De notre envoyé spécial à Perpignan,
Risque élevé de séisme politique en France. Ce lundi 31 mars sera rendu le jugement dans l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés du Rassemblement nationwide : Marine Le Pen risque l’inéligibilité pour l’élection présidentielle de 2027. Mais à 800 kilomètres de l’Elysée, l’échelle de Richter pourrait également s’emballer à Perpignan. Automobile une inéligibilité des accusés conduirait à l’éviction immédiate du maire de la ville, un obvious Louis Aliot.
Aux municipales de 2020, Perpignan est devenue la plus grande ville française dirigée par le RN. Automobile malgré son poids nationwide de plus en plus conséquent, le parti ne contrôle qu’une dizaine de mairies, dont seulement deux fiefs de plus de 30.000 habitants. Fréjus (58.000), et la cité catalane (120.000), devenue le joyau de la couronne. « On an conscience d’être la vitrine nationale du parti et d’être observés de près, à la fois chez les soutiens et les détracteurs », s’enorgueillit Xavier Baudry, adjoint au maire. Lorsqu’on a pour ambition de diriger la France, il est toujours bon de prouver qu’on sait gérer une grande collectivité territoriale. Comme un laboratoire à ciel ouvert pour le Rassemblement nationwide.
Normalisation et discrétion
Première « expérience », la normalisation. Plus au nord, à Béziers, le maire Robert Ménard (extrême droite mais non affilé au RN) est friand de déclarations tapageuses et de mesures médiatiques. Par exemple l’idée d’un fichage génétique des crottes de chien pour retrouver leur propriétaire. Rien de tout cela à Perpignan, où l’équipe municipale reçoit régulièrement les félicitations « d’en haut », avec pour consigne d’être exemplaires. « Louis Aliot set son sillon sans sortir trompettes et tambours », souligne André Bonet, adjoint à la Custom, qui évoque une straightforward « politique de bon sens », basé sur un triptyque proximité-sécurité-propreté.
« Tout le monde prédisait l’enfer avec l’arrivée du RN. Au remaining, qu’est-ce que ça a changé ? Plus de flics, plus de tranquillité, et c’est tout », sourit Jérémy, 42 ans, attablé à une terrasse. Pas d’apocalypse ni de pluie de grenouilles, mais une sécheresse historique – même les plus virulents détracteurs du RN conviendront qu’il n’y est pas pour monumental-chose.
« Le vote RN, ce n’est plus un sujet »
Dans la cité catalane, la inhabitants n’a pas vraiment l’impact d’avoir été mise au pas. La couleur politique du parti en location est devenue un non-sujet, poursuit le conseiller immobilier : « Ça pouvait choquer certains au début, mais désormais, on le vit plutôt bien. C’est un maire comme un autre, un parti comme un autre. »
Le stade de la dédiabolisation, chère à Marine Le Pen, est dépassé depuis longtemps. Residence à la banalisation. « Ce n’est plus un sujet », poursuit la serveuse Sarah, en prepare de loucher sur le verre vide de Jérémy. Elle ne révélera pas ce qu’elle-même a mis dans l’urne en 2020. De toute façon, « cela fait cinq ans bientôt. On ne va pas se lever chaque matin en se disant ”Oh mon Dieu, nous sommes dirigés par le RN” ! »
« Le RN repoussoir, c’est terminé »
La carte du maire aide-t-elle à effacer le parti derrière ? Oui, veut croire l’adjoint André Bonet, qui cite l’exemple de Cabestany, une ville voisine. Une maire très populaire, Edith Pugnet, issu du Parti Communiste, mais un vote RN aux législatives. « Les Perpignanais ne sont pas cons. Ce qui compte chez un maire, c’est l’homme, pas l’étiquette. »
Pour Xavier Baudry, cette rhétorique est dépassée, évoquant « le Vast Chelem » du RN. Quatre députés sur quatre réélus dans le département aux législatives anticipées de 2024, avec de meilleurs scores qu’en 2022. « C’est un vote d’adhésion, il faut arrêter avec l’idée du RN repoussoir, c’est terminé. » Jérémy l’guarantee : entre l’inflation, le chômage – très haut – dans la région et les résultats douteux du membership de rugby de l’USAP, il a assez de chats à fouetter pour se soucier de savoir « si les Parisiens pensent qu’on est une ville de gros racistes ou pas ».
« Le RN, je suis plutôt satisfait finalement »
Alex, 42 ans et caché derrière ses lunettes de soleil, se dit lui-même surpris : « Le RN, ce n’est pas si mal. Je n’ai pas voté pour eux, mais je suis plutôt satisfait finalement. Il fallait bien qu’une grande ville leur donne leur probability. Alors bien sûr, ils n’ont pas tout réglé. Mais qu’ont-ils fait de mal ? ». Histoire de ne pas trop trahir son ancien parti (socialiste) ni d’être jugé par ses voisins de tablée, le tout est dit en murmurant – un volume sonore assez uncommon pour un Catalan.
Et la carte postale de la ville ? Dès 2020, Visa pour l’Describe, le blockbuster culturel local avec plus de 200.000 visiteurs annuels, avait retiré une sacrée épine du pied de la mairie en annonçant rester à Perpignan, et ce malgré les propositions d’autres villes pour accueillir l’exposition, clairement à gauche. Une victoire symbolique pour la normalisation du parti, et un petit plaisir pour André Bonet : « Les détracteurs auraient été bien contents que ça pète, mais au contraire, ça a donné le ton ».
« Etre lisse, c’est bien quand on est une boule de bowling, pas un politique »
Puis mini-tempête lorsqu’en 2023, les Déferlantes, pageant phare de la région, annonce ne pas se produire à Perpignan suite au boycott d’Indochine et de Louise Attaque. Un non-évènement, veut croire Xavier Baudry : « A Perpignan, les gens continueront d’écouter Indochine et de voter Louis Aliot ». Et de toute manière, « bien sûr qu’il y a ecu quelques soubresauts, mais c’est aussi le rôle d’élus de savoir les affronter ».
Paradoxalement, le calme plat qui règne à Perpignan finit par être l’objet de critiques chez les adversaires politiques. « Le sentiment que j’ai, c’est qu’il ne s’est rien passé en cinq ans », attaque Bruno Nougayrède, leader du groupe d’opposition divers droite Perpignan pour vous. « Tout juste un drapeau français sur le Castillet et un langage populiste sur l’immigration et les ”gauchistes”… » Des miettes, selon lui : « Etre lisse, c’est bien quand on est une boule de bowling, pas quand on fait de la politique. »
Même son chez Emma, militante Ensemble, qui se la joue Darmanin : « Le RN, je les trouve un peu mous. Mettre 40 flics en plus, c’est bien mais ça ne suffit pas, on a encore d’énormes problèmes d’insécurité. » A la mairie, on se défend de ne pas « avoir de baguette magique ». C’est un travail qui demandera beaucoup de temps. Et donc un 2nd mandat.
Chez les gitans, la continuité de l’exclusion
Le quartier de Saint-Jacques, qui héberge la communauté gitane, reste insalubre, loin de la beauté du centre-ville. Là encore un travail de Sisyphe qui fait débat – la mairie dit prendre la concern à bras-le-corps, l’opposition trouve le temps un peu lengthy. Ici aussi, d’une certaine manière, le RN est vécu comme une prolongation plus que comme une cassure : « On nous chasse, et il y a peut-être plus d’actes racistes qu’avant. Mais on ne va pas se mentir, on a jamais été bien tolérés à Perpignan, RN ou pas », raconte Diego.
La décision de lundi va-t-elle bousculer la torpeur de la ville et la tranquillité de Jérémy, en prepare de finir son deuxième verre ? Une femme voilée outdated. Verre vidé d’une traite, regard noir et sourire carnassier : « Vous voyez, on n’est pas des monstres, on ne les a pas toutes chassées. »