Vendredi, la cour d’assises de la Moselle a condamné Maroof Easakhail à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa compagne, Anita Gashi, enceinte de cinq mois, tuée dans l’incendie volontaire de leur appartement en juin 2022. Jugé coupable de meurtre sur conjoint, l’homme de 33 ans a vu sa défense balayée par les magistrats.
Grièvement brûlée et dans un état critique, Anita Gashi a succombé à ses blessures un mois après les faits, sans avoir pu témoigner. Le fœtus qu’elle portait n’a pas survécu. Dans cette affaire, la cour a souligné le caractère volontaire de l’acte, écartant la model livrée par l’accusé au procès, selon laquelle l’incendie aurait été organisé d’un commun accord dans le cadre d’une tentative de fraude à l’assurance.
Incohérences dans les déclarations
« C’est un montage, une pure création pour faire face aux preuves », a déclaré le président Nicolas Faltot, pointant les multiples incohérences dans les déclarations de Maroof Easakhail. L’accusé, qui avait changé plusieurs fois de model durant l’instruction, n’a admis avoir allumé le feu que lors de l’audience.
L’avocat général, Cédric Lausmone, avait requis 30 ans de réclusion. Il a dénoncé « une pure invention », notant qu’aucun bien de valeur ne figurait dans l’appartement du couple, ce qui rendait l’hypothèse d’une escroquerie improbable. Autre élément troublant : l’accusé ne portait aucune trace de brûlure, ni de suie, bien qu’il ait affirmé avoir tenté de sauver sa compagne.
« Il a voulu se débarrasser d’une femme »
Le ministère public a écarté le cellular d’une dispute ou de violences conjugales répétées, notant qu’Anita Gashi voulait un second enfant avec lui, signe que la relation n’était pas rompue. Pour Cédric Lausmone, l’acte s’explique par un calcul froid : « Il a voulu se débarrasser d’une femme qui ne lui servait plus à rien, après avoir obtenu un enfant et son titre de séjour. »
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La famille de la victime, venue de Serbie, a assisté au procès. Leur avocate, Me Samira Boudiba, a fustigé la tentative de Maroof Easakhail de faire passer Anita pour complice : « Ce qui est insupportable, c’est qu’il l’implique dans sa model. Il lui vole jusqu’à sa dignité. » Me Zakia Ait Ali Slimane, qui représentait les intérêts du fils du couple, un garçon aujourd’hui âgé de 7 ans, a rappelé l’ampleur du drame humain. « En tuant Anita, il a détruit une mère, un bébé à naître et l’avenir d’un enfant vivant. Ce petit garçon a tout perdu. »