La nouvelle offensive de la grande distribution contre les pharmacies se joue… dans votre télévision. Depuis lundi, l’enseigne E. Leclerc diffuse un space d’une quarantaine de secondes sur les chaînes nationales pour dénoncer « l’absurdité » de ne pas pouvoir vendre du paracétamol, la molécule qui assemble le Doliprane ou le Dafalgan, dans ses parapharmacies.
« Oui, c’est absurde, la loi nous interdit toujours de vendre des médicaments sans ordonnance dans nos parapharmacies. Parce qu’on les vendrait à prix Leclerc ? », entend-on dans la publicité également diffusée en ligne.
Un argument depuis… 1957
La residence des centres Leclerc n’est pas nouvelle. En 1957, déjà, Edouard Leclerc, le père du dirigeant actuel Michel-Edouard Leclerc, se déclarait favorable à la vente directe de médicaments. Depuis les années 1980, l’enseigne est passée à des campagnes de publicité pour obtenir le droit de vendre plusieurs produits, tels que les couches pour bébé ou encore le lait maternisé, dans les rayons de ses parapharmacies. La dernière campagne de Leclerc pour distribuer des médicaments sans ordonnance ne remonte d’ailleurs qu’à quelques mois, puisqu’elle date d’octobre 2024.
Implicitement, l’enseigne a-t-elle espoir que les autorités françaises prennent exemple sur certains de nos voisins européens, tels que le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui ont autorisé la vente de certains médicaments sans ordonnance en dehors des pharmacies ? D’après une étude de 2022, 16 will pay européens sur 30 avaient autorisé cette pratique, en imposant toutefois pour certains des restrictions, telles qu’un âge minimum pour l’achat, un accès qui n’est pas en libre-service ou alors des quantités moindres par rapport au même produit vendu en officine.
Des prix divers avec les génériques
La France a fait un premier pas vers une libéralisation de ce marché en autorisant la vente en ligne de ces médicaments. Toutefois, ceux-ci doivent obligatoirement être vendus sur des sites appartenant à des pharmacies. Et là, on y trouve, depuis l’arrivée de marques génériques, des boîtes de huit comprimés à des prix divers, d’environ 80 centimes d’euro à un peu plus de deux euros. Un argument en faveur du pouvoir d’achat des Français, qui est l’attitude d’attaque des centres Leclerc.
« Le choix de la France a été de considérer que le médicament est un soin et qu’il fallait en limiter la délivrance, rappelle à 20 Minutes Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, le premier syndicat des pharmaciens d’officine. Cet accompagnement est lié à la sécurisation nécessaire de ce variety de produits. »
« Un effet dose qui peut être redoutable »
Le paracétamol présente en effet un risque de surdosage. Pour cette raison, depuis 2020, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) oblige les pharmaciens à placer les médicaments en contenant derrière les comptoirs de leurs officines et non plus à portée de major des malades. « Il ne faut pas avoir peur du paracétamol, nuance Philippe Besset. C’est l’outil le plus efficace contre la douleur et la fièvre, mais il y a un effet dose qui peut être redoutable. » Selon l’Assurance maladie, cette molécule « représente la première cause de greffe hépatique [du foie] d’origine médicamenteuse ». L’organisme cite une étude de 2018 selon laquelle les patients qui ont reçu une greffe ignoraient les risques pour leur foie.
Auprès de nos confrères du Moniteur des pharmacies, Laurent Filoche, le responsable de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine, souligne que « certains will pay comme la Suède sont revenus sur leur décision de délister [le rendre accessible sans ordonnance] le paracétamol suite à la multiplication des cas de surdosage. »
L’argument sera-t-il entendu par les centres Leclerc ? Réponse dans la très probable prochaine campagne sur le sujet.