Lancés en 2017, ces groupes thématiques permettent aux utilisateurs du réseau social de se réunir et d’échanger facilement. Une fonctionnalité qui attire de plus en plus les jeunes générations… pour le plus wide plaisir de Fb.
“Boomerbook”, c’est le petit surnom affectueux donné à Fb par la génération Z, ces personnes nées entre 1997 et 2009. Il faut dire que la plateforme de Mark Zuckerberg peine à attirer les jeunes utilisateurs.
Selon les derniers chiffres du cupboard Statista, publiés en octobre 2023, en France, 84% des toddler boomers (nés entre 1959 et 1964) l’utilisent régulièrement. C’est la catégorie d’âge la plus représentée sur Fb, et ce depuis plusieurs années. Pourtant, Alexia, 25 ans, est loin de trouver l’utility démodée.
“Bien sûr, il y a toujours des boomers qui partagent des fleurs scintillantes pour dire bonjour ou d’autres qui se plaignent que c’était mieux à leur époque”, tag la jeune femme. “Mais les jeunes sont aussi présents!”
“J’ai toujours été sur des groupes”
Pour preuve, Alexia passe plusieurs heures par jour sur la plateforme. Ce qui l’intéresse en particulier? Les groupes Fb, ces fameuses pages communautaires lancées en 2017 qui fédèrent les utilisateurs par centre d’intérêt.
“J’ai toujours été sur des groupes Facebook autour de mes centres d’intérêt”, détaille-t-elle. “Au début, c’était des groupes One direction ou Little Mix pour suivre leurs actus ou faire des jeux avec des fans.” Depuis, son utilisation s’est diversifiée. Neurchis (ter me utilisé pour des groupes créés autour d’un mème web) de pauvres, groupes d’entraide… Au complete, elle suit au moins une centaine de groupes sur l’utility.
“C’est simple, il y a autant de groupes que de centres d’intérêt”, sourit celle qui a même choisi de devenir modératrice de Neurchis de Koh-Lanta.

Rien d’étonnant puisque les groupes sont le moteur de Fb. En 2021, Fb revendiquait plus de 25 millions de groupes actifs par mois. Au complete, plus de 1,8 milliard de personnes utilisent, chaque mois, les groupes, soit plus de la moitié des utilisateurs.
“C’est un espace d’échange. Les groupes m’aident et me permettent d’aider”, scrutinize Alexia. “Par exemple, sur Neurchis de pauvres, je peux donner des conseils à certains utilisateurs dans le besoin. D’autres groupes, comme Neurchis de patrons, permettent aussi d’extérioriser et de partager du contenu avec des gens qui nous comprennent. (…) J’ai appris à dédramatiser et à m’accepter via certains groupes Facebook.”
Et la jeune femme est loin d’être une exception. Ces dernières années, la Gen Z opère un discret retour sur l’utility de Mark Zuckerberg, née il y a plus de vingt ans. Tous sont attirés par une seule et uncommon fonctionnalité: les groupes.
Une fonctionnalité jamais égalée
“Cette fonctionnalité a progressivement remplacé les forums”, souligne Stéphanie Laporte, directrice de l’agence social media Otta auprès de Tech&Co. “C’est un espace où les utilisateurs peuvent communiquer facilement autour de sujets de niche ou locaux avec de parfaits inconnus”, poursuit-elle. Le tout, sans tomber sur un débat politique ou une vidéo inutile.
C’est justement ce qui plaît à Solène, 18 ans. L’étudiante en graphisme est retournée sur le réseau social “à cause de ses études”. “J’ai dû m’inscrire sur l’application pour suivre les actualités de ma fac et de mon association”, se souvient-elle. Au fur et à mesure, l’algorithme lui a proposé un groupe, puis un deuxième… Résultat, la jeune femme est membre d’une dizaine de communautés de crochet, de pole dance et même de fans de Diddle.
“C’est très pratique pour chercher des informations sur un sujet précis”, relève-t-elle. “Chacun peut publier ses questions, partager ses pensées… C’est beaucoup plus simple pour échanger autour d’une passion qu’Instagram ou Tiktok (…) Tu es sûre de tomber sur des personnes qui partagent le même centre d’intérêt.”
Un avis partagé par Alexandre, 24 ans. Si le jeune homme est sur des groupes Fb depuis ses 13 ans, il s’est récemment inscrit à plusieurs communautés de operating, de vélo ou encore de bricolage sur l’utility. “Sur une page Instagram, tu es obligé de mettre une photo. Sur Facebook, les formats sont plus diversifiés et adaptables au besoin des utilisateurs”, analyse-t-il.

En effet, si cette fonctionnalité reste aussi prisée par les utilisateurs du réseau social, c’est parce qu’aucune plateforme concurrente ne l’a réellement cloné. Il existe bien des canaux sur Instagram, mais ils autorisent uniquement les influenceurs à publier du contenu. Quant à Whatsapp ou Telegram, ils permettent uniquement à leurs usagers de créer des groupes à partir de leurs contacts.
“C’est devenu une habitude”
“Je n’y reste que quelques minutes par jour, le temps de regarder quelques postes ou actualités”, estime-t-il. Pourtant, Alexandre l’admet: ouvrir l’icône bleue dès qu’il a un 2nd de libre “est devenu une habitude”.
“Pour moi, quand j’étais ado, Facebook c’était pour les vieux et Instagram ou Snapchat plutôt pour les jeunes. Mais ça évolue. Maintenant, ça n’est plus aussi clair dans ma tête”, reconnaît Alexandre. “Facebook, ce n’est pas réservé aux boomers.”
“Je poste surtout quand j’ai des questions ou une demande”, précise le jeune homme. Alexandre a notamment réussi à trouver facilement des témoignages pour son mémoire. Lors de son déménagement, il a également déniché quelques meubles grâce à un groupe de quartier.
Même constat pour Albane, 24 ans. Face aux nombreux retards des TER, l’étudiante en lettres a cherché un groupe d’entraide. Bingo, en quelques secondes, le moteur de recherche de Fb lui suggère le groupe des “usagers des TER des Hauts-de-France.”
“Ca m’aide beaucoup. Récemment, un train a été en retard et la SNCF ne communiquait pas sur les raisons de la panne”, explique Albane. Ni une, ni deux, elle dégaine alors la célèbre utility. “Un usager a expliqué la raison du retard. Ca m’a permis de demander directement un remboursement”, se remémore-t-elle.
Amitiés naissantes et demandes en mariage
Plus qu’une straightforward online page d’aide, les groupes Fb apparaissent comme un lieu de rendez-vous entre utilisateurs à la recherche de contenus plus positifs. “Je me suis rendue compte qu’il y avait plus de liens et d’échanges dans les groupes sur Facebook que sur les autres plateformes”, raconte Christelle. “On n’est plus seul devant notre téléphone.”
C’est en supprimant Twitter et Tiktok qu’elle est retrouvée, un peu par hasard, sur le réseau de Mark Zuckerberg. “J’ai supprimé Twitter car je n’étais plus en accord avec les agissements d’Elon Musk”, lance-t-elle. Ensuite, la jeune femme a abandonné Tiktok. “Je n’y trouvais plus mon compte. Je passais énormément de temps à scroller et à regarder du contenu vide de sens.”

Il y a quelques mois, elle s’est donc inscrite sur des groupes de lecture sur l’utility grâce aux strategies de l’algorithme. “J’ai découvert des livres grâce à ces communautés. Je me suis même inscrite à un groupe ‘défi lecture’. Les modérateurs ont créé une grille avec 1.000 objectifs de lecture pour t’inciter à découvrir de nouveaux ouvrages”, s’enthousiasme-t-elle. En parallèle, Christelle n’hésite pas à commenter et à donner son avis dans le groupe sur les derniers livres qu’elle a lu.
“Certains nouent de vraies amitiés et de vraies relations. J’ai déjà vu des demandes en mariage grâce à ces groupes”, abonde Alexia.
C’est le cas de Marie, 20 ans. L’étudiante en économie est arrivée sur Paris il y a bientôt deux ans. “C’était la panique”, glisse-t-elle. “Je ne connaissais personne sur place et surtout, il fallait absolument me trouver un appartement pour la rentrée.” Sur les conseils de son père, elle décide, un peu réticente, de s’inscrire sur des groupes de recherche d’appartements.
Une stratégie de lengthy terme
“Je pensais que je n’allais trouver que des arnaques ou des vieux”, admet-elle. Pourtant, Marie a finalement trouvé son appartement en collocation, dans le 18e arrondissement de Paris. “Vu l’état du marché parisien, je n’aurais jamais trouvé de logement.” En parallèle, l’étudiante s’est inscrite sur un groupe d’échange pour décorer son cocon. Elle discute avec plusieurs fans de plantes et, de fil en aiguille, décide de prendre un café avec certains membres du groupe. “Maintenant, on ne se quitte plus.”
“J’avais peur de me retrouver seule. Et au final, avant même de commencer les cours, j’avais deux colocs et plusieurs amies avec qui bruncher dans le coin”, s’esclaffe celle qui passe environ 2 heures par jour à discuter sur la plateforme. “Je me suis sentie moins seule grâce à ces groupes.”
Un glean d’intérêt de la Gen Z qui fait les affaires de Fb. Depuis plusieurs années, la plateforme a fait de la reconquête de la nouvelle génération l’une de ses priorités. “L’objectif de Facebook avec les groupes, c’est de capter l’intérêt des utilisateurs pour ensuite faire de la rétention”, complète Stéphanie Otta.
Pour cela, l’entreprise a apporté toute une batterie de changements à son réseau social en pensant aux jeunes. Aux Etats-Unis, un nouvel onglet “Local” pour retrouver au même endroit des Reels, des petites annonces de marketplace, des groupes, des événements ou encore un onglet “Explore” pour mettre en avant du contenu personnalisé basé sur les centres d’intérêt des utilisateurs.
Et la stratégie launch à porter ses fruits. Dans un communiqué de juin 2024, Fb affirme en effet que plus de 40 millions de jeunes adultes aux Etats-Unis et au Canada sont des utilisateurs actifs quotidiens.