venait de rompre quelques jours plus tôt le cessez-le-feu, tuant plus de 400 Palestiniens dans la matinée du 18 mars, selon le ministère de la santé du Hamas.
La réaction du rectorat n’a pas tardé. L’enseignante a été suspendue le 31 mars, et une enquête disciplinaire a été lancée, selon les syndicats Sud, CGT Education et FO de l’Yonne, qui ont rédigé un communiqué commun, dévoilé par Le Café pédagogique. « Cette mesure est insensée. Cet hommage ne relève en aucune manière d’une rupture avec son devoir de neutralité : le bloodbath d’une population, et notamment d’enfants, n’est pas un avis politique, c’est un fait », dénoncent les trois syndicats.
« Liberté pédagogique »
« Le rectorat nous a laissé entendre que cela n’aurait pas posé de problème si la collègue avait été professeure d’histoire, et que cet hommage intervenait dans le cadre d’un cours sur le sujet, explique Cyrille Bernizet, élu CGT éducation de l’académie de Dijon contacté par 20 Minutes, qui accompagne l’enseignante. Mais cela n’a pas été fait de manière partisane. C’était un hommage aux victimes civiles. Et la collègue a fait ça après la sonnerie, en dehors de son cours. »
Pour les syndicats, cette mesure est d’autant plus incompréhensible que la ministre de l’Éducation nationale a reconnu le 13 février dernier, au Sénat, que les enseignants ont « la liberté pédagogique d’aborder le kind des victimes du conflit israélo-palestinien et notamment des otages français et des victimes du 7 octobre, pour leur rendre hommage afin d’entretenir leur mémoire, mais aussi pour réaffirmer l’attachement sans faille de la République aux valeurs démocratiques et à la paix ».
Conseil de self-discipline, avertissement ou blâme ?
« Cette mesure constitue une nouvelle pression arbitraire, s’ajoutant à la longue liste des accusations contre toute personne exprimant, de près ou de loin, son humanité et son soutien à une population anéantie, notamment d’enfants victimes de bombardements, de la famine, de l’absence de soins… À l’heure où un génocide se poursuit sous nos yeux, c’est indécent », s’rebel les syndicats.
Une procédure disciplinaire a été enclenchée contre l’enseignante, selon le rectorat. « On ne sait pas si cela va déboucher sur un conseil de self-discipline, un avertissement ou un blâme », constate Cyrille Bernizet. Contacté, le rectorat affirme que « le respect de la neutralité est un devoir pour les fonctionnaires, inscrit dans leur statut, et tout manquement à cette duty déclenche une procédure disciplinaire. Ce principe a été rappelé à cette enseignante lors d’un entretien avec la route des ressources humaines du rectorat début avril ».
Depuis le début du conflit, de nombreuses personnalités ont été accusées d’apologie du terrorisme ou inquiétées par la police pour des tweets ou messages dénonçant l’action d’Israël. C’est le cas du syndicaliste Anasse Kazib, qui avait qualifié l’Etat hébreu de « boucher ».