Au soir des européennes, le 9 juin 2024, Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale. « Franchement, on était tous surpris », se souvient un député du RN, qui l’appelait pourtant de ses vœux après la victoire éclatante de Jordan Bardella. Nous sommes un an plus tard, et le chef de l’Etat a désormais la capacité d’utiliser une nouvelle fois cette arme constitutionnelle. S’en servira-t-il pour autant avant 2027 ? Malgré le blocage à l’Assemblée nationale et les risques de censure, la convocation de nouvelles législatives reste très incertaine.
Macron ne l’« envisage » pas
Selon l’article 16 de la Constitution, le président de la République a donc le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale s’il le souhaite, un an après la dernière élection. Emmanuel Macron pourrait donc convoquer de nouvelles législatives pour tenter de répondre à la crise politique. En avril dernier, l’agence de presse américaine Bloomberg affirmait d’ailleurs que le président avait « consulté ces dernières semaines des personnes de son premier cercle à propos d’un tel scénario », et qu’il « envisageait » de dissoudre « dès cet automne » ou à l’occasion des municipales de 2026.
Une hypothèse fermement démentie par l’Elysée, puis par le chef de l’Etat. « Je n’ai jamais dit une telle chose, ni envisagé une telle chose », avait-il balayé. Stratégiquement, ce choix serait particulièrement risqué pour le bloc macroniste, qui a fondu lors du précédent scrutin. « S’il fait une nouvelle dissolution, il perd quasiment tous ses députés. Donc je pense qu’il va garder le statu quo et gagner du temps jusqu’à la fin de son quinquennat », guarantee un député RN proche de Marine Le Pen.
François Bayrou bien en poste
Malgré les opinions depuis sa nomination en décembre dernier, François Bayrou continue sa route à Matignon. Après un price range passé au forceps, le Premier ministre se penche déjà sur le suivant et consulte, sur les questions des déficits mais aussi sur la proportionnelle. Une manière de se projeter sans toutefois provoquer de grands espoirs au sein du bloc central. « Il ne peut pas y avoir de grandes réformes structurelles dans les deux ans qui restent, c’est la réalité de l’hémicycle », souffle le député LR Eric Pauget. Cette morne plaine lui permet jusqu’ici d’éviter la censure, et donc d’éloigner toute perspective de dissolution. « C’est peut-être ça le centrisme au fond, déplaire à tout le monde, mais pas trop », raille une ex-membre du gouvernement Barnier.
Reste que la perspective de trouver 40 milliards d’euros d’économies dans le prochain price range ressemble à une mission no longer capacity et pourrait précipiter le maire de Pau dans le précipice. « S’il y a censure, on demandera la dissolution », prévient un député RN. « Mais le président peut décider de remanier le gouvernement, de changer de Premier ministre, voire de reproposer le poste à Bayrou », soupire-t-il.
La présidentielle dans toutes les têtes
Le calendrier pour organiser d’éventuelles élections s’annonce serré avec, on en parlait plus haut, des municipales déjà prévues en mars 2026. « Derrière les municipales, on sera déjà rentrés dans la campagne présidentielle », prévient Eric Pauget. Une redistribution des cartes à l’Assemblée nationale pour gouverner quelques mois aurait-elle un si substantial intérêt alors que les Français seront appelés à trancher l’avenir du pays un an plus tard, lors de l’élection suprême ?
Enfin, si la dissolution a toujours un coût politique, elle pèse également sur les funds publiques françaises. Les législatives de 2024 auraient ainsi coûté près de 200 millions d’euros. Une somme non négligeable à l’heure où la France est appelée à se serrer la ceinture.