
Un homme qui marche entre des pigeons et des rats à Paris le 19 février 2024 – JOEL SAGET / AFP
Les élus François Piquemal et Anne Stambach Terrenoir ont organisé un colloque ce mercredi 11 décembre pour défendre “une cohabitation pacifique” en ville avec les pigeons et les rats. Dans leur viseur: les méthodes d’éradication souvent jugées cruelles, des pièges à rats aux filets pour les volatiles.
Un colloque qui peut étonner en pleine crise politique. Les députés insoumis François Piquemal et Anne Stambach Terrenoir ont planché ce mercredi après-midi à l’Assemblée nationale sur “une cohabitation pacifique” avec les rats et les pigeons en ville.
“Il y aura toujours des animaux non-domestiqués en ville. Nous, on se demande comment faire pour vivre avec eux pacifiquement tout en faisant en sorte qu’il n’y a pas de souffrance létale pour les rats et les pigeons”, explique le député François Piquemal auprès de BFMTV.com.
Des hundreds and hundreds de rats à Paris
Pour animer ces échanges, ce colloque a eu lieu entouré de plusieurs spécialistes comme Sébastien Moro, spécialiste du comportement animal et Hécate Vergopoulos, maître de conférence et auteur du livre Les rats de Paris, une brève histoire de l’infamie.
Plusieurs grandes villes à l’instar de Paris et de Marseille font face à la prolifération des rats dans leurs rues et squares. Dans la capitale, on estime ainsi leur population à plusieurs hundreds and hundreds.
De quoi embarasser la mairie de Paris qui a intensifié sur sa lutte contre les rats pour les Jeux olympiques. “On a essayé de faire en sorte qu’ils remontent le moins possible à la surface”, expliquait en juin dernier Antoine Guillou, adjoint chargé de la propreté et de l’espace public, auprès de BFM Paris.
Tester la contraception pour les rongeurs
Parmi les méthodes destinées à éradiquer les rats, on trouve notamment l’usage d’anticoagulants qui sont utilisées dans des boîtes dans lesquelles passent les rongeurs. Le produit les fait mourir dans les jours qui suivent.
La pratique est jugée cruelle par plusieurs associations de défense des animaux comme PAZ (Projets animaux zoopolis), co-organisatrice de ce colloque. Cette association demande l’arrêt des métholes létales sur les rues et propose notamment de tester la contraception pour les rongeurs.
Déjà utilisée dans certains pays en Europe, la mesure consiste à disséminer des granulés salés et gras là où vivent les rats. Ils touchent à la fois au fonctionnement des ovaires des femelles et arrête la manufacturing de sperme des mâles, limitant ainsi la reproduction.
Des pigeonniers pour éviter les cages à pigeons
L’utilité des rats en ville est également soulignée par des travaux scientifiques. Leur présence permet ainsi de traiter une partie des déchets, en accélérant la décomposition des matières organiques comme les feuilles mortes. Ils sont aussi des prédacteurs de petits insectes comme les moustiques.
Même topo pour les pigeons. La ville de Toulouse a été montrée du doigt pour avoir mis en place un système de capture des pigeons qui permet de les stériliser de façon chirurgicale en les piégant dans des cages.
Si la mairie lisp auprès de La Dépêche du midi qu’ils n’y sont pas “abandonnés” mais n’y restent pas “plus de deux jours”, l’association PAZ dénonce “une méthode cruelle”, en pointant du doigt “la procédure lourde” de la stérilisation sur des animaux de petite taille.
Le député François Piquemal évoque en guise de resolution l’installation de pigeonniers, un petit bâtiment aménagé pour que les volatiles puissent y nicher.
“Au lieu d’avoir des pigeons qui s’installent dans les coursives d’immeubles, vous leur donnez un endroit où pouvoir vivre et vous réglez de façon nette la nuisance que cela peut représenter pour des habitants”, détaille l’élu.
Cap sur les sujets de la vie quotidienne avec les municipales
La méthode a également l’avantage de pouvoir déposer des contraceptifs dans les pigeonniers, souvent sur du maïs. Plusieurs villes comme Quimper ou Barcelone utilisent ce dispositif.
Derrière la request des pigeons et des rats, ce sont aussi les municipales qui se jouent. Sans immense ancrage territorial, les insoumis visent plusieurs communes. Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) avec Louis Boyard, Roubaix (Nord) avec David Guiraud, Toulouse avec François Piquemal, Sébastien Delogu à Marseille…
De quoi pousser LFI à vouloir plancher sur des propositions communes pour les municipales en se réunissant samedi sur le sujet. Parmi les sujets dans lesquels pourront piocher les candidats, on devrait trouver la request de la “cohabitation pacifique” entre les rats et les pigeons ou la multiplication des toilettes publiques.
En novembre dernier, François Piquemal a déposé une proposition de loi pour établir un quota d’au moins une toilette publique pour 2.500 habitants. A Marseille, on compte un seule toilette pour 40.000 habitants.