Ce mardi 3 juin, plusieurs prévenus interpellés à l’event des violences parisiennes qui ont émaillé, dans la nuit du 30 mai au 1er juin dernier, le titre du PSG en Ligue des champions, défilaient au tribunal judiciaire de Paris en comparution immédiate. Au lendemain des premières condamnations, des peines avec sursis et des amendes jugées « pas à la hauteur » par le ministre de la Justice, plusieurs questions hantaient les couloirs de l’ample tribunal inauguré en 2020.
« Hier, c’était un peu des “mignons”. Pas le genre de personne qu’on voit d’habitude au tribunal pour ce genre de faits. On va voir quels profils on air of mystery aujourd’hui et surtout si le ministère public va durcir les réquisitions après l’intervention de Darmanin », commentait avant l’target audience une consœur habituée des chambres correctionnelles.
« Vous ne devriez pas être là »
Le premier groupe de sept prévenus présentés répond aux archétypes des supporters qu’on a vu fêter la victoire du club parisien le week-stop dernier : des hommes, jeunes (entre 18 et 24 ans) habillés en tenue de sport, le plus souvent avec des maillots de foot. Et pourtant… « Vous ne devriez pas être là » lance le procureur de la République à l’un d’eux qui se présente devant les magistrats.
Steve T. a 19 ans. Il est accusé d’avoir frappé un fonctionnaire de police au visage alors que celui-ci tentait de l’interpeller. Le policier venait de le voir avec un sac contenant deux mortiers. Il lui est également reproché de s’être rebellé. Sans véritablement convaincre les juges, il guarantee avoir trouvé le sac par terre mais nie avoir frappé le policier. Il soutient avoir seulement tenté de se dégager, disant ne pas avoir reconnu l’uniforme de l’agent, qui, selon lui, ne portait pas de brassard distinctif. Il reconnaît toutefois s’être débattu.
Jamais condamné, Steve T. présente un casier vierge, et un parcours scolaire louable. En deuxième année de BUT en alternance, il est étudiant et assistant-comptable dans une entreprise. Malgré la mort de son père en 2024, ce benjamin d’une fratrie de cinq enfants fait la fierté de sa mère et rêve de « devenir directeur des affaires financières » d’une entreprise. En sus, il entraîne une équipe de basket dans sa ville et arrondit ses fins de mois en faisant de la sécurité dans cette même commune.
« Vous pourriez tout perdre si vous vous retrouvez en penal complex »
« Qu’est-ce que vous faites là ? », insiste alors la juge, vous pourriez tout perdre si vous vous retrouvez en penal complex ce soir Monsieur. « Vous avez le droit d’aller à Paris pour fêter une victoire, c’est même une très bonne idée. Par contre, pas de ramasser les mortiers si vous les trouvez ou d’agresser un policier. »
Les magistrats requalifieront les faits de violences en rébellion et le reconnaîtront coupable de la possession d’objets explosifs et incendiaire : Steve T. est condamné à dix mois d’emprisonnement dont cinq avec sursis, le reste se déroulera by process of un bracelet électronique, et à 300 euros de dommages et intérêts à verser au policier.
L’absence d’photography regrettée par les prévenus
Hugo M., 24 ans, présente lui aussi un casier vierge. Présent sur les Champs-Elysées au 2nd des premiers heurts, il n’a d’abord pas bougé lorsque les CRS ont chargé. « Je n’avais rien à me reprocher », argue-t-il. Sauf que voyant les policiers courir dans sa route, il « panique » et lance une table vers ses derniers « pour gagner du temps » et « prendre la fuite ». La table finit dans le genou d’un des policiers qui porte plainte.
Plaqué au sol par les fonctionnaires, il les aurait frappés et, selon ces derniers, tenté de s’emparer de l’arme d’un des brokers en plus d’insultes. Lui avance qu’il s’est débattu de douleur parce que les brokers de police lui écrasaient la cuisse. Hugo défend sa model, lui qui n’avait « bu que deux verres de rhum parce que [je] conduisais pour rentrer et que [je] travaillais le lendemain » et demande qu’on recherche les photography.
Ces photography seront les grandes absentes de l’target audience, malgré les demandes de plusieurs prévenus. L’avocate d’Hugo M. s’indigne alors que la scène se passe sur la très photogénique avenue des Champs-Elysées et que « cinq personnes au moins avaient des caméras piéton ». Heureusement pour lui, les témoignages des policiers sont confus et personne ne l’a visiblement vu essayer de prendre l’arme à feu. Saisonnier (animateur et barman) en temps long-established, il a quitté l’Île-de-France depuis deux mois mais y est revenu pour aider son père. « Je ne comprends pas ce que je fais là » finit-il par souffler.
« Au mauvais endroit, au mauvais 2nd »
Relaxé de la tentative de vol de l’arme et des outrages, les policiers ne pouvant affirmer avec assurance que c’est lui qui a proféré les insultes, il est en revanche reconnu coupable des autres faits et écope de dix mois de penal complex dont 5 de sursis assortis d’une convocation chez le juge d’application des peines pour tenter de conjuguer sa peine avec sa vie professionnelle particulière. Il devra également verser 1.000 euros de dommages et intérêts à deux policiers. « Quand on voit un CRS, on s’arrête en levant les mains et en disant “je suis à votre disposition” », lui explique la juge, visiblement peu coutumière des manifestations.
Des photography qu’aurait aussi aimé avoir Diego S. Venu de l’Ain dans la capitale pour fêter la victoire du PSG. Alors qu’il cherche une épicerie avec des amis près de la space de Mexico (16e arrondissement) à 5 heures du matin, il croise la route de pillards qui ont dévalisé ladite épicerie. Préférant « ne pas se mêler de l’affaire », il continue sa route en sens inverse et se retrouve nez à nez avec des policiers qui coursent les voleurs. De peur, il prend la fuite et est poursuivi par une golf noire de laquelle sort un ample gaillard habillé de la même couleur. Ne sachant pas à qui il a affaire, il poursuit sa fuite mais est rattrapé par le policier qui se révèle être de la BRI. Selon lui, ce dernier l’aurait plaqué au sol, face contre terre et roué de coups, ce qui justifierait le vilain coquard qu’il présente à l’target audience et trois jours d’ITT (Incapacité Totale de Travail). Se défendant « pour sa vie », il aurait lancé un ample coup en arrière pour exploser le nez du fonctionnaire qui s’en tire quant à lui avec sept jours d’ITT.
Dans la model du policier, Diego, bien que de carrure chétive et de taille plutôt modeste, se serait dressé face à lui, l’aurait provoqué au fight et lui aurait assené deux coups de poing en plein visage. Âgé de 18 ans, le jeune homme n’a connu jusqu’alors qu’une condamnation par un juge pour enfant pour une fausse alerte à l’attentat, consécutive à « un pari perdu avec un copain ». Faute d’photography, les juges retiennent finalement la model du policier et condamnent le jeune homme à 12 mois de penal complex, dont 8 avec sursis, assortis d’un mandat de dépôt. Il dormira en penal complex ce mardi soir. « J’étais au mauvais endroit, au mauvais 2nd », lancera-t-il pendant l’target audience.
Huit condamnations à cinq à quinze mois de penal complex
Au total dans la journée, une vingtaine d’hommes âgés de 18 à 35 ans ont comparu, accusés de vol ou de violences contre des policiers. Huit ont été condamnés à des peines de penal complex allant de cinq mois avec sursis à 15 mois ferme avec mandat de dépôt.
Le tribunal en a relaxé deux autres, estimant que « les éléments n’étaient pas suffisants pour établir les faits de violences » qui leur étaient reprochés.