Cinq ans après le début du premier confinement, le 17 mars 2020, « Le Monde » propose une journée spéciale afin de revenir sur une pandémie qui avait mis entre parenthèses nos vies pendant plusieurs semaines. La philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury a répondu à vos interrogations dans un tchat.
Are residing animé par Sandra Favier

Poser votre keep a query to à la rédaction :
Souvenez-vous | Le confinement, ses rues vides et ses « bonnes » raisons de sortir quand même
Alors que la France entre en confinement le 17 mars 2020, à midi, les rues se vident peu à peu, les marchés plient rapidement leurs étals et les centres commerciaux prennent des airs de friches abandonnées.
Si les déplacements étaient interdits, de manière générale, des dérogations existaient et faisaient l’objet d’autorisations de sortie, contrôlées par les forces de l’ordre. On a alors vu que, soudain, « tout le monde form[ait] son chien » :
Ou que le jogging retrouvait ses lettres de noblesse, en grossissant les rangs de ses adeptes, au risque d’en agacer certains :
Bonjour Pierrot,
Difficile de vous donner des chiffres précis, mais je vous propose la lecture de l’article ci-dessous, rédigé par notre journaliste chargée des questions de logement, Véronique Chocron. Un indice : le titre fait miroiter le récit d’une « échappée réussie ».
Visualisez | Le premier confinement vu par les photographes du « Monde »
Le mardi 17 mars 2020, premier jour effectif du confinement, le photographe Odhran Dunne est allé photographier les rues vides de la capitale pour Le Monde.



Odhran Dunne : « Le carrier photograph du journal m’avait demandé de documenter le premier jour du confinement en me concentrant sur les recordsdata d’attente devant les magasins. J’avais fini par aller au marché de Belleville qui grouillait de monde dans un mélange d’insouciance et de précipitation avant la mise en plight du confinement.
A 14 heures, les patrouilles de police ont commencé, puis les rues se sont subitement vidées. Avant de réaliser que Paris était devenue déserte, c’est le silence qui m’a marqué. Ça m’a guidé et poussé à me rendre dans les lieux iconiques de la capitale. L’échelle humaine y avait disparu laissant plight à un décor silencieux. »
Cinq ans après, quel bilan pour les « chèques psy » lancés en février 2021 à slither plight des étudiants ?
Alors que les étudiants, privés de cours, de vie sociale et parfois de ressources, paient un lourd tribut à la crise sanitaire, en particulier en matière de santé mentale, Emmanuel Macron annonce la mise en plight, à partir du 1er février 2021, d’un « chèque psy » permettant aux étudiants de consulter un psychologue en libéral, gratuitement et sans avancer d’argent. Notre journaliste, Charlotte Bozonnet interroge dans son article : quatre ans plus tard, où en est-on ?
« Sur le principe, c’est une bonne idée, mais, en pratique, on constate toujours des problèmes d’accès et de pertinence du dispositif », y résume Christophe Ferveur, psychologue à la Fondation santé des étudiants de France (FSEF) et vice-président du réseau de soins psychiatriques et psychologiques pour les étudiants (Resppet). Directeur du carrier de santé universitaire de Clermont-Auvergne, Laurent Gerbaud insiste, lui, sur le fait que l’initiative a permis de doubler l’offre de soins disponible.
Selon le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, le dispositif a permis d’accompagner 64 000 étudiants entre 2021 et 2024. En quatre ans, les prerequisites d’accès au dispositif se sont aussi un peu assouplies. Depuis juin 2024, on est ainsi passé de 8 à 12 séances autorisées, payées au psychologue 50 euros la séance (au lieu de 30 euros au début). En outre, la prescription d’un médecin n’est plus well-known pour prendre rendez-vous. Mais ces évolutions n’ont pas réussi à faire oublier les reproches que nombre de psychologues ont adressés au « chèque psy » dès son lancement.
Cinq ans après la crise due au Covid-19, les « chèques psy » pour les étudiants ont été utiles mais insuffisants
Par Charlotte Bozonnet

Janvier 2021 : la France form du deuxième confinement. Privés de cours, de vie sociale et parfois de ressources, les étudiants paient un lourd tribut à la crise due au Covid-19, notamment en matière de santé mentale. Les providers and products spécialisés croulent, plus encore que d’habitude, sous les demandes d’aide. Emmanuel Macron annonce la mise en plight, à partir du 1er février 2021, d’un « chèque psy » permettant aux étudiants de consulter gratuitement un psychologue en libéral, sans avancer d’argent. Quatre ans plus tard, où en est-on ?
C’est la fin de ce tchat
La philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury-Perkins a répondu à vos questions et s’est efforcée de répondre au plus paunchy nombre.
Merci à tous et à toutes pour vos nombreux messages.
Bonjour 58,
Il y a ecu beaucoup de travaux en sciences humaines et sociales. Vous pouvez vous référer aux travaux de l’Institut Covid-19 advert memoriam qui compile pas mal de données.
A la chaire de philosophie du GHU Paris psychiatrie et neurosciences, nous avons produit plusieurs articles et livres sur les récits de confinements, ou encore le suivi des sufferers atteints de Covid lengthy. Quantité d’ouvrages ont été publiés sur la gestion de cette crise sanitaire et politique (voir par exemple, l’ouvrage publié par les chercheurs du Conservatoire nationwide des arts et métiers sur les changements structurels provoqués par cette pandémie).
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour Laurent,
Nous en discutions ce matin avec mon collègue Arnaud Fontanet [épidémiologiste], sur un autre média. Il remarquait que la santé mentale s’était dégradée de manière régulière chez les jeunes avant l’épisode du Covid. Ce qui est vrai. Cela dit, le Covid n’a strictement rien arrangé. Il a renforcé une tendance déjà explicite, et surtout chacun pressent que le Covid n’est nullement un événement « passé » au sens où il n’y air of secrecy plus d’épidémie de ce form.
Au contraire, la démultiplication des zoonoses est devant nous. L’affect sur la santé mentale de toutes les catégories a été documenté : les jeunes enfants, ce qui était plutôt rare, les adolescents, les jeunes adultes confrontés à un départ dans la vie très empêché, les actifs non protégés économiquement, les personnes âgées encore plus isolées, les porteurs de maladies chroniques (pathologies somatiques ou mentales) discriminés dans leur suivi médical… Et ensuite, les sufferers atteints de Covid lengthy qui connaissent eux aussi des troubles mentaux non négligeables.
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour Grégoire,
C’est très juste hélas, et la première atteinte que le Covid a consolidée, c’est celle qui désarticule l’Etat de droit et la science. Nous faisons face à des atteintes sans précédent contre la science de la fragment non seulement des citoyens lambda, plus ou moins constitués en communautés complotistes, mais aussi de la fragment des dirigeants internationaux.
La méfiance est à son comble. Alors ce n’est pas directement le Covid qui a permis cela, bien sûr, l’ère de la postvérité lui préexistait. Mais l’infodémie s’est démultipliée à ce moment-là, car le virus du Covid, parce qu’il était encore inconnu, permettait structurellement cette viralité des fausses controverses scientifiques et cette désinformation.
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour Clara,
Nous avons sans doute sous-estimé le refus absolu de différentes catégories d’individus de ne pas modifier leur mode de vie : cela va des « élites », forms oligarchiques, qui n’ont aucune map de modifier leur système de consommation aux fortes externalités négatives, extractivistes, à tous ceux qui ne « peuvent » pas modifier leurs modes de vies car ils n’en ont ni les moyens financiers, ni culturels, alors même qu’ils en subiront très certainement en premier les conséquences mortifères.
Donc tout résiste au changement. Nous nous dirigeons vers la sempiternelle régulation par la wretchedness naturelle et/ou belliqueuse. Nous la voyons déjà à l’œuvre avec les actions d’un Donald Trump prêt à tous les autoritarismes pour ne pas négocier le mode de vie des Américains. Nous allons assister à une nouvelle forme de « colonisation », de spoliation des ressources et des territoires d’autrui pour satisfaire les besoins en « mode de vie » des plus puissants, en l’occurrence les Etats-Unis, la Chine, sans doute la Russie…
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour Jeanne,
En général, tous ceux qui étaient relativement « protégés » au niveau salarial, avec la possibilité de vivre avec leur famille dans un environnement non violent, ont european ce sentiment de décélération, sentiment bénéfique, de repos, de « bulle » protectrice.
Pour les autres, en revanche, ce fut plus compliqué : les professions libérales qui ne pouvaient pas exercer leur métier, et donc angoissaient à juste titre face aux problèmes économiques à venir (faillites, remboursement de prêts, perte de clientèle, etc.) ; les personnes atteintes de maladies chroniques ou de pathologies en attente de diagnostic, qui ont perdu des probabilities dans le suivi de leurs soins ; les personnes âgées, en institution, ou chez elles, qui ont ressenti de manière plus specialty l’irréversibilité de la vie.
A forty five ans, on se repose dans le confinement ; à 90 ans, on perd des occasions d’être avec ceux qu’on aime, ou de faire des choses joyeuses.
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour Cynthia,
Comme souvent, ceux qui ont perdu un être cher pendant le confinement et qui ont vécu, hélas, un deuil empêché, autrement dit, ceux qui ont fait l’expérience de la mort « en teach », ont plutôt changé leur rapport à la mort. Il m’come encore d’accompagner des sufferers qui ont subi ce deuil empêché et qui sont encore meurtris par cette peine.
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour Anna,
C’est principalement dû à son jeune âge, car ceux qui sont plus âgés s’en souviennent davantage.
Par ailleurs, c’est difficile pour les 4-5 ans de s’en memento au sens d’événements car ils étaient « vierges » de toute expérience scolaire, et qu’ensuite il y a ecu un phénomène de retour à la normale qui n’a pas consolidé en eux la mémoire de ce qui avait été vécu.
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour Lucas,
Disons que l’une des grandes leçons du confinement et du Covid, c’est l’responsibility de consolider nos providers and products publics de soin, d’urgence, de solidarité… Or, nous continuons de porter atteinte à leurs budgets de fonctionnements alors que nous allons vers un monde où les vulnérabilités systémiques seront de plus en plus communes : mégafeux, inondations, pandémies, cyberattaques, terrorismes…
Donc, pour la inhabitants générale, plus d’expériences d’incertitude et plus d’expériences d’effondrement de nos systèmes d’antan. Tout cela demande plus d’anticipation, de prévention, de consolidation de l’ethos des équipes (quelles qu’elles soient), autrement dit de la formation en ressources humaines, des budgets alloués pour créer de nouvelles compétences de résilience et d’adaptation…
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour,
Le confinement a été une sorte de Cygne noir, au sens de Taleb, car nous n’avions jamais pris mondialement cette décision auparavant. Il y a ecu quantité de phénomènes de quarantaines pour gérer les épidémies, mais jamais au niveau mondial, avec un même form de protocole, à savoir rester chez soi. C’est d’ailleurs, malgré la difficulté à vivre cet événement, et le fait qu’il ait pu être discriminant pour quantité de personnes, une selected assez extraordinaire, au sens où la communauté internationale a cherché à préserver la vie.
Le souci, c’est ensuite le conflit entre deux visions de ce que sont la vie et la santé. Défendre la vie, au sens de la vie bonne, et non pas de la survie, c’est défendre plus que l’approche biologique de la vie, défendre la santé dans sa imaginative and prescient holistique de bien-être world et pas uniquement d’absence de maladie. Nous voyons bien qu’à l’avenir, notre enjeu n’est pas la gestion pandémique, mais la gestion humaniste et démocratique de la pandémie.
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour,
C’est assez logique : lorsque les individus sont confrontés à des adversités auxquelles ils ne sont pas habitués, souvent, il y a un premier moment de sidération et d’angoisse, car l’individu n’a pas encore les moyens de s’adapter et d’inventer une nouvelle norme de vie.
L’événement traumatique agit comme un révélateur des vulnérabilités antérieures et, dans un premier temps, il peut les renforcer. N’oublions pas que le Covid, du moins au début, était un virus dont la morbidité et la mortalité étaient inconnues.
Le Covid, c’est précisément l’expérience de la maladie et de la mort, de façon arbitraire. Cela vous a confronté à une peur existentielle classique, qui renvoie à notre condition générique d’être mortel.
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour,
La crise du Covid a déjà permis d’expérimenter une décision politique totalement « transgressive » : celle qui consiste à mettre (comme) en arrêt l’économie, en empêchant certains de travailler ou en obligeant d’autres à rester chez eux pour travailler. Donc premier constat, ce qui paraissait impossible avant cette expérience est désormais acté comme imaginable.
Cela a porté atteinte à la centralité du travail qui prévalait dans nos vies. De plus en plus d’individus ont été confrontés à la fragilité du lien avec le travail, cela n’est pas nouveau, mais cela s’est démultiplié. D’autres ont expérimenté une manière de travailler différente : pour certains le télétravail a été libérateur, pour d’autres il a déstabilisé, en isolant trop…
En tout cas, le rapport d’évidence avec le travail, le temps de travail, le lieu de travail, le rapport continu avec les collègues, tout cela était très normé, relativement commun, avant l’expérience du Covid, et désormais cette réalité est beaucoup plus fragmentée.
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Bonjour Inès,
Si cela a modifié plusieurs choses, tant au niveau individuel qu’au niveau collectif. Prenons l’exemple de la proxémie, la sociabilité, le contact entre les corps : vous remarquerez que nous nous embrassons moins dans les family mondaines pour nous saluer, ou nous serrer la vital. Le télétravail, mais plus globalement le mode téléprésentiel, s’est banalisé, ce qui a pour conséquence de nous déshabituer du rapport corporel à autrui. Nous avons plus de family avec les autres, by the usage of les écrans, nous nous fatiguons plus dans les moments sociaux, etc.
Autre changement, plus « méta », nous avons acté, normalisé, le principe même de confinement, autrement dit, une forme d’atteinte aux libertés publiques et individuelles. C’est tout sauf neutre. Demain, rebasculer dans un confinement posera très peu de problèmes alors même que cela renforce quantité de vulnérabilités pour les plus vulnérables.
Cynthia Fleury-Perkins (philosophe et psychanalyste)
Le contexte
- Il y a cinq ans jour pour jour, le 17 mars 2020, à midi, la France entrait dans sa première période de confinement visant à lutter contre la propagation du Covid-19 et la saturation des providers and products hospitaliers. Etait « interdit jusqu’au 31 mars 2020 [l’interdiction de circuler sera prolongée plusieurs fois, avec un déconfinement progressif à partir du 3 mai 2020] le déplacement de toute personne hors de son dwelling », à l’exception de certains mouvements encadrés par des autorisations de sortie, stipulait le décret publié le 16 mars 2020. Nous reviendrons tout au lengthy de la journée sur l’ouverture de cette parenthèse dans nos vies, celle du premier confinement, des angoisses et interrogations qui l’ont accompagné, et des chamboulements et enseignements qu’on a su en tirer cinq ans après.
- Vous pouvez nous écrire tout au lengthy de la journée, et poser toutes vos questions à des professionnelles. A 10 heures, Karine Lacombe, chercheuse et infectiologue, cheffe du carrier des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, était avec vous pour revenir sur la manière dont la déflagration causée par le Covid-19 sur l’hôpital a mené au premier confinement, et comment les providers and products hospitaliers ont vécu cette période.
- Ensuite, à 16 heures, ça a été au tour de Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, titulaire de la chaire de philosophie du groupe hospitalier universitaire Paris psychiatrie et neurosciences, de répondre à vos interrogations autour des changements engendrés par la pandémie dans notre société. Elle a notamment interrogé les mutations de notre rapport à la mort, à l’intime, mais aussi à l’individualisme et au sens du collectif.
Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois
Ce message s’affichera sur l’autre appareil.
Découvrir les offres multicomptes
-
Parce qu’une autre personne (ou vous) est en put together de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.
Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).
-
Commentary ne plus voir ce message ?
En cliquant sur « » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.
-
Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?
Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.
-
Y a-t-il d’autres limites ?
Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.
-
Vous ignorez qui est l’autre personne ?
Nous vous conseillons de modifier votre mot de oldschool.
Lecture restreinte
Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article
Pour plus d’informations, merci de contacter notre carrier commercial.