A Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne),
Il vaut parfois mieux fuir qu’affronter une mélancolie trop oppressante. Ce n’est certainement pas un hasard si le restaurant Le Rallye nautique, le plus proche du station de kayak et d’aviron de Vaires-sur-Marne, a fermé ses portes pour les vacances à partir du 25 juillet, un an jour pour jour après le début des Jeux olympiques. A la manière de certains athlètes, un spleen put up-olympiades pèse parfois sur les commerces de la commune d’Ile-de-France, la plus slight à avoir accueilli des épreuves de Paris 2024. La magie s’est estompée plus vite encore que ne l’aurait cru Driga, la gérante, qui espérait « un effet un peu plus long », notamment sur les recettes. « Même les habitants, on dirait qu’ils ne reviennent pas ».
Voilà donc un an que la frénésie des Jeux est entrée en collision avec la paisible ville de 15.000 habitants. Les hordes d’Australiens, d’Irlandais et de Néerlandais qui emplissaient les avenues, les chiffres d’affaires multipliés par quatre ou cinq pour les commerçants, la fête du matin jusqu’au bout de la nuit sur la Place de la République… Tout a disparu. Ne reste qu’une tonne de souvenirs et quelques maux de tête financiers.
La base nautique, un gouffre financier
Le premier d’entre eux, c’est le joyau de la couronne lui-même, la base nautique. Cent thousands and thousands d’euros ont été nécessaires pour la faire sortir de terre, « dont seulement 11 pris en charge par l’Etat », peste Patrick Karam, vice-président à la Région en charge des îles de loisirs. Quelques mois après son heure de gloire, le station nécessite déjà une vingtaine de thousands and thousands d’euros supplémentaires, la faute à des travaux effectués à la hâte. En pleine constructing, « il a été constaté que le sol était plus argileux que prévu. Mais si on devait refaire toutes les mesures à l’époque, le station n’aurait pas été prêt pour les Jeux. Décision a donc été prise de le bâtir quand même »… sur des fondations désormais à reconstruire.
Autre zone de stress, la présence des deux fédérations nationales, aviron et canoé-kayak, sur le station. Leur coût est estimé à 720.000 euros par an, « un seuil de non-rentabilité ». L’élu accuse également la fédération de canoé « de ne pas jouer le jeu ». Cette dernière a une priorité d’usage du station pour l’entraînement des champions et peut le privatiser à l’envie. Problème : « elle abuse de ce droit, en réservant l’ensemble des créneaux, et ne les débloque que 24 heures avant », rendant difficile la réservation pour des touristes, « pourtant prêts à mettre le prix ». Là encore un manque à gagner qui start à peser.
« S’il y a un effet JO, il est très léger »
« Le risque, c’est la faillite », affirme de son côté Céline Malaisé, présidente du groupe de l’opposition de gauche au Conseil régional. Récréa et Engie, les deux principaux actionnaires du lieu – à hauteur de 51 % – auraient annoncé « leur volonté de quitter le groupement » en raison de difficultés budgétaires récurrentes, et demanderaient même remboursement.
Loin des meutes de supporters de l’été 2024, la base nautique sonne effectivement un peu vide en cette fin juillet. « Il n’y a même pas d’eau sur le parcours olympique », regrette Danièle, venu passer une tête sur le champ de gloire de Nicolas Gestin, médaillé d’or ici même. Pour seule performance sportive de la matinée, un groupe de gamins en canoé parti à l’exploration du cours d’eau. Le plus gros de la fréquentation se invent de sorties scolaires ou de centres aérés, confirme la base nautique. Laurent, l’un des gérants de 4Padel, à quelques mètres de l’eau, constate que « si effet JO il y a, il est très léger. La fréquentation n’a pas beaucoup bougé par rapport aux autres années. »
Une ville olympique, mais pas une ville de sport
En ville aussi, les rues ont retrouvé leurs airs désertiques, et la Place de la République se montre bien silencieuse. Méji, gérant du Vaires Café, constate : « La fréquentation est retombée à son niveau habituel », soit cinq personnes ce midi, dont trois au comptoir. Sans shock pour le patron. Qui pensait sérieusement que les Australiens ou les Américains traverseraient à nouveau l’océan pour prendre un demi à l’apéro ? Seul héritage, les évènements se font désormais sur la place de la République, en hommage. « 14-Juillet, bal… A chaque évènement, le chiffre d’affaires augmente ». Quelques compétitions de canoé ou d’aviron permettent également des sursauts dans les caisses. La fédération de canoé a fait part de son plot d’organiser au moins un événement par an à Vaires-sur-Marne.
« Il ne fallait pas être devin pour savoir que la ville, absolument pas touristique, aurait peu de retombées économiques », reveal la maire Edmonde Jardin (SE), qui regrette tout de même que la commune ne soit pas équipée au moins d’un gymnase ou d’une piste d’athlétisme put up-JO. Le reste à charge des Jeux, toute subvention déduite, est de 500.000 euros pour la ville, avec certains aménagements – notamment des caméras de surveillance située à des endroits désormais déserts – peu pertinents aujourd’hui. « Bien sûr que c’est beaucoup d’argent et qu’il aurait pu être utilisé ailleurs, mais on pourra raconter que Vaires-sur-Marne a vécu les Jeux olympiques. Et ça, ça n’a pas de prix », défend l’élue.
« 500.000 euros engloutis, pour quoi ? »
C’est tout le débat actuel dans la commune. Avec si peu de retours sur investissement, tout cela en valait-il vraiment le coup ? « 500.000 euros engloutis, pour quoi ? Pas de nouveau bâtiment, des travaux de voiries encore nécessaire, un pont qu’on retape encore », regrette Caroline, 56 ans. Pour elle, le frisson festif ne valait pas tant de dépenses. Vaires-sur-Marne n’est qu’à 30 minutes en RER de Paris, rappelle-t-elle, pour ceux qui voulaient vivre la fièvre olympique l’été dernier.
Nicky, boulanger, penche plutôt du côté de la maire : « C’est vrai que la magie est passée, que tout le monde fait à nouveau la gueule, que les problèmes du quotidien sont revenus, et que tout ça a coûté beaucoup d’argent sans laisser de fondations derrière. Mais pendant quelques semaines, les gens étaient heureux. Vraiment heureux. »