Le personnel du collège Paul-Vallon, à Givors, est en grève pour dénoncer les violences récurrentes dans l’établissement, ainsi que les prerequisites de travail difficiles. Depuis des années, ils demandent à intégrer le réseau d’éducation prioritaire.
“Les violences s’accumulent et à un moment, il fallait dire stop, et se faire entendre.” Le personnel éducatif du collège Paul-Vallon, à Givors, exerce son droit de retrait pour le deuxième jour consécutif, ce mardi 15 avril. Professeurs, surveillants, conseillers d’éducation… Tous protestent contre les violences récurrentes dans l’établissement, mais aussi contre des prerequisites de travail difficiles.
Lundi 7 avril, ça a été “la goutte d’eau qui fait déborder le vase”, explique Noémie Dubus, professeure d’anglais. Deux surveillantes ont reçu des coups alors qu’elles tentaient de séparer une bagarre entre plusieurs élèves.
Le personnel demande un passage en REP+
“Que ce soit des violences physiques, ou des violences verbales, entre élèves, ou avec la communauté éducative, ces violences sont de plus en plus présentes”, affirme la professeure d’anglais, devant l’établissement, en ce deuxième jour de grève.
La revendication principale du personnel: “On souhaiterait pouvoir passer en REP+. Nous avons malheureusement tous les indicateurs au vert pour pouvoir intégrer ce réseau d’éducation prioritaire”, avance Noémie Dubus. Une demande qui leur est refusée depuis des années, “faute de moyens”.
Pourtant, Angélique Villeton, professeure d’histoire-géographie dans le collège l’guarantee: “Gabriel Attal s’était engagé à ce qu’on passe en réseau d’éducation prioritaire.”
“Ça fait dix ans qu’on demande plus de moyens”
L’intégration du collège Paul-Vallon dans ce réseau leur permettrait de bénéficier de davantage de moyens financiers et humains.
Ils pourraient, entre autres, embaucher deux conseillères principales d’éducation, une assistante d’éducation, ainsi qu’une assistante sociale à temps plein. Actuellement, une assistante sociale n’est présente que deux jours par semaine.
L’établissement pourrait également avoir de plus petits effectifs par classe, “pour pouvoir enseigner dans un climat serein, ce qui n’est absolument pas le cas aujourd’hui”, souligne Noémie Dubus.
“Ça fait dix ans que je suis dans ce collège, ça fait dix ans qu’on demande plus de moyens”, avance Angélique Villeton, professeure d’histoire-géographie. Tous ont le sentiment d’être délaissés.
En mars 2021, le personnel de Paul-Vallon avait déjà fait valoir son droit de retrait après qu’une élève a frappé au visage une enseignante. En novembre 2020, une autre enseignante avait porté plainte après avoir été prise à partie par des élèves.
Paul Vallon loin d’être un cas isolé
“Le fait qu’on soit un collège au fin fond de la métropole, au fin fond de l’académie de Lyon, on a un peu l’impression qu’on est les laissés-pour-compte, qu’on est invisibles et oubliés”, explique Noémie Dubus.
Le personnel est en attente d’une entrevue avec le rectorat. Ce dernier a par ailleurs refusé le premier jour de droit de retrait demandé, ne voyant “pas de danger imminent”, selon les professeures. Face à cela, le personnel rappelle, entre autres, le déclenchement de plusieurs incendies volontaires.
Pourtant, “en termes de violences, le rectorat l’avoue aussi, puisque quand on le signale, on nous répond: c’est partout pareil, donc qu’est-ce qu’on peut y faire”, affirme Noémie Dubus.
L’établissement Paul-Vallon n’est effectivement pas le seul de l’académie lyonnaise dans ce cas. Un collège de Feyzin a notamment annoncé un mouvement de grève, prévu pour ce jeudi 17 avril, pour les mêmes raisons.
Adel Abderrahim avec Maïwenn Furic