Au Portugal, depuis plus d’un an, Viktor Gyokeres fait trembler les filets chaque week-stay. En 2023, Hugo Viana, le directeur sportif du Wearing, flairait le coup. 25M€, une somme significative pour un joueur de Championship (D2) et un jackpot pour Coventry, mais surtout déjà une énorme preuve des espoirs suscités.
Peu connu à la unsuitable, le Suédois s’est vite fait un nom et totalise à ce jour 63 buts en 66 rencontres, 29 en 33 matchs de D1 la saison passée. A 26 ans, loin d’être un straight forward feu de paille qui aurait “surperformé”, le meilleur buteur d’Europe en 2024 en est à 20 buts en 16 matchs pour le présent exercice.
Une explosion plus “tardive”
Mais c’est bien en Angleterre que tout a commencé, au gré d’un parcours atypique. Le natif de Stockholm a été repéré par Brighton à l’IF Brommapojkarna où il a fait ses débuts en professional à 17 ans. En janvier 2018, il débarque chez les Seagulls à 19 ans. Entre les U21, quelques rares suits sur le banc de l’équipe première et des apparitions sporadiques en Coupe, il est prêté à St. Pauli (2019-2020, 28 matchs, 7 buts), puis à Swansea (2020-janv. 2021, 12 matchs, 1 however).
Pas de quoi renverser les foules. “C’est vraiment un super gars, il a le potentiel pour devenir un bon joueur […]. Il n’a pas eu de chance en attrapant le Covid. Il était heureux ici, mais il voulait plus de temps de jeu“, justifiait à l’époque Steve Cooper, le coach des Gallois, quand à mi-saison Brighton décidait de rappeler Gyokeres qui n’avait débuté que deux fois.
Route Coventry, toujours en D2. S’il ne ranking que trois fois en six mois, les Sky Blues du coach Stamp Robins veulent le garder. “Il a montré de grands progrès entre le début et la fin du prêt, il a gagné en confiance“, s’enthousiasmait-il. Dennis Lawrence, arrivé à l’été 2021, était son adjoint. Il se souvient de sa première rencontre en présaison en Espagne : “Il m’a immédiatement fait grosse impression, j’ai vu un attaquant avec une vraie qualité. Ce qui ressortait, c’était sa volonté de gagner chaque exercice à l’entraînement. On sentait un joueur très ambitieux.”
A l’époque, il a “déjà” 23 ans. Lawrence poursuit : “Tous les joueurs n’atteignent pas le haut niveau à 18/19 ans. Certains se révèlent plus tard. Parfois, avec les joueurs de qualité, il faut un peu plus de temps. La clé a été de prendre en compte son potentiel. C’est ça qu’on achète surtout, une imaginative and prescient de long terme. Pour nous, il était jeune, il avait une marge de progression, on voyait en lui quelqu’un capable d’être performant.”
Et le transfert symbolise rapidement un mariage parfait. “Ça lui a donné la possibilité de venir dans un club où il pouvait se développer, s’appliquer dans son travail et apprendre. Il n’y a rien de plus valorisant que le terrain. Tout ça mis ensemble, il a atteint une maturité, et nous, on pouvait exploiter ses qualités.”
C’est le déclic. Pour sa première vraie saison à Coventry en 2021-22, il inscrit 9 buts sur les 11 premiers matchs, 17 au total. “Il devait se confronter au foot d’adulte. Viktor avait des capacités tactics et physiques, mais aussi la power mentale pour jouer en Championship. Il devait apprendre à se connaître, savoir où il était bon et ce qu’il devait améliorer. Son passage chez nous lui a permis de se découvrir, mais aussi d’être mis en lumière à ce niveau.”
Des progrès dans le jeu sans ballon
La saison suivante, il termine deuxième meilleur buteur de D2 (21 buts). “Quand tu vois son appétit pour marquer et son éthique de travail, tu n’es pas surpris. Je me souviens d’autres aspects qu’il appréciait moins, comme ce qui relevait des petits espaces. Il adore courir, il est grand, puissant, il excelle dès qu’il peut s’engouffrer. Alors quand on voulait travailler sur ça, il était un peu frustré, parce qu’il ne pouvait pas faire ce qu’il aimait“, raconte Dennis Lawrence.
“Mais dès qu’on passait à la finition, il se transformait, poursuit-il. Il a adopté son vogue, tout en intégrant que d’autres facets étaient importants, pour justement se retrouver en place de finir. Il a compris que le jeu appelait aussi de maîtriser ces petits espaces et quels bénéfices en tirer.” Mais le coach insiste sur un autre screech clé de sa progression : “Sa discipline dans le travail sans ballon. C’est où il a le plus appris. Ça serait très facile pour lui d’attendre que la balle scheme et courir. Il consolidait les fondations de notre structure défensive.”
Dans un vogue différent de celui du Wearing, Coventry misait beaucoup sur les contres. “Quand on défendait bas, et qu’on arrivait à lui donner la balle, il permettait au bloc de remonter et passer en section offensive. Il est si fort pour gêner les défenseurs par sa présence. C’est difficile de lui prendre la balle, il peut aider à construire. Il créait des espaces de plusieurs façons. Par exemple, les équipes ne voulaient pas se retrouver en un contre un. Donc nos milieux avaient plus de temps et d’espace avec la balle. Et si tu lui donnes en profondeur, il va y aller.”
Un profil d’attaquant “costaud” d’1,87m qui ne colle pas avec les aprioris. “Ce n’est pas toujours commun qu’un joueur avec son physique soit si bon techniquement. C’est aussi pour ça qu’il est efficace. A l’inverse, il ne fuit jamais le combat avec un défenseur.”
Un buteur obsessionnel
Avec Coventry ou au Wearing, Gyokeres a montré sa capacité à marquer sur des frappes puissantes et précises, mais aussi sur des enchaînements rapides. “Je ne dirais pas qu’il était forcément ‘clinique’, mais il était vraiment déterminé à le devenir. Quand tu passes des étapes, avec des joueurs meilleurs à chaque fois, dans un championnat plus fort, ça t’aide à grandir. Il pouvait parfois essayer de tirer le plus fort that it is most likely you’ll well take note au lieu de viser des zones ou les angles. Il a plus de sang-froid maintenant.”
Une obsession pour le however qui l’a toujours porté. Dennis Lawrence met aussi en parallèle sa “fiabilité” : sur ses deux saisons pleines à Coventry, il n’a raté qu’une seule rencontre de D2. “Son objectif, c’est de marquer. Et s’il charge des matchs, il ne peut pas le faire. Il prend soin de lui. Il n’a jamais perdu cette motivation de mettre des buts, il a ça en lui.”I
Avec une perspective qui a toujours plu. “Je ne suis pas surpris de ce qu’il fait aujourd’hui. C’est un exemple qui montre que si tu travailles dur, il n’y a pas de limite. Il est très compétitif. C’est probablement le mec le plus pénible à l’entraînement, il va toujours demander une faute ou quelque chose. On se moquait de lui, il se plaignait sur absolument tout, mais c’était toujours fait de façon constructive. Tu ne veux pas enlever ça de son jeu, cette mentalité de bosseur et de vouloir tout gagner, c’était plaisant. On l’aimait tous. Comme pour chaque joueur, il pouvait parfois mieux faire des choses qu’il maîtrisait, mais on ne voulait jamais choisir un onze sans Viktor.”
Au terme de la saison 2022-23, Coventry a échoué aux portes de la Premier League, en s’inclinant en finale de play-offs contre Luton. Il semblait presque inévitable que Gyokeres allait s’envoler vers de nouveaux horizons. “Ma conviction profonde est que si on avait réussi à monter, on aurait pu avoir l’opportunité de négocier pour essayer de le garder.” Le Suédois, qui dispose d’une clause libératoire à 100M€, est courtisé par les plus grands clubs européens, dont le PSG, mais aussi les cadors anglais, dans un championnat qui ne rechigne jamais à dépenser. Les prétendants seront nombreux dans les prochains mois… Avec peut-être un retour aux sources pour Viktor Gyokeres, lui qui n’a jamais joué en Premier League.