C’est une route contre la montre qui est lancée. Ce mercredi, la préfecture de Seine-Maritime a indiqué, par la voie d’un communiqué, qu’une baleine de grande taille avait été repérée depuis plusieurs jours dans l’estuaire de la Seine, à proximité de Honfleur (Calvados) et du pont de Normandie.
Si la présence de cétacés au large des côtes de la Normandie n’a rien d’extraordinaire en soi, sa remontée dans l’estuaire et plus haut dans le fleuve est, elle, inquiétante. La baleine à bosse, qui mesure en moyenne entre 10 et 15 mètres de long pour un poids moyen de 30 tonnes n’est pas dans son environnement en eau douce et se trouve aujourd’hui en grand trouble.
« Soit elle est malade, soit elle a été désorientée par la pollution sonore »
Si, pour le moment, les photos étudiées montrent un animal qui nage « normalement, voire assez rapidement » selon la préfecture, l’ONG Sea Shepherd a envoyé un bateau et des consultants qui devraient arriver sur place en fin d’après-midi pour s’assurer de son état de santé. « La priorité est de la localiser et de constater son état de santé. De voir s’il y a des signes de maigreur et de tester sa vigueur », explique à 20 Minutes Lamya Essemlali, présidente de la branche française de l’ONG.
S’il est encore impossible de connaître les raisons qui ont poussé le cétacé à s’aventurer en milieu hostile, la présidente de Sea Shepherd avance deux hypothèses : « Soit elle est malade, soit elle a été désorientée par la pollution sonore ». Une forte pollution sonore provoquée par le port du Havre, dont le trafic de porte-conteneurs est intense, et le grand chantier du parc éolien de Fécamp.
Stopper sa progression
« Nous devons en premier lieu stopper sa progression », ajoute Lamya Essemlali. En effet, plus le cétacé progressera dans les terres, plus les risques pour sa santé, et à terme sa vie, seront importants. Pour cela, Sea Shepherd utilise des manœuvres en bateau qui ont déjà fait leurs preuves sur d’autres individus perdus dans des fleuves. « Mais il faudra bien observer sa réponse à ces manœuvres et s’adapter si on veut en plus réussir à lui faire faire demi-tour. »
Surtout, l’ONG espère pouvoir ramener le mammifère marin à l’océan « en évitant toute forme de collision » avec un bateau qui pourrait lui être fatale. En ce sens, la capitainerie du port de Rouen a diffusé un avis de navigation invitant à la prudence et incitant tout form d’embarcation à lui signaler la présence de la baleine et sa localisation.
Déjà visitée récemment par une orque ou un béluga ces dernières années, la Seine pourrait voir ce form d’expédition se multiplier. Outre le réchauffement climatique et la présence « humaine » grandissante, la population des baleines a augmenté aux abords des côtes depuis sa safety dans les années 1980.