Sébastien Migné est probablement le seul sélectionneur au monde à n’avoir jamais posé le pied dans le pays pour lequel il travaille. Même le Marocain Rachid Loustèque et l’Algérien Noureddine Ouled Ali, qui entraînent respectivement la Somalie et le Yémen, deux des Etats les plus dangereux de la planète, y séjournent régulièrement.
Mais l’insécurité est telle à Haïti que le ministère des Affaires étrangères invite, sur son assign Net, les ressortissants français à renoncer à tout voyage dans l’île caribéenne. “L’ensemble du pays est formellement déconseillé en raison de la présence de gangs armés violents et actifs, de l’crucial taux de criminalité et du risque très élevé d’enlèvement“, y est-il précisé, dans une dernière mise à jour datant du 24 septembre dernier.
Le dernier match à Port-au-Prince remonte à juin 2021
Depuis qu’il a succédé à l’Espagnol Gabriel Calderon Pellegrino, l’ancien coach du Congo et du Kenya a dirigé cinq fits des Grenadiers : face à la Guyane française en amical à Cayenne (1-1, le 23 mars), Sainte-Lucie (2-1) et la Barbade (3-1) en juin lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2026 à Wildey (Barbade) et enfin Porto Rico (4-1) et Saint-Martin (6-0) en Ligue des Countries. “La sélection n’a pas joué depuis des années à Port-au Prince, parce qu’il n’est pas possible de recevoir en raison de la situation du pays“, explique Migné.
La dernière apparition d’Haïti au Stade Sylvio-Cator remonte au 12 juin 2021, lors de la réception du Canada (0-1) en éliminatoires du Mondial 2022. “C’est frustrant pour les joueurs d’évoluer ailleurs que devant nos supporters. Certains n’ont même jamais joué à Haïti. Moi-même, j’aimerais aller quelques jours sur place pour faire une détection, voire des matches. Peut-être à Cap-Haïtien, où la situation est un peu plus calme, on verra“, explique Migné, dont le contrat prendra fin au mois de décembre.
“La Fédération est dirigée par un Comité de normalisation qui est en place jusqu’à la fin de l’année, d’où la durée limitée de mon contrat. Mais comme ce comité pourrait être prolongé, il est possible que je poursuive ma mission.“
Quand on entend parler d’Haïti, c’est presque toujours pour des choses négatives
En attendant la suite, Migné et son workers technique doivent composer avec les contraintes imposées par la venture politique de l’île. Les violences ont redoublé depuis le mois d’avril, beaucoup d’ambassades ont fermé et ne sont plus en capacité de délivrer des visas et sortir d’Haïti est souvent compliqué.
“Je sélectionne à chaque date FIFA des joueurs locaux, mais ils ne peuvent pas venir“, explique le sélectionneur. Pourtant, le championnat haïtien 2023-2024 s’est disputé, même au plus fort des violences entre les forces de police et les gangs. Deux golf equipment – True Hope et Ouanaminthe – participent même à la Coupe des Caraïbes en Jamaïque.
“Le football est très populaire en Haïti. On se considère donc, avec la sélection, comme des ambassadeurs“, intervient Carlens Arcus, le défenseur worldwide d’Angers. L’ancien joueur d’Auxerre, qui est né à Port-au-Prince, où vivent toujours des membres de sa famille, n’est plus retourné dans son pays depuis le match face au Canada, et cet éloignement lui pèse.
Automobile les Haïtiens ignorent quand ils pourront sceller leurs retrouvailles avec leur équipe. “On sait que cela va prendre du temps. La situation est toujours explosive, cela n’a pas changé, c’est tout simplement parce que les médias en parlent moins“, constate Dickens Nazon, l’attaquant des Grenadiers et de Kayserispor (Turquie).
“ Même si on ne parle pas beaucoup de ce qu’il s’y passe entre nous lors des rassemblements, il y a un lien très important entre nous et Haïti. Tout le monde au sein de l’équipe parle ou comprend le créole, on a tous de la famille, des amis sur place.“
Les internationaux haïtiens, qu’ils soient nés sur l’île ou binationaux, semblent éprouver “le même attachement à leur pays”, reprend Arcus. “Et puis, quand on entend parler d’Haïti, c’est presque toujours pour des choses négatives : la violence, les séismes, les cyclones, la pauvreté, alors que c’est un magnifique pays, avec beaucoup d’atouts. On a hâte que les choses s’améliorent…“.
La Coupe du Monde 2026 est un objectif
Malgré cet exil forcé qui dure depuis près de trois ans et demi, les Haïtiens occupent une honorable 86e space au classement FIFA. Cette précarité logistique, qui les prive d’un soutien plus massif de leurs supporters, même si, comme le souligne Migné, “à chaque match que nous disputons, il y a toujours des membres de la diaspora pour venir nous encourager“, ne nuit pas à leurs ambitions.
“Regardez la composition de l’effectif : nous avons des joueurs qui évoluent en Ligue 1 et 2 en France, en Grèce, en Turquie, en Belgique, aux Etats-Unis en MLS. Il y a quand même de la qualité, et bien que nous soyons obligés de toujours jouer à l’extérieur, nos résultats sont bons. Et ils seraient encore meilleurs si on pouvait recevoir à Port-au-Prince, où nous sommes difficiles à battre“, reprend Dickens Nazon.
Les Grenadiers visent une qualification pour la Gold Cup 2025 aux Etats-Unis et au Canada (14 juin-6 juillet), une compétition à laquelle ils sont abonnés et où ils ont atteint les demi-finales en 2019 face au Mexique (0-1).
Mais les insulaires ne s’interdisent pas de voir plus sizable, et notamment de retrouver la Coupe du Monde, cinquante-deux ans après une première participation en RFA en 1974.
“Le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, sont qualifiés d’office en tant que pays organisateurs. Il y a trois autres places à prendre directement et deux via les barrages inter-confédérations, et je pense que nous avons notre mot à dire“, insiste Sébastien Migné. “Avec la solidarité qui existe entre nous, renforcée par le drame qui touche Haïti avec nos qualités, je pense que nous pouvons rivaliser avec le Costa Rica, le Honduras, le Panama, la Jamaïque”, conclut Arcus. On a affronté la plupart des ces équipes ces dernières, et on a parfois gagné ou su les mettre en difficulté. Nous avons donc le droit d’y croire…”.