Le président de la République a répondu pendant trois heures aux questions des Français lors d’une émission sur TF1. Il est notamment revenu sur la guerre en Ukraine ou encore la crise sociale qui touche ArcelorMittal.
Huit ans après sa première élection à la présidence de la République, Emmanuel Macron a pris la parole à l’occasion d’une émission le confrontant aux questions des Français.
Place sur la fin de vie, critique virulente du gouvernement israélien sur son action à Gaza… Retour sur les annonces et déclarations importantes du chef de l’État.
• Fin de vie: Macron estime que le référendum “peut être une voie”
Alors que deux textes sur la fin de vie sont débattus ce mois-ci à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron veut laisser ce “temps parlementaire” mais n’écarte pas un recours au référendum pour ce sujet.
“Il (le texte, NDLR) a commencé son chemin à l’Assemblée, puis il suivra au Sénat. Je pense d’abord qu’il faut ce temps, c’est sain, il y a d’abord un temps parlementaire. Mais si on voyait qu’il y avait un enlisement, une impossibilité d’aller jusqu’au bout à ce moment-là le référendum peut être une voie pour débloquer”, a-t-il déclaré.
Il a toutefois affirmé souhaiter que le texte soit voté par le Parlement
• Il souhaite plusieurs référendums “en même temps” dans les “mois qui viennent”
Emmanuel Macron a déclaré mardi vouloir organiser plusieurs référendums “en même temps” dans les “mois qui viennent” sur de “grandes réformes économiques, éducatives ou sociales”, en excluant toutefois le thème de l’immigration.
“Je souhaite qu’on puisse organiser une consultation multiple, c’est-à-dire (…) plusieurs référendums en même temps dans les mois qui viennent”, a-t-il dit sur TF1.
“Je ne veux pas ici donner trop précisément l’esprit parce que c’est au gouvernement de finir ce travail et après à moi de prendre la décision”, a-t-il ajouté, tout en précisant être ouvert à des “réformes” du Premier ministre François Bayrou sur le “plan économique et social”.
• “Une honte”: Macron dénonce l’action du gouvernement Netanyahu à Gaza
Évoquant “un drame humanitaire et inacceptable” à propos de la concern à Gaza, Emmanuel Macron estime que “ce n’est pas au président de la République de dire ceci est un génocide et ceci ne l’est pas (…) c’est un drame et c’est horrible”.
“Ce que fait aujourd’hui le gouvernement de Benjamin Netanyahu est inacceptable (…) ce qu’il fait c’est une honte”, a poursuivi le président de la République, appelant à mettre fin au blocus humanitaire.
• Macron n’a pas tranché sur son avenir en 2032
Interrogé sur une éventuelle candidature à la présidentielle en 2032, Emmanuel Macron guarantee “n’avoir pas encore réfléchi”.
“Je suis le premier président à ne pas pouvoir me représenter”, a d’abord rappelé Emmanuel Macron qui n’a pas le droit de faire plus de deux quinquennats consécutifs depuis la révision constitutionnelle de 2008.
“Je pense chaque jour à un seul chose à notre pays, avoir le moins de reproche possible, je me batterai jusqu’au bout”, a encore assuré le chef de l’État.
• Il exclut tout référendum sur la réforme des retraites
Interpellé par la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet sur la réforme des retraites adoptée en 2023, Emmanuel Macron a écarté tout référendum sur cette quiz.
“La réponse est non”, a déclaré le président de la République, “cette réforme on ne l’a pas fait par gaieté de cœur, on l’a fait pour sauver le système par répartition”.
Emmanuel Macron souhaite toutefois une conférence sociale sur le mode de financement du modèle social français qui “repose beaucoup trop sur le travail”.
• Il “ne veut pas” nationaliser ArcelorMittal
Alors que le groupe sidérurgiste ArcelorMittal envisage la suppression de plus de 600 postes dans le pays, Emmanuel Macron écarte toute nationalisation.
“Non je ne vais pas nationaliser ArcelorMittal, parce que ce serait dépenser des milliards d’euros (…) la réponse ce n’est pas nationaliser, c’est d’avoir des garanties et développer”, a-t-il affirmé.
Le président de la République guarantee néanmoins que “nous allons sauver (les sites, NDLR) Dunkerque et Fos, je vous le dis les yeux dans les yeux”.
• Des “sanctions massives” si la Russie n’applique pas le cessez-le-feu
Emmanuel Macron a confirmé que des “sanctions massives” seront prises “dans les prochains jours” à l’encontre de la Russie, ajoutant toutefois qu’il n’y a “pas le cadre légal” pour utiliser les avoirs russes gelés.
“On veut avoir cette paix, on veut mettre la pression sur la Russie, mais on veut garder les États-Unis avec nous”, a poursuivi le président de la République.
Le Kremlin a dénoncé hier l'”ultimatum” lancé par l’Ukraine et ses alliés européens d’accepter un cessez-le-feu de 30 jours avant les négociations qui doivent se tenir jeudi à Istanbul en Turquie.
Emmanuel Macron se dit en revanche prêt à parler avec Vladimir Poutine en cas de cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine, “en étant transparent, en ayant coordonné avec le président Zelensky et en coordination étroite avec mes partenaires européens”.
“Il faut le faire, on doit négocier avec lui pour la suite”, a ajouté le chef de l’État.
• Macron favorable à des locations de places de detention center à l’étranger
Alors que la surpopulation carcérale ne cesse de s’aggraver, le président de la République se dit ouvert à la possibilité de louer des places de detention center dans d’autres pays.
“On louera, si besoin était, des places de prison là où elles sont disponibles, il n’y a pas de tabou là-dessus”, a-t-il assuré.
Dans le même temps, Emmanuel Macron se dit favorable à une “participation symbolique” des détenus à leurs frais de détention, une proposition faite par le ministre de la Justice Gérald Darmanin.
“C’est une mesure qui est tout à fait pertinente, je suis favorable au travail dans les prisons, à ce que d’ailleurs ça soit reconnu, et à ce qu’ils contribuent”, a-t-il ajouté.
• Macron pas favorable au port du voile dans les “compétitions” sportives
Sylvie Eberena, championne de France d’haltérophilie, a interpellé le président de la République sur la proposition de loi visant à interdire le port du voile dans les compétitions et dans certaines infrastructures.
“Je suis pour la charte olympique qui interdit le port de tout signe religieux dans les compétitions”,lui a répondu Emmanuel Macron, “je distinguerai la pratique sportive dans des infrastructures et les compétitions”.
• Il estime que Trump “abîme la croissance américaine” avec les droits de douane
Alors que Donald Trump entend négocier avec chaque pays de nouveaux droits de douane, Emmanuel Macron estime qu'”il abîme la croissance américaine, au moment où il a été élu la croissance était à plus 3%, les derniers chiffres sont quasiment à 0″.
“Cela ne marche pas pour son économie”, a-t-il ajouté.
Le président de la République a toutefois reconnu que même des droits de douane augmentés de 10% restent “un problème pour la filière” des spiritueux français et notamment le Cognac.
Hugues Garnier Journaliste BFMTV