Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, le 3 juin 2024, avoir conclu un accord au niveau des services avec l’État du Cameroun, dans le cadre de la première revue de l’accord au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), ainsi que les sixièmes revues du programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). L’accord, qui sera soumis à la validation du Conseil d’administration du FMI courant juin 2024, débouchera, en cas de non objection du Conseil, sur le décaissement d’une enveloppe de 118,6 millions de dollars en faveur du Trésor public camerounais. Ce qui correspond à 71,5 milliards de FCFA au cours actuel du dollar américain. Sur cette enveloppe globale, 44 milliards de FCFA représenteront l’appui budgétaire au titre de la FEC et du MEDC.
Cependant, en dépit du satisfécit de l’institution de Bretton Woods, qui trouve que « la mise en œuvre du programme (avec le Cameroun) est globalement conforme aux attentes », le FMI tire la sonnette d’alarme sur ce qu’il appelle « l’intégrité et l’exécution du budget » de l’État de l’année 2023. En effet, estime le fonds, « l’évolution des finances publiques a été globalement conforme aux objectifs du programme. Le déficit primaire hors pétrole s’est amélioré à 2,6 % du PIB en 2023 (contre 3,9 % en 2022). Le rééquilibrage budgétaire a bénéficié de la bonne tenue des recettes non pétrolières et des efforts déployés par les pouvoirs publics pour réduire les coûteuses subventions aux carburants. Toutefois, la gestion des finances publiques continue de présenter quelques faiblesses, avec un niveau des dépenses extrabudgétaires substantiel en 2023. Cela s’est traduit par des dépassements sur les dépenses courantes, et par l’inobservation, de peu, de l’objectif de déficit primaire hors pétrole fixé dans le cadre du programme ».
Loi de finances rectificative
En d’autres termes, au cours de l’année 2023, le gouvernement camerounais a exécuté des dépenses qui n’étaient pas initialement prévues dans sa loi de finances. Ce qui a conduit à un dépassement de l’enveloppe budgétaire initiale, réservée aux dépenses courantes de l’État. De l’avis du FMI, cette réalité a « limité les ressources destinées à des investissements prioritaires en faveur de la croissance » économique. Celle-ci est notamment ressortie à 3,3%, en légère baisse par rapport au taux de 3,6% enregistré au cours de l’année 2022. Fort de cela, prescrit le FMI, il convient pour le gouvernement camerounais, au cours de l’année 2024 courante, « de redoubler d’efforts pour améliorer l’intégrité et l’exécution du budget ».
De ce point de vue, le document publié par l’institution de Bretton Woods annonce d’ailleurs que les autorités camerounaises préparent actuellement une loi de finances rectificative pour le compte de l’année 2024. Celle-ci, apprend-on, permettra, « entre autres de limiter certaines dépenses exécutées au moyen d’avances de trésorerie ». En clair, le gouvernement camerounais se prépare ainsi, probablement au cours de la session de l’Assemblée nationale prévue ce mois de juin, à rectifier de budget de l’État pour la 7e année d’affilée.
En effet, depuis l’année 2018, le gouvernement modifie en cours d’exercice le budget de l’État, pour l’adapter aux récentes évolutions économiques dictées par la conjoncture aussi bien nationale qu’internationale.
La loi de finances rectificative de l’année 2024 était d’autant plus attendue qu’au mois de février 2024, le gouvernement a été amené à prendre des décisions ayant un impact sur le budget de l’État, mais qui n’étaient pas prévues dans la loi de finances votée en novembre 2023 par le Parlement. Il s’agit par exemple de l’augmentation des prix de certains produits pétroliers à la pompe dès le 3 février 2024, afin de réduire l’enveloppe de la subvention destinée à la consommation des produits pétroliers à la pompe.
Brice R. Mbodiam
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