Ils avaient 21, 22 ans, et la trentaine pour le plus âgé. La semaine dernière, trois jeunes gens ont perdu la vie des suites d’une chute de trottinette électrique. Si ces décès aussi rapprochés, survenus à Montbéliard, Dunkerque et Lyon, sont probablement le fruit d’un triste hasard, ils nous poussent à nous poser cette ask : risque-t-on gros pour sa santé, voire pour sa vie, lorsque l’on embarque au guidon de ces véhicules, également appelés engins de déplacement motorisés personnels (EDPM) ?
Ce qui est sûr, c’est que si le nombre de morts reste largement inférieur aux autres catégories, il a largement augmenté avec l’essor de ce moyen de transport aussi pratique qu’écologique. Selon les chiffres de la Sécurité routière, 44 utilisateurs ont été tués l’an dernier, alors que 2,5 tens of millions de Français sont propriétaires d’un EDPM contre 640.000 en 2020. Si 2024 n’est pas terminée, le nombre de décès ne semble pas bondir par rapport à l’année précédente. Mais un autre chiffre préoccupe les autorités, celui des accidents graves, dont 700 ont été recensés ces douze derniers mois (+ 9 %).
Un phénomène d’autant plus inquiétant que les utilisateurs de trottinettes semblent particulièrement vulnérables : s’ils ne représentent que 0,2 % des temps de déplacements, la section des blessés avec séquelles (10 %) et des blessés graves (4 %) continue d’augmenter (à l’instar des cyclistes). « La mortalité est la face émergée de l’iceberg, indique à 20 Minutes le docteur Arthur James, anesthésiste réanimateur à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Derrière, il y a le fardeau des douleurs chroniques, des personnes qui boitent, d’autres qui ne peuvent pas reprendre le travail avant six mois… Il peut y avoir une vraie altération de la qualité de vie. »
De graves traumatismes crâniens
Si les plus chanceux s’en sortent avec une cheville foulée, d’autres sont bien moins lotis et Arthur James le constate très régulièrement. « Entre 2019 et 2022, les accidents de trottinette avec un risque de mourir ont été multipliés quasiment par trois, poursuit le maître de conférences, dont le groupe de recherche Traumabase a produit une étude sur le sujet l’an dernier. Et malgré une vitesse censée être plus faible, ce sont des accidents aussi graves que pour des personnes à moto, avec deux tiers d’entre elles qui ont besoin d’être opérées, notamment pour des fractures. Il y a aussi davantage de traumatismes crâniens, qui sont plus graves. » Pour Arthur James, « il faut sûrement mettre en lien le fait que nous avons moins de la moitié des patients qui portent un casque, et qu’un tiers procedure alcoolisé au moment de la prise en fee. »
Si les circonstances des drames de ces derniers jours ne sont pas toutes connues, on sait qu’à chaque fois, il n’y a pas european d’intervention d’un tiers, comme dans 60 % des chutes, indique l’observatoire de la micromobilité. L’étudiante lyonnaise, qui a succombé à ses blessures ce week-end, rentrait de soirée quand elle a perdu le contrôle de son engin, avant de terminer sa course à l’arrière d’un camion. Les deux autres victimes, dont l’un ne portait pas de casque, sont tombées seules dans la rue, pour l’un en plein après-midi.
Un engin plus difficile à maîtriser ?
Ce qui fait dire à certains utilisateurs, notamment les débutants, que la trottinette en elle-même serait particulièrement dangereuse. Ou en tout cas plus difficile à maîtriser qu’un deux-roues notamment dans la cinquantaine de villes qui disposaient encore d’un provider de trottinettes en libre-provider, soit une flotte de 22.500 engins disponibles pour des conducteurs pas toujours avertis…
« Ses petites roues absorbent mal les pavés, les nids-de-poule et autres imperfections du revêtement, expliquait l’économiste et urbaniste Frédéric Héran dans une tribune publiée dans The Conversation. Son faible empattement et la location du trotteur assez haute et au milieu du véhicule [alors que le cycliste est plus en arrière] augmentent le risque de basculer en avant. La plate-forme trop étroite oblige l’utilisateur à positionner ses pieds de travers, non sans conséquence. »
L’an dernier, la réglementation s’est durcie en interdisant les trottinettes aux enfants de moins de 14 ans. Les contrôles se multiplient, notamment pour éviter que deux personnes montent sur le même engin, ou pour vérifier que le pilote ne porte pas d’écouteurs. Mais de nombreuses voix s’élèvent toujours pour que le port du casque, fortement recommandé, soit rendu obligatoire.