Laure Zacchello n’a pas donné signe de vie depuis le 21 juin 2024 où elle a été vue pour la dernière fois déposer ses trois enfants à l’école. Son mari, duquel elle était séparée, est mis en examen pour “meurtre sur conjoint”. Il clame son innocence depuis le début de l’affaire.
Leurs derniers échanges étaient des textos. Un message de “joyeux anniversaire” auquel Laure Zacchello n’a pas manqué de répondre. C’était le 16 juin 2024. “C’est la dernière fois qu’on a échangé”, confie ému Jean-Marc Lamaignere, son oncle et parrain.
Cela fait tout juste un an que Laure Zacchello, alors âgée de 43 ans, n’a plus donné signe de vie. Elle a été vue pour la dernière fois le 21 juin 2024 à Urrugne (Pyrénées-Atlantiques) en train de déposer ses trois enfants, âgés de 6, 8 et 10 ans, à l’école. Puis, plus rien.
Alexis J., son mari dont elle était séparée, a depuis été mis en examen pour “meurtre sur conjoint”. Il clame son innocence depuis le début de l’affaire.
Laure introuvable, son mari retrouvé inconscient
Que s’est-il passé ce vendredi 21 juin 2024? Ce soir-là, Alexis J. est découvert inconscient par sa sœur devant le domicile conjugal d’Urrugne, un petit village du Pays basque. Il présente une plaie à l’arrière de la tête. À l’intérieur de la maison, tout semble en ordre. Aucun signe d’effraction, aucun signe de lutte.
Le sac à main, les deux téléphones portables et la carte bleue de Laure Zacchello se trouvent à l’intérieur du domicile. Son véhicule, verrouillé, est stationné devant la maison, les clés ont disparu. Laure Zacchello, elle, est introuvable.
L’hypothèse d’un cambriolage ou d’une disparition inquiétante s’éloigne rapidement. Six jours après sa disparition, lors d’une conférence de presse, le procureur de la République de Bayonne laisse peu de place au doute: Laure Zacchello est “probablement décédée à ce jour, possiblement victime d’un homicide volontaire par son conjoint”.
Pas de corps, pas d’aveux
Son mari, avec qui elle partageait sa vie depuis dix ans, est mis en examen pour “meurtre par conjoint”. À ce jour, le corps de Laure Zacchello n’a pas été retrouvé. Des faits qui ne sont pas sans rappeler l’affaire de la disparition de Delphine Jubillar, une infirmière de 33 ans et mère de deux enfants, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 dans le Tarn, et dont le mari a été mis en examen.
Alexis J. a-t-il un rôle dans la disparition de son épouse? Les enquêteurs, sous la direction de deux juges d’instruction, découvrent très rapidement un contexte familial difficile. Alexis J. et Laure Zacchello sont séparés depuis le mois de février. Ils apprennent également qu’elle “a prévu d’initier une procédure de divorce qui se voulait dans un premier temps amiable, mais qui n’a pas abouti, car lui refusait de divorcer”, détaille Me Frédéric Dutin, avocat des parents de Laure Zacchello. “Elle s’apprêtait à lancer une requête pour le contraindre à divorcer.”
Les relations du couple se sont effilochées au fil des années. “Au départ tout allait bien entre eux”, explain Martine Zacchello Lamaignere, la tante de Laure. “Le premier enfant est arrivé rapidement. Il y avait beaucoup de bonheur.” Laure Zacchello et Alexis J. se marient. Le projet de déménager dans le Pays basque mûrit. “Elle n’était pas contre y aller, mais certainement pas à Urrugne”, où vit la famille d’Alexis J., poursuit sa tante. “Il lui a forcé la main. À partir de là, ça n’a plus du tout été pareil.”
Laure, Alexis J. et leurs trois enfants quittent le bassin d’Arcachon et s’installent à Urrugne “dans une maison relativement insalubre”, décrit Martine Zacchello Lamaignere. “C’était très humide, il y avait tout à refaire.” Les images de la maison, relayées par la presse locale, montrent en effet une batisse blanche au toit rouge sombre, typique de la région. Des traces de béton lardent la façade, et de grandes baches noires bouchent les fenêtres du rez-de-chaussée.
En parallèle des travaux dans l’habitation, qui donne sur celle des parents d’Alexis J., Laure Zacchello, infirmière de formation, recherche un local où installer son cabinet de “psychogénéalogie”.
“Elle a réussi à se retourner, mais on voyait bien qu’elle était triste”, souffle sa tante. “Elle n’avait plus de lumière dans les yeux.”
Une demande de divorce six mois avant sa disparition
Laure Zacchello ne se confie que très rarement à ses proches, sauf à sa cousine, Émilie. Elle est l’épaule discrète sur laquelle la mère de famille peut compter. “Elle a protégé tout le monde. Elle avait pour confidente sa cousine qui a respecté sa volonté de ne pas nous en parler”, affirme Martine Zacchello Lamaignere, la tante de Laure et la mère d’Emilie. “Elle ne voulait surtout pas faire souffrir en face.”
Laure demande le divorce à la fin du mois de décembre 2023, lui la refuse. “Tout a changé quand elle l’a demandé”, explique la tante de la mère de famille. “Pour elle, c’était vraiment terminé, ce qui n’était pas son cas apparemment à lui.” Alexis J. aurait “fait des transferts d’argent de leur compte joint sur son compte personnel” et “vidé les comptes des enfants” dès le lendemain de la demande de divorce, affirme-t-elle.
Le couple se sépare en février 2024, et la maison familiale devient celle des enfants. Alexis J. et Laure Zacchello décident d’y mettre en place une garde alternée.
“Lorsqu’elle a demandé le divorce, elle était dans l’empathie, elle voulait faire au mieux pour que le père ne soit pas lésé”, détaille la tante de Laure. L’ancienne infirmière souhaitait vendre la maison, sans pour autant quitter Urrugne. “Son objectif, c’était le bien-être de ses enfants, elle voulait trouver un appartement dans le village”, détaille son oncle. “Au début, il était d’accord pour la revendre, mais à bas prix et elle n’était pas d’accord”, ajoute la tante de Laure Zacchello. “Elle a aussi dit qu’elle voulait une pension alimentaire et quand il a su ça, il a demandé la garde partagée. L’argent était le nerf de la guerre.”
“Je repars en enfer”
La garde alternée vire au cauchemar pour la mère de famille de 44 ans. Les enquêteurs découvrent au fil des investigations que Laure Zacchello “vit dans une grande crainte de son époux”, explain Me Frédéric Dutin, avocat des parents.
Quelques jours après leur séparation, une violente dispute éclate entre Laure Zacchello et Alexis J., qui aurait tenté de lui dérober son ordinateur. La mère de famille dépose une main courante. De son côté, lui dépose plainte. Selon sa version, son épouse l’aurait mordu alors qu’il voulait se saisir de papiers administratifs.
Laure Zacchello s’équipera par la suite “d’une caméra portative qu’elle branche lorsqu’elle est en présence d’Alexis J.”, affirme Me Frédéric Dutin, l’avocat des parents de Laure.
Quand elle dort avec ses enfants à Urrugne, la nuit, Laure Zacchello dispose “des objets derrière la porte” afin d’être réveillée si son mari, qui dispose d’un double des clés, entre dans la maison. Elle ne quitte pas non plus son sac à dos qu’elle dépose contre sa poitrine avant l’heure de coucher. À l’intérieur, la mère de famille y glisse des documents administratifs précieux.
“Elle le conservait pour qu’il ne lui vole pas”, relate Martine Zacchello Lamaignere. Lorsqu’elle a souhaité divorcer, “tout a été retardé, car il avait caché les papiers dont elle avait besoin”.
“Elle avait des angoisses, elle dormait mal”, explique de son côté Me Frédéric Dutin. “La semaine où elle n’était pas dans la maison avec ses enfants, elle dormait à droite à gauche, dans sa voiture, dans son cabinet. Elle était dans un état d’épuisement avec un déficit de sommeil important.” Un jour, alors que le week-end chez ses parents s’achève, Laure Zacchello, épuisée, confie à sa mère: “Je repars en enfer”, affirme Jean-Marc Lamaignere, son oncle.
Une disparition volontaire inconcevable pour ses proches
Les proches de Laure Zacchello sont unanimes: elle n’a pas pu disparaître volontairement et abandonner ses enfants qu’elle aime tant. “Ils sont tout”, confie son oncle qui se souvient de “l’expansion de joie” de sa nièce à l’annonce de sa première grossesse.
“Elle en rêvait, elle en parlait énormément avec sa cousine”, ajoute sa tante. “Elle était très présente, jamais elle n’aurait fait quelque chose qui aurait mis ses enfants en difficulté.”
Alexis J., ancien gendarme réserviste, n’a-t-il pas supporté la demande de divorce? “Il ne voulait pas la perdre, elle n’était plus sous sa croupe à partir du moment où elle a demandé le divorce”, pense la tante de Laure Zacchello. “Elle prenait son indépendance et ça il ne l’a pas supporté.” La mère de famille avait d’ailleurs repris du poil de la bête les semaines qui ont précédé sa disparition, selon le conseil de ses parents.
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[INÉDIT] Mystère autour de la disparition de Laure Zacchello: son mari soupçonné d’avoir maquillé son meurtre en agression
Depuis le début de l’affaire, Alexis J., mis en examen pour “meurtre sur conjoint” et placé en détention provisoire, clame son innocence. Ses avocats ont d’ailleurs demandé à trois reprises qu’il soit remis en liberté.
Le profil surprenant d’Alexis J.
En garde à vue, Alexis J. “dit avoir été agressé physiquement” le vendredi 21 juin 2024 et n’avoir “que des bribes de souvenirs” à cause du choc qu’il a reçu à la tête, explain Me Frédéric Dutin, avocat des parents de Laure Zacchello.
“D’un point de vue médico-légal, le choc n’explique pas une telle amnésie et n’est pas de nature à expliquer une telle amnésie”, affirme l’avocat. L’attitude d’Alexis J. face à la disparition de son épouse “interroge”, poursuit-il. “Il ne semble pas si inquiet que ça”.
L’homme, qui porte des traces de griffures et d’ecchymoses qui peuvent correspondre à un passage dans les ronces ou une végétation dense, mène toutefois les enquêteurs de la police judiciaire jusqu’à l’une de ses caches dans la campagne basque où il dissimule des rations de survie et du matériel en cas de crise extrême.
Les policiers découvrent alors une tout autre facette du suspect. Alexis J., un professeur d’EPS de 43 ans, adepte de la chasse et du tir sportif, appartient à la mouvance survivaliste, évoque le procureur de la République de Bayonne en conférence de presse.
“Ce que l’on sait, c’est que c’est un gendarme réserviste, un homme sportif et endurant. On sait qu’il connaît parfaitement la nature, qu’il peut y faire de longues balades et promenades”, rapporte Me Frédéric Dutin.
“C’est quelqu’un qui aime la nature, il a vécu en Afrique quand il était jeune. Il aime la nature, mais il n’est pas survivaliste, expose Me Vincent Faget, l’un des avocats du suspect, auprès de BFMTV.com.
Alexis J. détient également un important arsenal qu’il rangeait à son domicile dans deux armoires verrouillées, situées dans la chambre parentale. À l’arrivée de la police, les portes de ces casiers, qui n’ont pas été forcées, sont ouvertes. Plusieurs armes de guerre ont disparu. Des pistolets mitrailleurs et automatiques aussi.
“Il clame son innocence depuis le début”
Des prélèvements ADN sont réalisés dans la maison d’Urrugne. “Un certain nombre de constatations médico-légales ont été faites sur lui”, ajoute Me Frédéric Dutin. Des traces de sang sont également retrouvées, notamment dans la voiture d’Alexis J..
“On peut se questionner sur la présence de ces traces de sang qui se trouvent sur le lieu qui semble être le dernier lieu où Laure Zacchello ait été vivante”, relève l’avocat des parents de la mère de famille, précisant qu’il est encore prématuré “de tirer quelques conclusions dans l’attente que tous les rapports d’expertises biologiques et génétiques soient rentrés”.
Les enquêteurs découvrent également “des caches d’armes à feu, ainsi qu’un certain nombre de matériels à proximité de la maison”, poursuit Me Frédéric Dutin.
Des traces de plomb, résidus de tirs, sont par ailleurs retrouvées sur les vêtements que portait Alexis J. au moment de son interpellation. L’enquête s’intéresse aussi aux activités du suspect qui s’est rendu à deux reprises dans un club de jet ski d’Hendaye quelques jours avant la disparition de Laure Zacchello.
“C’est un élément du file qui questionne”, expose Me Frédéric Dutin. “Les réponses d’Alexis J. en la matière paraissent incomplètes et parfois en contradiction avec ce qu’ont pu déclarer d’autres témoins”, ajoute l’avocat dans l’attente des expertises téléphoniques, nécessaires à la reconstitution de l’emploi du temps et des déplacements du suspect.
Selon l’avocat, le téléphone d’Alexis J. est “resté éteint au moment crucial, au moment où se joue sûrement la disparition de Laure Zacchello”. Pour le conseil, la mère de famille était par ailleurs présente au domicile d’Urrugne le 21 juin au soir, son véhicule y étant stationné.
Depuis l’ouverture de l’information judiciaire, plusieurs transports d’Alexis J. au domicile conjugal et “sur d’autres lieux” ont été organisés, rapporte Me Frédéric Dutin. Selon lui, le suspect reste sur la position qu’il adopte depuis le début de l’enquête: “il dit qu’il est étranger à sa disparition, qu’il a été lui-même agressé et qu’il ne peut donc pas fournir d’explication”.
De son côté, Me Vincent Faget, l’un des avocats du suspect affirme que son client est “dans l’incompréhension”. “Il clame son innocence depuis le début et aujourd’hui plus que jamais”.
Selon lui, le suspect “répond toujours aux questions du juge d’instruction lors des différents interrogatoire et perquisitions qui ont pu avoir lieu”. “Il n’est pas mutique”, affirme Me Vincent Faget.
D’après Me Frédéric Dutin, l’avocat des parents de Laure Zacchello, Alexis J. aurait par ailleurs donné aux enquêteurs des pistes à creuser: disparition volontaire, embrigadement dans une secte. “Aucun élément de l’enquête ne permet de dire qu’elle a été sous l’influence de quoique ce soit ou de quoique ce soit”, martèle-t-il.
Jugé pour violences en novembre prochain
Qui est vraiment Alexis J.? “Il a été décrit de manière unanime par les psychiatres et consultants psychologues comme ayant une personnalité qui présente des traits de perversité et extrêmement manipulateur”, affirme Me Frédéric Dutin.
“C’est quelqu’un qui a une capacité à travestir la réalité et qui fait preuve d’un grand égocentrisme.” Dès les débuts de l’enquête, la famille Zacchello découvre une nouvelle personnalité à cet homme qu’elle avait accueilli. “On a découvert un personnage qu’on ne connaissait pas”, expose la tante de Laure Zacchello. “Qui est-il? Qui est cet homme?”, s’interroge-t-elle. “C’est un véritable manipulateur.”
“Mon frère est un homme charmant, un père très attentionné et présent, dévoué. Je ne l’ai jamais vu se battre de ma vie”, affirme de son côté la soeur du principal suspect auprès de France 3 Nouvelle-Aquitaine.
Le 5 juin dernier, Alexis J., a été placé en garde à vue dans une autre affaire, a appris BFMTV.com auprès du procureur de la République de Bayonne. Soupçonné d’avoir étranglé une technicienne dans l’établissement scolaire où il travaillait en avril 2014, il sera jugé en novembre prochain devant le tribunal correctionnel pour des “violences avec ITT inférieure à huit jours, sur personne chargée d’une mission de service public, à l’intérieur d’un établissement d’enseignement ou d’éducation”.
L’absence et l’attente
Aujourd’hui les proches de Laure Zacchello ne souhaitent qu’une chose: la retrouver. “Ça serait un apaisement”, confient son oncle et sa tante. “Il ne faut pas oublier Laure, je pense tous les jours à elle”, confie sa tante. “C’est une merveilleuse personne, d’une gentillesse, d’une gaieté… Une personne qui aime la vie, qui ne voit que le côté positif des gens.”
“Est-ce qu’on a une chance de retrouver Laure? Nous l’espérons. Vivante? On ne se fait aucune illusion”, confie de son côté, Me Frédéric Dutin. Aujourd’hui, les parties attendent “le retour d’un certain nombre d’expertises et d’investigations”, conclut-il. “Je pense qu’il risque d’être à nouveau entendu par les juges d’instruction.”
De son côté, Me Vincent Faget, l’un des avocats du suspect, “espère la libération” de son client “au moins sous contrôle judiciaire”.