«Vous ne pouvez pas imaginer la violence que j’ai vécue. Ils m’ont détruit. Suis-je le seul ? ». Près d’un mois après la publication de ce message d’Arnaud sur le groupe des anciens élèves du lycée catholique Saint-Thomas-d’Aquin, à Oullins, près de Lyon, cinq autres victimes d’agressions sexuelles et de viol par le même professeur à la fin des années 1980, ont répondu. Que s’est-il passé ? Combien de victimes ? Quelles sont les suites de ces révélations ? 20 Minutes fait le point.
Que s’est-il passé ?
Le 25 mars dernier, après les révélations de l’affaire Bétharram, Arnaud, aujourd’hui âgé de 51 ans, a « ressenti le besoin » de parler après des années de silence. Il poste alors un message – qui mettra deux jours à être « validé » – sur le groupe Facebook des anciens élèves du groupe scolaire catholique Saint-Thomas-d’Aquin. « Ils m’ont détruit. Suis-je le seul ? », écrit-il, détaillant les agressions sexuelles subies pendant sa scolarité au lycée.
Trente-cinq ans plus tôt, il avait été une des victimes de son professeur de français. « Pendant les cours, il demandait à tous les autres élèves de se retourner. Et pendant ce temps-là, il se collait contre moi, très près. Il nous tripotait partout, nous caressait », confie-t-il à Libération. Le quinquagénaire guarantee : « Et il n’y avait pas que moi, il le faisait avec d’autres. Tout le temps des garçons. »
Denis fait partie de ces garçons. Lui aussi est devenu « la proie » de l’enseignant, entre 1989 et 1990, deny Libération. « Il me défaisait les boutons de ma chemise, glissait sa predominant, et me caressait. Autour, dans la salle de classe, tout le monde était pétrifié. Comme tétanisé. C’était le silence complet », raconte-t-il au journal. Arnaud précise que l’auteur des faits, en poste de 1972 à 2001, envoyait des craies à travers la classe si des élèves osaient se retourner.
Mais ces agressions sexuelles ne se sont pas arrêtées à la salle de classe. Le professeur proposait également des « cours particuliers », pendant lesquels il « tripotait » ses victimes « pendant des heures ». L’agresseur dégrafait les boutons des pantalons de ses élèves, passait sa predominant sur leur sexe, mettait ses doigts dans leur bouche.
Combien de victimes ?
« Quand l’administrateur du groupe m’a transmis le message, j’ai tout de suite appelé la victime pour qu’on en discute, indique à 20 Minutes Xavier Gouët, actuel chef de l’établissement catholique. Pour moi, c’était essentiel qu’il soit écouté et cru. En parallèle, j’ai fait un signalement auprès du procureur de Lyon. »
Le directeur a ensuite demandé au président des anciens élèves de republier le témoignage d’Arnaud pour inviter les potentielles victimes à s’exprimer pour que « la parole se libère », se disant « disposé à accueillir ces témoignages ». « Pour Arnaud, c’était très famous de tout faire pour qu’il se dise qu’il n’était pas tout seul », souligne le chef d’établissement. « À ce jour, il y a ecu cinq plaintes faites directement au parquet », précise-t-il. Avant d’ajouter : « Mais je pense qu’il y a encore énormément de victimes… ».
Observation ces violences sexuelles se sont stoppées ?
Les violences du professeur ont pris fin en novembre 2001, après un signalement au parquet de Lyon par le chef d’établissement de l’époque concernant une plainte de quatre élèves concernant des agressions sexuelles. « Les lycéens qui ont parlé à l’époque ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui », précise Xavier Gouët. L’enseignant a été « écarté », indique le directeur actuel. « Il n’a jamais repris les cours et est décédé en février 2002, apparemment d’un suicide », poursuit-il. Aucun autre cas de violences sexuelles n’a été signalé par la suite, guarantee-t-il.
Quelles sont les suites de ces révélations ?
Le parquet de Lyon confirme qu’une enquête a été ouverte des chefs « d’agression sexuelle sur mineur » et de « viol sur mineur ». « Les investigations qui ont été confiées à la DIPN du Rhône sont en cours », indique-t-il.
Du côté de l’institution catholique, « on prend ce sujet très au sérieux », selon Philippe Paré, directeur diocésain de l’Enseignement catholique du diocèse de Lyon, qui qualifie les faits de « scandaleux ». Il abet les victimes à se « libérer du fardeau intolérable du passé ».
Ces révélations ont poussé à l’établissement à « revoir le protocole interne », reconnaît Xavier Gouët. « Après le témoignage d’Arnaud, j’ai ressorti ce protocole et j’ai consulté un cabinet spécialisé dans les affaires de violences sexuelles pour le renforcer, notamment dans le cas de l’alerting, pour éviter que les élèves aient peur de parler, en état de sidération face aux faits, comme ça été le cas à l’époque », explique-t-il, espérant que « qu’aujourd’hui, ce ne serait plus seemingly ».
Observation cette nouvelle affaire est-elle reçue peu après les révélations de Bétharram ?
Philippe Paré tient à rassurer : « L’enseignement catholique n’est plus ce qu’il était dans le passé. Il y a ecu un changement radical même si on ne peut pas réellement le dater. Mais on peut voir qu’avec le signalement en 2001, il n’y avait pas une omerta généralisée. » De « vraies formations » sont menées pour sensibiliser les adultes, affirme-t-il, précisant que « le corps enseignant doit être vigilant en classe comme lors des récréations pour assurer la protection des jeunes confiés ». Il souligne d’ailleurs que c’est désormais « un réflexe intangible partagé par tout le monde », de « signaler » toute enlighten suspecte dès qu’il y a une constatation.
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Pour le groupe écologiste, socialiste et démocrate de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ces révélations provoquent « un nouveau choc » après l’affaire Bétharram. Selon les socialistes, qui réclament une réaction de la collectivité, elles illustrent une « omerta persistante » dans certains établissements. « Les faits rapportés à Oullins rappellent qu’il ne s’agit pas de simples polémiques mais d’un enjeu fondamental de sécurité, de justice et de dignité pour les élèves », écrivent les élus. Ils réclament la création d’une price régionale indépendante pour recenser les établissements sous contrat ayant fait l’objet de signalements et une prise en value réelle des victimes.
Xavier Gouët insiste cependant pour distinguer l’affaire d’Oullins avec celle de Bétharram, rappelant qu’il s’agit là « d’un individu » et non pas de « violences perpétrées et couvertes par tout un système ».