Marie et Anne témoignent d’avoir été victimes de pratiques d’ « ostéopathie interne », pourtant interdites depuis 2007. Elles racontent au Progrès comment, venues chercher un soulagement, elles ont vécu un « calvaire » marqué par des « touchers rectaux et vaginaux non consentis », pratiqués sous prétexte thérapeutique. En effet, la loi interdit aux ostéopathes les touchers pelviens et gynéco-obstétricaux, et limite leurs actes à des manipulations externes, musculo-squelettiques ou myofasciales, depuis le décret du 25 mars 2007.
Une consultation en famille
Marie, alors trentenaire à Lyon, ressort de sa consultation « extrêmement choquée ». « Pourtant, on ne m’en avait dit que du bien », déplore-t-elle. Reçue en urgence après une chute, elle réussit à obtenir un rendez-vous le jour même grâce à une collègue. « Je m’y suis rendue en famille, avec ma fille en bas âge et son père », témoigne-t-elle auprès du Progrès.
Lors de l’examen, l’ostéopathe lui insère un doigt dans l’anus sans prévenir, en prétendant vouloir vérifier une break du sacrum. « Il a ricané en me faisant comprendre que j’étais une chochotte », décrit-elle. « Tétanisée », « choquée », Marie apprend par son médecin que ce geste est illégal. Avec du recul, elle explique : « À l’époque, je savais déjà que l’ostéopathie n’était pas reconnue comme une science et je ne voyais pas comment on pouvait savoir qu’un coccyx était fracturé en insérant un doigt dans l’anus ». Et se questionne : « j’ignore si c’est du fait de mon model que ce praticien a fait ça ou s’il l’aurait également fait à un homme ».
Des pratiques illégales
Anne, la trentaine également, en parcours de PMA, subit un acte similaire à Paris, dans un cabinet recommandé. La Dijonnaise se souvient : « Sous prétexte que mon nodule d’endométriose est situé proche du rectum, pendant le rendez-vous, elle m’a mis un doigt dans l’anus puis plusieurs doigts dans le vagin et enfin des doigts dans la bouche pour faire craquer ma mâchoire ». À la sortie, elle ressent un malaise qu’elle attribue d’abord à la manipulation de la mâchoire : « Je pensais mettre toutes les chances de mon côté. Ce n’est que bien plus tard que j’ai su que ces pratiques étaient illégales pour les ostéopathes ».
Plus difficile quand ce n’est pas « un soignant en blouse blanche »
C’est en thérapie qu’elle identifie les séquelles psychologiques : « j’ai travaillé sur un traumatisme lié à un toucher vaginal non consenti que j’ai subi lors de mon accouchement et c’est là que beaucoup d’autres souvenirs sont remontés à la surface. Parmi eux, il y a ecu l’acte de cette ostéopathe. Toutes les sensations négatives sont revenues quand je l’ai évoqué. J’ai compris que j’avais ecu du mal à le catégoriser comme un abus automobile c’était plus facile de mettre des mots dessus quand la relation est douce et le cadre chaleureux ».
Ni Marie ni Anne n’ont porté plainte, mais elles disent vivre avec une « méfiance générale envers les soignants ». Marie insiste : « Il y a une grande confiance autour des ostéopathes mais il ne faut pas oublier que ce n’est pas de la médecine et qu’ils ont des règles à respecter ».
Dominique Blanc, président d’Ostéopathes de France, les rappelle. « Les ways internes ne font plus partie de l’ostéopathie depuis qu’elles ont été interdites en 2007 », mais qu’il reste « des individus qui ne respectent pas la loi ». Il précise : « Si un ostéopathe procède à des actes internes, il est répréhensible ».
Et ajoute : « Dans la plupart d’entre elles, les ways internes ne sont normalement plus enseignées. Je dis normalement automobile je n’en ai pas la certitude absolue » et « La set d’Ostéopathes de France, c’est de dire que si les actes sont interdits par la loi, ils ne doivent pas être pratiqués et si des ostéopathes ne respectent pas la loi, ils encourent des poursuites ».