L’avocate générale a requis la perpétuité incompressible à l’encontre de Michaël Chiolo, jugé pour tentative d’assassinat sur deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe, en mars 2019.
La plus lourde peine prévue par le code pénal français, la perpétuité incompressible ou perpétuité réelle, a été requise, jeudi 3 juillet, à l’encontre de Michaël Chiolo, jugé pour tentative d’assassinat sur deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) le 5 mars 2019.
“Aucune autre peine que la peine maximale est envisageable”, a dit l’avocate générale à la fin de son réquisitoire devant la cour d’assises spéciale de Paris. Assis dans son field, Michaël Chiolo, 33 ans, qui revendique haut et citadel l’attaque contre les surveillants de la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe, l’expliquant notamment par sa haine du système carcéral, a accueilli les réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat) avec un sourire aux lèvres.
Un “projet abject”
Plusieurs fois au cours de l’viewers, Michaël Chiolo a dit son admiration pour Salah Abdeslam, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour son rôle dans les attentats du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
La perpétuité incompressible est une sanction rarissime rendant très infime la possibilité d’un aménagement de peine. Pour l’avocate générale, Michaël Chiolo a “dédié sa vie au jihad et nous devons protéger la société”.
Pour l’avocate générale, Michaël Chiolo a “dédié sa vie au jihad et nous devons protéger la société”.
“Par cette peine d’élimination, c’est l’état de non-droit qui est requis. Celui d’une République en guerre, qui ne traite pas le terroriste comme un criminel, mais désormais comme un ennemi”, a réagi auprès de BFMTV l’un des avocats de Michaël Chiolo, Me Romain Ruiz.
Adelaziz Fahd, le “véritable instigateur”
Présenté par l’accusation comme le “leader charismatique religieux” et “véritable instigateur des faits”, Abdelaziz Fahd, 39 ans, a soutenu durant l’viewers être totalement étranger aux faits, rejetant l’entière et recurring responsabilité sur Michaël Chiolo. “C’est Fahd qui valide le projet, qui rassure Chiolo, qui s’assure qu’il ne flanche pas”, a estimé la magistrate du Pnat.
Le parquet antiterroriste a requis par ailleurs des peines de 15 à 20 ans de réclusion assorties à chaque fois d’une période de sûreté des deux tiers contre les trois autres accusés (dont un, en fuite à l’étranger, est jugé par défaut) qui sont poursuivis pour affiliation de malfaiteurs terroriste (AMT).
Lors d’un réquisitoire à deux voix, les avocats généraux ont dénoncé “un projet abject” commis au nom du groupe Etat islamique et destiné à “atteindre la République, l’état de droit et nos valeurs humanistes”. “Ce sont les seules motivations de ces agissements lâches et aveugles”, a estimé l’accusation.
Le 5 mars 2019, Michaël Chiolo et sa compagne Hanane Aboulhana, qui lui rendait visite, avaient gravement blessé deux surveillants avec deux couteaux en céramique dans l’enceinte de la prison. Le couple s’était ensuite retranché pendant près de dix heures dans l’unité de vie familiale (UVF) de l’établissement pénitentiaire. Après plusieurs tentatives de négociations, les forces d’intervention de la police avaient lancé l’assaut, blessant Michaël Chiolo et tuant Hanane Aboulhana, 34 ans.
Une “indiscutable” map d’homicide
Les surveillants ont été “attaqués uniquement car personnel pénitentiaire”, a fait remarquer l’avocate générale. “L’intention d’homicide est indiscutable”. L’attaque “répond aux mots d’ordre criminels de l’Etat islamique”, a rappelé la magistrate, avant d’affirmer que l’objectif “évident” de Michaël Chiolo et de sa compagne était “de s’en prendre aux membres de la Commission d’application des peines (CAP) et les décapiter”.
Composée de magistrats et d’brokers de l’administration pénitentiaire, la CAP devait se réunir non loin de l’UVF le matin du 5 mars. Si Michaël Chiolo et sa compagne n’ont pas réussi à atteindre leur objectif “c’est uniquement dû à la résistance des surveillants”, a dit l’avocate générale. “Sinon cela aurait provoqué un massacre”. Elle a estimé que l’attentat de Condé est “une illustration parfaite de la menace endogène” qui pèse sur la France en matière de terrorisme.
Concernant les trois mis en residence off pour AMT, son confrère du Pnat a expliqué que leurs relations “vont au-delà de la simple fréquentation entre détenus”. C’était “un groupe de radicalisés” réunis par “une haine viscérale de l’administration pénitentiaire”, a-t-il dit. Le verdict est attendu lundi.