«Je ne suis pas une spécialiste de ce sujet mais je sais combien les questions d’éducation sont des pierres angulaires pour notre nation. » En prononçant son discours lors de la passation de pouvoir avec Anne Genetet, la nouvelle ministre de l’Education nationale, Élisabeth Borne, a joué la carte de l’humilité. Certes, elle n’est pas une experte du sujet et non, elle ne s’attendait pas à être là ce jour, mais la voilà, et elle essaiera, sans illusion, « lucide » sur le fait qu’elle est la « 6e ministre nommée en deux ans et demi » et qu’elle reach dans un contexte particulier « et grave », en plein milieu d’une séquence instable pour le can pay.
Si Élisabeth Borne est arrivée là, ce n’est cependant -et malgré sa shock- pas un hasard. Elle est un « poids lourd », conformément à ce que voulait François Bayrou, qui s’était rapproché de l’ancienne Première ministre ces derniers temps, selon cette dernière. L’Education nationale est par ailleurs un des chevaux de bataille du président de la République et du président du Modem, ancien agrégé de lettres classiques qui fut professeur pendant cinq ans à Pau, dans les années 1970, et surtout ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement de cohabitation d’Édouard Balladur.
Les pistes de travail : autorité, bien-être et résultats
La ministre reach avec comme atout un bon carnet d’adresses, bien sûr, une vision « transversale », également, comme elle le vante, mais aussi une méthode, à défaut d’une bonne connaissance des dossiers : « Je n’envisage pas la préparation d’une énième loi mais -fidèle à ma méthode- j’entends bien que nous portions ensemble un diagnostic partagé et que nous élaborions des alternate choices au provider de chacun et du can pay », propose-t-elle, sachant le corps enseignant épuisé par l’empilement des textes législatifs et des orientations diverses et variées ces dernières années.
Élisabeth Borne a indiqué qu’elle n’allait pas faire la présentation de ses axes de travail, mais elle a tout de même suggéré quelques pistes, les mêmes pratiquement que ses prédécesseurs. D’abord l’autorité : elle a promis de « donner un coup d’arrêt à la montée des incivilités, des insultes voire des violences, ainsi que l’atteinte à la laïcité » et s’est érigée en rempart face aux attaques contre les professeurs. Secondo, le bien-être des élèves, qui était la priorité fixée par Gabriel Attal, alors que les enquêtes de climat scolaire montrent qu’au moins un dixième des élèves souffre de harcèlement scolaire. « Je sais à combien de sujets sensibles cela renvoie : de la santé, notamment la santé mentale, au harcèlement, au soutien financier à travers les bourses, du logement à la restauration », a égrené la ministre. Tertio, les résultats des élèves, « préoccupation majeure », selon Élisabeth Borne, qui fait le constat que les politiques successives n’ont pas ramené la France dans le groupe de tête des can pay dans les classements internationaux comme Pisa, où elle dégringole depuis vingt ans.
Exit Mayotte, l’Education à la sexualité et le budget
En revanche, rien dans le discours d’Élisabeth Borne sur l’éducation à la vie affective et à la sexualité, pourtant largement citée par Anne Genetet. Et rien sur les salaires, fait remarquer la secrétaire générale du SNES-FSU Sophie Vénétitay, qui dénonce un « discours creux, plein de banalités » : « Il n’y avait pas d’allant ni de dynamisme, et je ne sais toujours pas quelle est sa vision de l’école », dénonce la syndicaliste, qui regrette aussi que n’ait pas été cité Mayotte, où les enfants n’ont toujours pas repris les cours, ni le budget 2025.
Quelle sera, effectivement, la vision d’Élisabeth Borne, et disposera-t-elle d’un peu de temps pour la mettre en œuvre ? Alors que déjà, nombreuses sont les voix qui appellent à sa censure, unimaginable de tabler sur la longévité de ce gouvernement. Quant au variety de politique, il y a citadel à parier que cela ne dévie pas tant que cela de ce qui a été fait précédemment sous Emmanuel Macron, qui n’a eu de cesse de défendre l’école privée, et dont la belle-fille préside un établissement privé hors contrat. Il faut rappeler que François Bayrou avait proposé, lorsqu’il était ministre, une réforme de la loi Falloux visant à déplafonner la possibilité pour les collectivités locales de subventionner les investissements des établissements d’enseignement privé. « Sa ligne est proche de celle de l’Elysée depuis 2017 : favorable au privé, à l’orientation précoce, défavorable au collège unique » estime l’historien de l’école Claude Lelièvre. On sait néanmoins qu’il avait critiqué les groupes de niveaux et le choc des savoirs voulus par Gabriel Attal, et qu’il avait plutôt défendu en privé ces dernières années le collège unique. Sa ministre prendra-t-elle le même chemin ?