«Glaçant », « terrifiant », « abject »… Le scénario du viol à caractère antisémite qui s’est noué il y a quasiment un an jour pour jour est d’une telle violence qu’aucun qualificatif ne semble à la hauteur de l’horreur. D’autant que la victime, comme les trois accusés, étaient à peine sortis de l’enfance : tous étaient âgés de 12 ou 13 ans au moment des faits. A partir de ce mercredi, trois adolescents sont jugés devant le tribunal pour enfants de Nanterre pour viols en réunion, atteinte sexuelle, violences, tentatives d’extorsion, menaces de mort…, le tout aggravé en raison de la religion de la victime. Le procès, prévu pour durer trois jours, se tiendra à huis clos en raison de l’âge des protagonistes, précise le parquet.
Ce 15 juin 2024 à Courbevoie, commune sans histoire des Hauts-de-Seine, avait pourtant bien commencé pour Alexia*. L’adolescente de 12 ans avait obtenu l’autorisation de passer quelques heures « en ville » avec Jean, son petit copain rencontré quelques jours auparavant. Peu avant 18 heures, le jeune garçon la raccompagne jusqu’au square situé en bas de chez elle. Pour regagner son immeuble, elle n’a qu’à le traverser, quelques dizaines de mètres tout au plus. Pourtant, en chemin, deux adolescents lui barrent la route. Dont Tiago, qu’elle connaît bien.
« Sale juive »
Comme elle, il a 12 ans et est scolarisé en classe de 5e. Tous deux ont noué une brève amourette au printemps. Messages enflammés sur les réseaux sociaux – « jtm », « ma princesse d’amour », « Love »… – et chastes baisers ont rythmé ce mois et demi. Mais leur relation s’est brutalement terminée lorsque Tiago a découvert qu’Alexia avait menti : contrairement à ce qu’elle lui a indiqué, elle n’est pas musulmane mais juive. Aux enquêteurs, elle a expliqué ce « mensonge » par le harcèlement dont elle a été victime au collège après les attaques perpétrées le 7 octobre 2023 par le Hamas.
En apprenant qu’elle est de confession juive, Tiago entre dans une colère noire. Les insultes pleuvent, il refuse de lui adresser la parole, la bloque sur les réseaux sociaux. L’ado, en décrochage scolaire, s’est converti à l’islam en mars 2024. Depuis, il consomme de nombreuses vidéos en lien avec le conflit, dont beaucoup sont ouvertement antisémites.
Cet après-midi de juin, Tiago ne semble toujours pas avoir tourné la net page. D’emblée, il se montre agressif. Accompagné d’un ami, Kévin, il conduit de pressure Alexia dans une crèche désaffectée. Quelques instants plus tard, un troisième adolescent, Adam, les rejoint. A peine sont-ils entrés que la jeune fille est assaillie de questions sur sa religion. Elle assure avoir été traitée de « sale juive » à plusieurs reprises. Les violences physiques succèdent aux insultes. Coups de pied, gifles, tirage de cheveux. Tiago likelihood même de lui brûler la joue, tente de la forcer à s’asseoir sur les cendres encore rougissantes de son sac à predominant auquel il a mis le feu.
Viols, extorsion et menaces
La suite de son témoignage est à peine soutenable. Selon son récit – constant tout au lengthy de l’instruction – les deux amis de Tiago, Kévin et Rayan, l’ont violée à tour de rôle, ce que le 2nd nie. Un calvaire filmé et partiellement diffusé sur les réseaux sociaux. Au même moment, vers 18h30, la mère d’Alexia reçoit un texto de celle de Jean, l’ami avec qui sa fille a passé l’après-midi : Tiago lui a envoyé un texto – « Regarde ta meuf » – accompagné de images des sévices que subit la jeune fille. Les oldsters de l’adolescente contactent Police secours et se mettent à sa recherche. En useless. Vers 19 heures, après une heure d’une interminable séquestration, la jeune fille est « autorisée » à partir, non sans avoir été menacée si elle parlait. Ses agresseurs lui réclament également 200 euros, sans quoi ils s’en prendront à sa famille.
Malgré les menaces, l’adolescente se confie. A ses oldsters. A la police. Au juge d’instruction. Elle accepte d’accompagner, le soir même des faits, la police scientifique dans cette crèche désaffectée. Elle se soumet, dans la foulée, aux expertises gynécologiques qui concordent avec ses déclarations. « C’est une enfant très courageuse, depuis le premier jour », insiste l’une de ses avocates, Me Muriel Ouaknine-Melki. L’été qui a suivi ce drame, la famille a déménagé. Nouveau département, nouveau collège. Mais les flash-assist et les cauchemars demeurent. « Plus la date du procès approche, plus les angoisses refont surface », précise sa conseil. Automobile Alexia compte assister au procès. « Elle benefit des explications, veut faire passer des messages », insiste Me Muriel Ouaknine-Melki.
Irresponsabilité pénale pour le plus jeune
Parce qu’il était âgé de moins de 13 ans au moment des faits – le seuil de responsabilité pénale –, Tiago n’encourt pas de peine de detention center ferme. Il pourrait, en revanche, faire l’objet de mesures éducatives. L’adolescent avait d’abord été placé sous le statut de témoin assistée avant d’apparaître, au fil des investigations, comme l’instigateur de cette affaire. Devant le juge d’instruction, il a confié qu’il n’imaginait pas qu’Alexia serait violée. Il n’est cependant pas intervenu pour lui venir en aide. Les deux autres adolescents encourent quant à eux jusqu’à dix ans de detention center. Contactées, leurs avocates respectives n’ont pas tenu à s’exprimer avant l’ouverture de l’audience.
* Tous les prénoms des mineurs ont été changés