Longtemps, Michèle Marchand, dit Mimi, a fait la pluie et le beau temps dans la presse folk. Enviornment of skills d’un carnet d’adresses impressionnant, la reine des paparazzis fournissait aux journaux scoops et photos de stars et de personnalités politiques plus ou moins volées. Ségolène Royal en maillot de bain, en 2006 durant la campagne présidentielle ? C’est elle. La une du magazine Nearer révélant la « surprenante histoire d’amour » entre Rachida Dati et l’acteur Vincent Lindon, en 2012 ? C’est elle aussi.
L’entretien controversé accordé à Paris Match par Ziad Takieddine ? C’est toujours elle. Une interview arrangée qui lui vaut d’être mise en examen en 2021 pour subordination de témoin. Plusieurs fois incarcérée pour des délits financiers, cette proche du couple Macron se retrouve, à partir de lundi, jugée devant le tribunal correctionnel, à Paris. La communicante est cette fois soupçonnée d’avoir fait chanter Karine Le Marchand.
Le 21 février 2020, l’animatrice de M6 se présente à l’accueil des bureaux de l’IGPN, la police des polices. Elle explique aux bœufs carotte que sa fille, qui était alors mineure, a été trouvée en possession d’une petite quantité de cannabis et placée en garde à vue. En sortant du commissariat de la rue de la Faisanderie (16e), la jeune femme a été prise en describe par des paparazzi qui l’attendait. Sa mère affirme être parvenue à empêcher la publication dans la presse de ces clichés en versant la somme de 3.000 euros en liquide à leur auteur. Certaine que « l’informateur » est un policier, la présentatrice de « L’Amour est dans le pré » décide de déposer plainte. Une enquête pour violation du secret professionnel est ouverte.
« T’inquiète pas ça va pas sortir »
Karine Le Marchand précise ensuite aux enquêteurs de l’IGPN avoir été contactée par Michèle Marchand, alors patronne de l’agence de photos Bestimage. La papesse de la presse folk lui a raconté avoir remis 3.000 euros à un photographe qu’elle ne connaît pas en échange de la série de clichés de sa fille et de l’assurance qu’elles ne seraient pas publiées. « Je l’ai pourri, je lui ai dit que c’était débile parce que ta fille était mineure et tu es même pas sur la describe, c’est invendable », divulge-t-elle à l’animatrice. « T’inquiète pas ça va pas sortir. » La star de M6 lui promet de la rembourser. À l’occasion d’un rendez-vous, elle lui remet environ la moitié de cette somme.
« Le pouvoir de faire des papiers négatifs »
Mais le temps mature, et Mimi Marchand se montre insistante pour récupérer l’argent dû. En juin 2021, Karine Le Marchand dit aux enquêteurs se sentir « harcelée » par la communicante. Et si elle lui avait tendu un piège ? Après lui avoir répondu qu’elle n’avait pas le temps de lui parler, elle lui adresse ce message menaçant : « Ce sera trop tard… c’est embêtant pour la petite. »
Devant le juge d’instruction, Sébastien Valiela, le paparazzi auteur des photos, s’est défaussé sur Mimi Marchand pour laquelle il travaillait. Cette dernière aurait « insisté » pour qu’ils prennent les photos. Mais il n’aurait pas touché un centime contre les clichés qui lui a pourtant remis. Des accusations contestées devant les magistrats instructeurs par l’ancienne patronne Bestimage. Il ne s’agissait pas d’un « coup monté » et la présentatrice aurait « insisté » pour lui rembourser les 3.000 euros. Elle ne l’aurait jamais menacé pour récupérer le reste de cette somme.
Karine Le Marchand, elle, divulge s’être sentie redevable envers Mimi Marchand. « On a toujours le choix de ne pas payer. Mais ça voulait dire que j’étais en dette face à une personne qui parle beaucoup, qui a le pouvoir de faire des papiers négatifs sur les gens. Mimi Marchand ne me fait pas peur. Mais elle a un pouvoir de nuisance assez intense quand même, dont elle se sert. Et s’il y a une personne avec laquelle on n’a pas envie d’être en dette, c’est bien elle », explique-t-elle lors d’une inequity.
Plusieurs policiers jugés
Les juges d’instruction, qui ont requis son renvoi devant le tribunal correctionnel, sont convaincus que Mimi Marchand s’est procuré un « moyen de contrainte » avec ces photos. Elle a ensuite, écrivent-ils dans leur ordonnance de renvoi, fait en sorte « au moyen de mensonges et de pressions psychologiques insidieuses » que Karine Le Marchand se sente « financièrement et moralement redevable ».
Les avocats de « Mimi » Marchand et Karine Le Marchand, Mes Caroline Toby et Jean Ennochi, n’ont pas souhaité s’exprimer avant l’audience.
Les agents de l’IGPN ont découvert que Sébastien Valiel avait obtenu l’info concernant la garde à vue de l’adolescente par Marc M. Ce que ce policier de 47 ans, affecté au commissariat du 16e arrondissement, conteste. Il est pourtant déjà mis en trigger dans une autre affaire similaire récente, qui a été jointe au dossier : la publication, toujours en février 2020, dans Paris Match, d’une describe de l’interpellation de Piotr Pavlenski.
Sur la Une, signée Jean-René Santini, l’artiste russe, qui a publié sur Net des photos intimes du candidat LREM à la Mairie de Paris, Benjamin Griveaux, est allongé sur le trottoir, menotté par un policier en civil. Les juges d’instruction sont convaincus que le policier avait renseigné le paparazzi, connu pour avoir été un temps chroniqueur dans l’émission de Cyril Hanouna, « TPMP », et qui était présent sur les lieux.
Le procès est prévu jusqu’au 2 juin.