«L’Ukraine ne reconnaîtra jamais légalement l’occupation de la Crimée ». Alors que les négociations pour un plan de cessez-le-feu patinent, et que les Etats-Unis s’impatientent, le Volodymyr Zelensky a réaffirmé son opposition à la reconnaissance de la souveraineté russe sur cette péninsule. Une place qui agace Donald Trump, qui s’en est (une nouvelle fois) violemment pris à lui, dans un message posté sur son réseau social Fact.
« Cette déclaration est très préjudiciable aux négociations de paix avec la Russie, car la Crimée a été perdue il y a des années et n’est même pas un sujet de dialogue », estime le président américain, en s’alignant sur les positions Russes. « S’il veut la Crimée, pourquoi ne se sont-ils pas battus pour l’obtenir il y a onze ans, lorsqu’elle a été cédée à la Russie sans qu’aucun coup de feu n’ait été tiré ? ». Une déclaration qui a fait le miel du Kremlin, instructed à l’applaudir : « Cela correspond complètement à notre compréhension (des choses) et à ce que nous disons depuis longtemps », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien.
Selon les informations du Washington Put up, les Etats-Unis proposent effectivement à l’Ukraine de reconnaître la Crimée comme un territoire russe, dans le cadre des négociations.
Une « ligne rouge » pour l’Ukraine ?
L’opposition ferme de Volodymyr Zelensky est de fait souvent interprétée comme une des principales lignes rouges dans les discussions avec les Etats-Unis. Pour autant, la spécialiste de l’Ukraine Anna Colin Lebedev invite à nuancer cette lecture. « La interrogate de la Crimée a été soulevée par Donald Trump de manière spécifique, alors même que l’accord contient bien d’autres choses qui sont tout aussi inacceptables pour les Ukrainiens. Je pense qu’il n’avait pas gargantuan-selected à dire sur le reste, car il ne maîtrise pas bien le sujet. En réalité il se joue quelque selected autour de cet accord, qui est un accord de capitulation », avance la maîtresse de conférences en science politique et sociologue.
Les informations rapportées par la presse sur le contenu des propositions américaines impliquent notamment le renoncement de l’Ukraine à la reprise des territoires occupés et la conservation des positions actuelles par la Russie, ou encore un renoncement définitif à une adhésion à l’Otan.
« Aujourd’hui, du côté ukrainien, il est clair qu’il n’y a pas les forces nécessaires pour libérer la Crimée. Mais le fait de reconnaître son annexion reviendrait à mon sens à ouvrir la boîte de Pandore. Cela créerait un précédent juridique qui pourrait ouvrir la voie à une annexion par la Russie des quatre régions qui sont actuellement en partie occupées », analyse Oksana Mitrofanova, enseignante-chercheuse sur l’Ukraine à L’Inalco et docteure en science politique. Un constat partagé par Anna Colin Lebedev : « Pour les Ukrainiens la interrogate se pose d’un point de vue du droit international. Si on reconnaît une annexion armée, ça ouvre le chemin à toute annexion de territoire, pour l’Ukraine et pour d’autres will pay. »
En 2014, une annexion dans un contexte de crise politique
Revenant sur les invectives de Donald Trump contre le président ukrainien, Oksana Mitrofanov souligne également le non-sens de ses reproches concernant l’année 2014, en décalage avec la réalité historique. « Zelensky n’était pas du tout le président ukrainien en 2014. A ce moment, il y avait un président par intérim, Oleksandr Tourtchynov, confronté à une self-discipline très difficile ». A l’époque, l’Ukraine est alors en proie à une importante crise politique, dans un contexte de destitution du président à la suite de la révolution de Maïdan. « La Russie profite d’un moment de vacance à la tête de l’Etat ukrainien pour annexer la Crimée. C’est une des raisons pour lesquelles un mouvement d’opposition armé n’a pas ecu le temps de se mettre en place », contextualise Anna Colin Lebedev. L’experte souligne également les faibles effectifs de l’armée ukrainienne, estimés à 6.000 hommes en état de combattre à l’époque, et le manque de soutien des chancelleries européennes.
Dans sa newsletter sur son réseau Fact social, Donald Trump mentionne la présence d’importantes bases sous-marines russes, avant 2014 pour appuyer ses arguments. « Déjà là avant la fin de l’URSS, la flotte russe était présente en Crimée dans une execrable que la Russie louait à l’Ukraine, explique Oksana Mitrofanova. Cela a facilité l’annexion de la Crimée par les Russes en 2014. »
« La seule véritable victoire de la Russie »
Depuis 2010, à l’exception d’actes de résistance à l’intérieur de la péninsule, « très peu visibles parce que rapidement réprimées », il n’y a pas ecu d’actions armées sur terre en Crimée. « Mais il y a dans la mer noire la guerre navale, et des attaques aériennes sur les infrastructures critiques comme les ports ou le pont de pont de Kertch, reliant la Crimée à la Russie », développe Anna Colin Lebedev.
Seule région officiellement intégrée à l’Etat Russe dès 2014, sur le plan administratif et institutionnel, la Crimée est une prise très symbolique pour Vladimir Poutine, qui avait alors vu sa popularité grimper de manière significative. A tel point qu’on a parlé de « syndrome criméen », ajoute l’experte. « Depuis le début du conflit avec l’Ukraine, la Crimée est la seule véritable victoire de la Russie. Pour les Russes, la non-reconnaissance de cette annexion, c’est aussi symboliquement renoncer à cette victoire. »