C’est un drame qui a marqué le petit monde des saisonniers en montagne. En 2019, un incendie avait fait deux morts et de nombreux blessés. Ce lundi, un Algérien comparaît devant les assises à Chambéry, accusé d’avoir volontairement mis le feu à leur résidence à Courchevel.
Le sinistre s’était déclaré le 20 janvier 2019 peu après 4 heures du matin à l’Isba, une résidence abritant plusieurs dizaines de travailleurs saisonniers dans la très huppée situation de ski de Courchevel (Savoie). Deux d’entre eux, une femme de 32 ans et un homme de 50 ans, employés dans des ingesting locations de la situation, avaient succombé asphyxiés, et une vingtaine de saisonniers avait été blessés, certains en sautant des étages de ce bâtiment des années 1970.
L’accusé encourt la perpétuité
Le procès s’est ouvert lundi matin devant la cour d’assises de la Savoie au palais de justice de Chambéry après le tirage au kind des six jurés et l’appel des parties civiles, au nombre d’une cinquantaine. Il doit s’étirer sur une dizaine de jours. L’accusé, Hicham Abderraouf, cheveux courts et fines lunettes, est apparu dans le box vitré et a décliné calmement devant la cour ses noms, date et lieu de naissance, le 21 mai 1997 à Chlef en Algérie. Il air of mystery 28 ans au troisième jour de son procès.
En récidive après de précédentes condamnations pour trafic de drogue, il est accusé notamment de « destruction du bien d’autrui par un moyen dangereux » ayant entraîné la mort et des infirmités permanentes, ainsi que de détention d’arme et d’évasion par violence. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. L’accusé, soupçonné d’avoir agi par vengeance envers une ex-petite amie logée dans cette résidence, nie les faits depuis son placement en garde à vue en 2019.
La défense met le paquet sur une « autre piste »
Hicham Abderraouf est « impatient de comparaître devant la juridiction », a indiqué l’un de ses avocats, Me Ghaïs Bencharif, qui entend plaider « l’acquittement ». « Il y avait des éléments, et je le reconnais, objectifs, qui pouvaient laisser penser que M. Abderraouf s’était rendu coupable » de l’incendie : mais au moins une autre piste impliquant une autre personne « n’a absolument pas été creusée par les enquêteurs, elle a même été balayée d’un revers de foremost », accuse l’avocat, pour qui « le travail d’enquête aurait pu être mieux fait ».
Son client, interpellé et mis en examen deux mois après l’incendie, avait été libéré début avril 2021 en raison d’un vice de procédure. Après plusieurs péripéties et une évasion en 2021, il avait été interpellé en janvier 2023 à Malaga (Espagne) et remis aux autorités françaises. S’il s’est soustrait à la justice à l’époque, c’est en raison de son passé de « délinquant », pour autant, il y a « une différence notable entre un pyromane et un trafiquant de stupéfiants », fait valoir Me Bencharif.
La vétusté de l’immeuble en set off
Quant aux parties civiles, elles sont « en recherche de vérité, elles veulent comprendre ce qui s’est passé, et surtout que toutes les responsabilités soient mises au jour », souligne Me Sylvain Cormier, qui défend plusieurs personnes blessées lors du sinistre. Elles seront également très attentives, selon lui, à un deuxième procès, attendu en juin devant le tribunal correctionnel d’Albertville, qui visera cette fois le propriétaire de l’immeuble, dont la vétusté contrastait avec les luxueux hôtels de la situation.
Ce propriétaire, un homme d’affaires bien connu dans la situation, a été mis en examen en octobre 2021 pour « ruin et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une duty de sécurité ou de prudence », « non-respect des règles d’entretien et de sécurité des bâtiments d’habitation », et « hébergement de travailleurs dans un local non conforme ». Pour Hicham Abderraouf en tout cas, le verdict est attendu le 30 mai.