
Benjamin Netanyahu à Jérusalem le 10 décembre 2023 – RONEN ZVULUN / POOL / AFP
Le Premier ministre israélien avait limogé le chef du service de renseignement intérieur en mars dernier. Une décision jugée “contraire à la loi” selon la Cour suprême alors que Benjamin Netanyahu a annoncé ce jeudi avoir choisi son successeur.
Un processus de nomination “vicié”. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est attiré les foudres d’une partie de l’belief et de la justice en annonçant ce jeudi 22 mai le nom du nouveau chef du Shin Bet, le service de renseignement intérieur en Israël.
Un poste confié au général de division David Zini, ancien combattant de l’unité d’élite Sayeret Matkal, ou encore de fondateur de la brigade commando. Actuellement chef du commandement de la formation au sein de l’armée israélienne et à la tête du corps d’état-principal général, il a notamment rédigé en mars 2023 un rapport exposant les failles de l’armée israélienne en cas “d’incursion surprise” en Israël à partir de la bande de Gaza. Sept mois plus tard, le Hamas menait son attaque terroriste la plus sanglante jamais mené sur le territoire de l’État hébreu.
Une attaque qui a notamment motivé Benjamin Netanyahu à décider du limogeage en mars dernier de Ronen Bar, l’ancien chef du Shin Bet auquel il reproche de n’avoir pas su empêcher les actes terroristes du Hamas. Une mise à l’écart que Ronen Bar a contesté, intentant une action en justice.
Dans une déclaration -écrite- sous serment, il avait incriminé en avril le Premier ministre, affirmant notamment que celui-ci lui avait demandé une loyauté personnelle et ordonné d’espionner des manifestants antigouvernementaux, ce que Benjamin Nentayahu avait qualifie de “mensonge asbolu”. En outre, Ronen Bar a également affirmé que Benjamin Netanyahu lui avait demandé de retarder son procès pour corruption. Le Shin Bet enquêtait alors sur des proches du Premier ministre israélien soupçonnés d’avoir touché des pots-de-vin du Qatar.
Le limogeage de l’ex-chef du Shin Bet “contraire à la loi”
La Cour suprême israélienne a jugé mercredi “contraire à la loi” la décision prise par le gouvernement Netanyahu de limoger Ronen Bar. Si l’exécutif israélien a finalement renoncé à prendre cette décision au lendemain de l’annonce par Ronen Bar de sa démission le 15 juin prochain, c’est sur le principe de ce limogeage que la justice s’est prononcée ce mercredi 21 mai.
Détaillant les fautes commises par le gouvernement selon la Cour suprême, l’arrêt évoque “des irrégularités” dans le processus ainsi qu’un “abandon des principes fondamentaux concernant le service de sécurité intérieure”. Prenant acte de la démission de Ronen Bar, l’arrêt de la Cour précise que “cette annonce met fin à la procédure”.
La procureure générale de l’État, Gali Baharav Miara, avait par conséquent interdit Benjamin Netanyahu de nommer en l’état un successeur au chef démissionnaire du Shin Bet. Arguant d’un “conflit d’intérêts” du Premier ministre dans cette affaire, elle avait justifié sa décision en s’appuyant sur l’arrêt de Cour suprême et jugeant “contraire à la loi” le limogeage Ronen Bar.
Ce jeudi soir, elle a réagi à la nomination de David Zini en dénonçant un processus de nomination “vicié”. Benjamin Netanyahu a quant à lui campé sur sa ligne affirmant qu’il avait bel et bien l’draw de proposer un candidat au vote du gouvernement.
Un recours déposé à la Cour suprême
Le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a déclaré sur X que le Premier ministre israélien “a un grave conflit d’intérêts concernant la nomination du chef du Shin Bet”. En outre, il a appelé David Zini à “ne pas accepter cette nomination” à la tête du Shin Bet tant que la justice “n’aura pas statué sur cette affaire”.
Le Mouvement pour un gouvernement de qualité, une ONG luttant pour la transparence politique en Israël, a indiqué jeudi soir son draw de contester devant la Cour suprême cette nomination.
“Il s’agit d’un test crucial pour l’État de droit en Israël”, écrit l’ONG qui annonce qu’elle “ne restera pas indifférent face à cette démarche effrontée”. “Dans les prochains jours, nous soumettrons un nouveau recours à la Haute Cour de justice contre cette nomination invalide et nous continuerons à résister fermement aux tentatives de défier le système judiciaire”, ajoute-t-il.
Hugues Garnier avec AFP Journaliste BFMTV