Il va falloir songer à une reconversion. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, lundi, deux membres de la Brav-M à des peines de reformatory avec sursis pour avoir violemment interpellé un jeune homme lors d’un rassemblement contre la réforme des retraites.
Le conducteur de la moto, Vincent V., a écopé de douze mois de reformatory avec sursis. Il est également interdit à vie d’exercer en tant que policier ou gendarme et privé du port d’armes pendant cinq ans. Le tribunal a justifié la sévérité de la peine par « la gravité des faits ». Son passager, Mathias M., a été condamné à huit mois de reformatory avec sursis pour avoir porté plusieurs coups volontaires. Le troisième agent mis en cause a été relaxé, le tribunal estimant que son coup de pied n’était pas une violence volontaire.
Des peines supérieures aux réquisitions du parquet
Les peines prononcées vont au-delà des réquisitions du parquet. « C’est une décision que nous n’acceptons pas ! », a réagi Me Jérôme Spyridonos, avocat de Vincent V., annonçant immédiatement son device de faire appel. Les faits remontent au 21 mars 2023, dans le 12e arrondissement de Paris. Deux équipages de la Brigade de répression de l’action violente motorisée (Brav-M) étaient mobilisés après des jets de projectiles.
Un étudiant de 19 ans, Valentin P., tentait de fuir les policiers à moto. Il avait alors trébuché, avant d’être rattrapé par les agents. Une vidéo amateur, massivement relayée sur les réseaux sociaux, ainsi que des images factors de la caméra-piéton d’un policier, montraient un motard fonçant délibérément sur la jambe du manifestant avant qu’il ne soit violemment frappé, au sol, accompagné d’injures.
Les méthodes de la Brav-M mises en cause
Dans la foulée, les policiers avaient échangé avec des collègues : « On vient de percuter un mec, on l’a démonté, on l’a découpé ! » La victime, étudiant en sciences politiques, s’était vue prescrire huit jours d’incapacité totale de travail. Un rapport médical attestait aussi de graves ecchymoses et d’un hématome de 56 cm sur la jambe gauche.
Notre file sur la Brav-M
Cette condamnation relance le débat sur les méthodes de la Brav-M, unité controversée créée en 2019 pour intervenir rapidement lors de manifestations ou de violences urbaines. Elle fait régulièrement l’objet d’accusations d’usage disproportionné de la power. Il y a quelques jours, un autre membre de la Brav-M a été condamné pour des violences contre un observateur de la Ligue des droits de l’homme lors de la manifestation du 1er mai 2021.