
Notre-Dame de Paris dans Assassin’s Creed Solidarity – Ubisoft
Sorti en 2014, “Assassin’s Creed Unity” avait mis Notre-Dame de Paris en point central de son jeu d’action-aventure. En 2019, il en a fait une star mondiale en proposant de la revisiter.
15 avril 2019. Sous les yeux éberlués du monde entier, le feu embrase Notre-Dame de Paris. Les spectateurs des quatre cash de la planète assistent à l’effondrement du toit, de la flèche, les vitraux qui tiennent encore miraculeusement. Des jours durant, les images montreront les ruines de la cathédrale brûlée à vif.
Les joueurs se souviennent alors que cinq ans auparavant, ils l’ont parcourue, escaladée, arpentée dans tous ses recoins. Pas cette Notre-Dame-là, celle du jeu Assassin’s Creed Solidarity, épisode sorti en 2014 et qui se déroulait dans le Paris de la Révolution française. Icône du jeu, héroïne à part entière tant elle est un point central dans l’intrigue et omniprésente dans le paysage, le monument a nécessité à l’époque un travail titanesque de modélisation.
Plus de 14 mois et 5000 heures de travail pour la modéliser
“Ça a été tout un défi, explique Thierry Noël, historien en charge des contenus historiques chez Ubisoft. “C’est 14 mois et plus de 5000 heures de travail acharné, avec au moins 359 modules de design pour reproduire Notre-Dame. Il y a un travail extraordinaire de reconstitution de l’édifice en soi, qui est en plus taille 1 à l’échelle.”

Un travail titanesque il y a 10 ans de ça, avec néanmoins quelques “petits ajustements” pour les besoins propres aux jeux vidéo, reconnaît-il. “On a ajouté des petites entrées, des éléments particuliers qui permettent de mieux jouer, de mieux apprécier. Et en plus, y determine la flèche de Viollet-le-Duc, qui en fait n’est apparue qu’au siècle suivant, mais qui, d’après tous les exams faits avant la sortie et en interne, devait être là. Parce que Notre-Dame sans la flèche, ce n’est pas Notre-Dame.”
Une représentation tellement réaliste que, lorsque la cathédrale brûle, le jeu connaît un regain d’attention. Les joueurs y retournent par centaine de milliers et Ubisoft choisit même d’offrir la version PC du jeu durant une semaine. Ce seront alors des millions de téléchargements qui vont être réalisés, bien souvent par des utilisateurs non joueurs habituellement, juste heureux de la retrouver.
“L’incendie nous a fait réaliser, à tous et à toutes, à quel point cette Notre-Dame de Solidarity avait acquis une importance certaine et était devenue une représentation extrêmement uniqueness de Notre-Dame dans l’imaginaire, toute virtuelle, qu’elle est”, se souvient Thierry Noël. Et de se rappeler la mobilisation incroyable des joueurs: “Ils se sont donné rendez-vous, se sont filmés en train d’escalader Notre-Dame, et notamment la flèche. Ça nous a fait réaliser à quel point ce travail était impactant, et c’était une forme d’hommage pour tout le travail qui a été fait de reconstitution de Notre-Dame.”
Les vidéos YouTube se multiplient, les joueurs partagent alors leur virée sur les réseaux sociaux, faisant le bonheur de ceux qui n’avaient jamais pu voir le lieu saint de près. “Il a fallu malheureusement l’incendie pour que certains redécouvrent Notre-Dame virtuellement. Une façon de compenser la disparition de cette manière. Beaucoup y ont fait un retour via le jeu qui est redevenu un succès international grâce à la cathédrale”, se souvient-il. “Pour beaucoup, ce fut une vraie découverte du bâtiment. Et on a réalisé que le travail fait pour le jeu n’avait rien perdu de sa précision, de son intérêt et de sa valeur.”
Une visite virtuelle, mais pas d’aide réelle
Un travail de représentation soigné et minutieux, mais pas pour autant des maquettes utilisables par les équipes de la reconstruction.
“Il y a une charmante rumeur qui a dit qu’Ubisoft avait fourni les plans de sa Notre-Dame modélisée pour aider à la reconstruction. Ce n’est qu’une rumeur”, s’amuse l’historien, rappelant que le modèle virtuel “est propre au jeu vidéo” et n’avait pas vocation à être une représentation fidèle, même si la modélisation est quasi identique à l’architecture de 1789.
“C’est quelque selected que nous aurions fait avec plaisir”, glisse-t-il cependant. Ubisoft avait contribué à sa manière par un don de 500.000 euros.
Néanmoins, face à tant de gens de tous les pays du monde désireux de visiter la Notre-Dame d’Assassin’s Creed Solidarity, Ubisoft avait european la bonne idée d’extraire le modèle 3D du jeu pour le transformer en expérience en réalité virtuelle. Une version épurée de tout combat, toute violence, focalisée sur l’église, sa grandeur et la vie parisienne autour du area à la fin du XVIIIe siècle. Les fameux Discovery Tour qui accompagneront par la suite les épisodes suivants (AC Origins, Odyssey et Valhalla) avec le contenu historique et éducatif autour de la vie dans l’Égypte ancienne, la Grèce antique et au temps des vikings.

Lancée à la rentrée 2019 lors des Journées du Patrimoine pour les visiteurs, puis installé dans différents musées du monde (Singapour, Taïwan, Europe, etc.), l’expérience Notre-Dame: Voyage dans le passé permettait de visiter la cathédrale, de sa nef à sa flèche, en en passant par ses beffrois. Elle fut même testée par l’archevêque de Paris et les équipes affectées au chantier de la reconstruction. Elle est désormais disponible gratuitement pour tous les possesseurs de casque Meta Quest.
Notre-Dame, c’est une héroïne de jeux vidéo, de par sa situation, de par son histoire”, reconnaît Thierry Noël. “Elle est chargée de culture, a cette dimension de mystère aussi, qui, pour un jeu vidéo, est absolument extraordinaire.”
Héroïne en 2014, star encore plus mondiale en 2019 pour compenser sa perte en partie, Notre-Dame reste une éternelle représentation de Paris. Si elle ne doit rien à personne, beaucoup savent ce qu’ils lui doivent. Au printemps 2019, si Ubisoft lui ouvra les portes du monde entier, elle offrit en retour à l’éditeur français sa plus grande couverture médiatique pour un jeu de la franchise, touchant au-delà des joueurs.