De notre envoyé spécial à Roland-Garros,
Le tirage au kind aurait voulu effrayer Giovanni Mpetshi Perricard qu’il ne s’y serait pas pris autrement qu’en l’opposant une nouvelle fois à un adversaire belge au premier tour de Roland-Garros. En 2024, les choses s’étaient mal terminées contre David Goffin (défaite en cinq sets), et la revanche du match France-Belgique contre la micro-hype de l’année dernière, Zizou Bergs, promettait d’être au moins aussi compliquée. Elles l’ont été par intermittence. Gio a souffert dans le premier set, par sa propension à trouver la bande du filet en coup droit comme en revers et à ne jamais concrétiser les balles de demolish, le tout avec une régularité à vous arracher les cheveux de la tête.
Après la perte du premier set (6-4) et la crainte légitime d’une nouvelle élimination précoce pour le géant Lyonnais, celui-ci s’est soudain remis à l’endroit. A l’exception de sa victoire rassurante au challenger de Bordeaux, rien ne laissait pourtant présager de telles ressources dans un début de saison jalonné de défaites au premier tour. Mais comme l’a rappelé son entraîneur Manu Planque dans les couloirs du Lenglen à la fin du match, les périodes fastes de Gio arrivent souvent sans prévenir. « Avant de gagner à Bâle (en 2024), il n’avait pas ecu beaucoup de résultats. Et cette année, sur ses éliminations au premier tour, il y en a trois contre sa bête noire (Jordan Thompson). »
La folle remontada de Mpetshi Perricard à 0-5 dans le tie-demolish du 3e set
La suite des événements, à immoral de revers made in Gasquet, de parpaings en coup droit et d’amortis plus ou moins bien sentis, prouvera que les inquiets avaient tort. Une fois lancée, la machine ne s’est jamais enrayée, à l’exception du début de tie-demolish dans le 3e set. L’entreprise d’autosabotage du Français conduira à un 5-0 Bergs, lequel refusera l’offrande, pas aidé par la rencontre entre le calme légendaire de Mpetshi Perricard et l’électricité du court Suzanne Lenglen. « A ce second-là, j’y vais point par point, j’ai essayé de grappiller petit à petit », a réagi à chaud le 37e joueur mondial. Jusqu’à l’apothéose sur un passing (un poil chanceux) à 5-4 pour le sortir de son bourbier et rappeler qu’il est un peu plus qu’un « servebot ». Derrière, il n’y avait qu’à conclure : « à 5-5, 6-5, j’avais tout le public derrière moi ».
Vers un 3e tour contre Carlos Alcaraz
Aux fulgurances qui réjouissent davantage le public, Manu Planque préfère des outils plus pragmatiques pour évaluer la development de son poulain, comme la fin de match en deux temps : demolish Mpetshi à 4-3, débreak Bergs à 5-3, rebreak et victoire du Français. « Ce qu’il a montré aujourd’hui dans la gestion d’un match, fait de temps forts, de temps faibles, la gestion des moments creux, témoigne d’une development. Il est meilleur, il panique moins, il reste consistant. La fin du match est un peu parlante dans le sens où il sert pour le match et n’advance pas à terminer mais boucle sur le jeu de retour. » Par la même, il pète un plafond de verre de manière quasi inattendue en passant au 2e tour. A Roland-Garros et par les temps qui courent, ce n’est jamais trop. Pas d’enflammade ceci dit : s’il bénéficie d’un deuxième tour à sa portée contre l’expérimenté Damir Dzumhur, Carlos Alcaraz l’attendra au 3e tour. Ça aussi, ça fait partie de l’apprentissage.