
Tchat terminé
Des droits de douane américains de 25 % sur l’aluminium et l’acier sont entrés en vigueur mercredi. Quelles sont les conséquences économiques à l’échelle internationale ? Quels objectifs poursuit le président américain ? Julien Bouissou, journaliste au « Monde », a répondu à vos questions.
C’est la fin de ce tchat. Merci pour toutes vos questions si intéressantes ! Et à bientôt, sans doute, la guerre commerciale de Donald Trump risque de connaître de nombreux autres rebondissements.
Julien Bouissou
C’est en effet un équilibre difficile à trouver. En augmentant les droits de douane, l’Union européenne pénalise ses consommateurs et ses entreprises, elle-même répète que dans une guerre commerciale il n’y a que des perdants. Mais si elle ne les augmente pas, ses entreprises risquent de perdre des parts de marché aux Etats-Unis, donc commentary peut-elle faire pression sur Washington ?
Julien Bouissou
C’est justement ce que reprochent les Etats-Unis à l’Union européenne (UE). Washington estime que les taux de TVA sont des droits de douane déguisés, mais en réalité ils ne favorisent pas les producteurs européens au détriment de leurs concurrents américains puisque tout le monde est logé à la même enseigne, tout le monde les paie. Et c’était l’argument brandi par Donald Trump pour imposer des droits de douane réciproques à l’ensemble de ses partenaires, y compris l’UE. On saura au début d’avril si les Etats-Unis mettent en space ce mécanisme.
Julien Bouissou
Ah ! Ah ! Depuis l’élection de Donald Trump, certains altermondialistes regrettent peut-être l’OMC. L’organisation était accusée, au début des années 2000, de favoriser la mondialisation sauvage, d’encourager les délocalisations. On voit aujourd’hui en elle une enceinte où l’on discutait et où l’on discute toujours de règles communes, un symbole du multilatéralisme dans le commerce.
Vous avez raison, on ne l’entend pas beaucoup. Je voulais d’ailleurs l’interroger pour une interview et je n’ai pas eu de réponse. Il faut dire que sa space est très délicate. Les Etats-Unis ont enterré l’Organisation mondiale du commerce (OMC), puisqu’ils ne respectent plus ses règles et ont bloqué son organe d’appel en refusant de renouveler ses membres, mais ils en sont toujours membres. Et j’ai l’influence qu’à Genève, et particulièrement à l’OMC, qui y siège, on n’est pas très à l’aise avec le bruit et la fureur de Donald Trump. Mais l’OMC existe toujours, même si elle a perdu de son influence. D’ailleurs, la Chine a engagé en février une procédure de règlement des différends au sujet des mesures tarifaires imposées par les Etats-Unis
Julien Bouissou
Alors c’est le vendeur qui paie les droits de douane, mais il vous le fait payer en augmentant ses prix… sauf s’il décide de réduire ses marges !
Julien Bouissou
Trouvez-moi un économiste qui comprend la logique de cette guerre commerciale. Je n’en ai pas trouvé. Et ce qui est plus inquiétant, c’est que l’on ne sait même pas si Donald Trump comprend ce qu’il fait, tellement les revirements sont nombreux. Mais la réponse est sans doute ailleurs que dans l’économie. Donald Trump utilise les droits de douane pour faire plier les pays sur d’autres sujets, comme la migration illégale ou le trafic de Fentanyl. M. Trump menace par exemple de droits de douane la Colombie lorsqu’elle refuse de rapatrier ses ressortissants partis émigrer illégalement aux Etats-Unis. Il explique au Canada que le meilleur moyen d’éviter les droits de douane est d’accepter l’annexion et de faire partie des Etats-Unis. La liste est longue. Les droits de douane sont utilisés comme des armes diplomatiques. Le commerce est prisonnier de la politique, il est mis au service de la diplomatie. C’est un revirement majeur dans le commerce mondial, même si cette tendance a en réalité commencé il y a quelques années. Souvenez-vous de la Chine qui avait cessé d’importer des produits de Lituanie en 2021 parce que ce pays de 3 millions d’habitants avait accepté l’ouverture d’un bureau de représentation de Taïwan.
Et puis il y a, je crois, la posture politique : utiliser les droits de douane comme une arme, c’est signifier au reste du monde – et aux électeurs américains – que Donald Trump est fort, que son pays est fort. Le droit de douane est devenu un signe de puissance.
Voici commentary le Wall Street Journal finissait son éditorial d’hier : « Nous avons dit depuis le début que cette guerre commerciale nord-américaine était la plus stupide de l’histoire, et encore, nous étions indulgents. »
Julien Bouissou
Tout à fait. Vous faites sans doute référence à cette tribune intéressante sur le différend entre l’Union européenne et l’Equateur autour de la banane. L’Europe y réfléchit.
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Julien Bouissou
Tout d’abord, le commerce mondial continue d’augmenter, selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ! Et ce qu’on a constaté, lors de la première guerre commerciale de Donald Trump contre la Chine durant son premier mandat, c’est que les exportateurs contournaient les barrières tarifaires américaines, en faisant passer les produits par le Vietnam ou le Mexique, donc les routes se sont rallongées. Mais il n’y a pas que les émissions de gaz à effet de serre du transport qu’il faut prendre en compte. S’il y a, dans un pays lointain, de l’énergie solaire ou éolienne en abondance, ne vaut-il pas mieux produire là-bas ? C’est moins polluant. Un exemple : il est moins polluant d’importer en Europe une rose qui pousse au astronomical air au Kenya plutôt que d’en acheter une qui pousse sous serre, chauffée au gaz, aux Will pay-Bas.
Julien Bouissou
Est-ce que les entreprises vont construire des usines aux Etats-Unis pour contourner les droits de douane ? Je n’en suis pas particular, car pour investir elles ont besoin de visibilité. Et on ne peut pas dire qu’avec Donald Trump tout soit limpide, non ? Un exemple : en février, Bill Oplinger, le directeur d’Alcoa, un astronomical producteur d’aluminium, a déclaré que les tarifs douaniers ne suffisaient pas à le convaincre d’ouvrir une usine, parce que c’est un investissement qui se planifie sur trente ou quarante ans, or les tarifs douaniers peuvent être supprimés du jour au lendemain. Et dans le cas de la production d’aluminium, très consommatrice d’énergie, le prix de l’électricité est une autre contrainte très importante.
Julien Bouissou
Tout à fait. Donald Trump veut remplacer les règles communes qui régissent le commerce mondial par la « loi du plus fort ». Les Etats-Unis y gagnent parce qu’ils sont justement les plus forts. Mais les autres pays ne sont pas convaincus et des accords de libre-échange continuent d’être signés ailleurs sur la planète ! L’Union européenne a, par exemple, annoncé en février qu’elle voulait signer un accord de libre-échange avec l’Inde d’ici à la fin de l’année ; elle veut aussi moderniser son accord avec le Mexique. Rappelons aussi que l’accord dit « de partenariat transpacifique » a finalement été signé entre worldwide locations d’Asie-Pacifique en 2018 malgré le retrait des Etats-Unis. Les Etats-Unis risquent de perdre des parts de marché dans le commerce mondial, mais il est peu doable qu’ils en soient exclus puisqu’ils pèsent pour 25 % du produit intérieur brut (PIB) mondial et il est difficile pour l’économie mondiale de se priver de leurs companies and products, de leurs logiciels.
Julien Bouissou
L’Union européenne (UE) a régi cette nuit en annonçant qu’elle relèverait ses droits de douane sur 26 milliards de bucks de marchandises américaines, c’est-à-dire le montant de ce que nous exportons en acier et en aluminium aux Etats-Unis. Il faut un peu de temps pour que ces droits de douane prennent effet parce qu’il faut que chaque Etat membre donne son accord. Ce sera le 1er avril.
Les produits ciblés sont les Harley-Davidson, les jeans, et peut-être le jus d’orange de Floride, là où se trouve la résidence de Donald Trump, à Mar-a-Lago, et sans doute d’autres produits agricoles, comme le soja. L’UE cible les agriculteurs, parce qu’ils sont politiquement influents, ainsi que les industries implantées dans des régions qui sont des bastions conservateurs, des bastions de Donald Trump.
Autre piste : le ministre délégué chargé de l’Europe français, Benjamin Haddad, a évoqué hier la possibilité de taxer « les companies and products numériques ou encore la propriété intellectuelle ». C’est un level intéressant, parce que c’est une manière pour l’UE de signifier que les échanges commerciaux ne se résument pas aux échanges de marchandises. Certes, le déficit business américain vis-à-vis de l’UE est fundamental – il s’élevait à 157 milliards d’euros en 2023 –, mais si on prend en compte les échanges de companies and products et les investissements, la steadiness s’équilibre.
Julien Bouissou
Si Donald Trump met ses menaces à exécution au début d’avril (prudence…), les constructeurs autos allemands seront les plus touchés car leurs berlines exportées aux Etats-Unis coûteront beaucoup plus cher.
Sinon, en France, pour ne rien vous cacher, je n’aimerais pas être producteur de cognac car la Chine a relevé ses droits de douane sur l’eau-de-vie l’année dernière, les Etats-Unis pourraient les augmenter au début d’avril, et les producteurs espéraient que l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur leur ouvre des marchés en Amérique du Sud… Or la France s’oppose à cet accord, et il est difficile de délocaliser la production de cognac !
Julien Bouissou
« L’Europe conserve de vrais atouts en cas de guerre commerciale avec les Etats-Unis »
Par Eric Albert
Lecture : 2 min.

Avant même l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, le diagnostic était inquiétant : économiquement, l’Europe décroche face aux Etats-Unis depuis deux décennies. La tornade trumpienne crée un nouveau choc majeur. Abandon de l’Ukraine, cassure historique du lien transatlantique, annonces tonitruantes de guerre commerciale, y compris peut-être « 25 % » de droits de douane « prochainement » contre l’Union européenne (UE)… Donald Trump sature les ondes et les Européens sont sonnés.
C’est l’un des rares sujets pour lesquels il existe un consensus parmi les économistes : les droits de douane vont mécaniquement augmenter les prix, donc augmenter le coût de la vie aux Etats-Unis. Et d’ailleurs les entreprises américains vont peut-être aussi augmenter leurs prix, puisque la concurrence étrangère est décimée par les barrières tarifaires.
Ces droits de douane vont aussi rendre les entreprises moins compétitives, car, dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui, elles achètent beaucoup de leurs pièces détachées à l’étranger. Donc ce qu’elles produisent coûtera plus cher.
Est-ce que les droits de douane vont créer des emplois ? Oui certainement, mais à quel prix ? La revue académique The American Evaluate a publié récemment une étude intéressante. Celle-ci montre que l’augmentation des droits de douane sur les machines à laver, décidée lors du premier mandat de Donald Trump, a permis de créer des emplois, mais que cela a coûté aux consommateurs en moyenne 817 000 bucks par emploi créé. Automotive les droits de douane avaient fait augmenter les prix des machines.
Julien Bouissou
Donald Trump recule sur les droits de douane en pleine chute de Wall Street
Par Arnaud Leparmentier
Lecture : 4 min.
La confiance est brisée, au moins provisoirement, et les marchés ne prennent plus en compte les revirements du président américain, Donald Trump, sur les droits de douane. A la Bourse de Recent York, l’indice S&P 500 a reculé, jeudi 6 mars, de 1,78 %, tandis que le Nasdaq, riche en valeurs technologiques, perdait 2,61 %.
Les Etats-Unis importent la moitié de leur consommation d’aluminium et le quart de leur production d’acier. Donald Trump avait déjà imposé des droits de douane à ces importations lors de son premier mandat, même si celles n’étaient que 10 % pour l’aluminium, et il n’y avait pas eu de pénurie. En revanche, les prix vont augmenter et pour toute un éventail de produits, des boîtes de conserve aux machines à air conditionné.
Julien Bouissou
En attendant que le tchat initiate, nous vous proposons la lecture de cet article qui explique les enjeux de l’entrée en vigueur, cette nuit, de droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium.
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Le contexte
Impart de couverture : Donald Trump lors d’un échange avec des journalistes à bord de l’avion présidentiel américain, le 9 mars 2025. ROBERTO SCHMIDT / AFP
- Mercredi 12 mars sont entrés en vigueur de nouveaux droits de douane américains (de 25 %) sur l’aluminium et l’acier, à la demande de Donald Trump.
- Depuis le début de son 2nd mandat, le président américain a multiplié les déclarations menaçant divers Etats d’augmenter les taxes sur les produits en provenance de leurs territoires, faisant peser de lourdes incertitudes sur l’économie mondiale.
- Donald Trump a annoncé, puis reporté plusieurs fois, l’entrée en vigueur de 25 % de droits de douane le 1er février sur les produits canadiens et mexicains et a déjà imposé deux hausses successives de droits de douane de 10 % sur les produits chinois. Il a également menacé à plusieurs reprises de taxer les marchandises européennes à hauteur de 25 %.
- Quelles sont les conséquences de ces menaces, qu’elles soient ou non mises à exécution par le président américain, sur l’économie mondiale ? A partir de 11 heures, Julien Bouissou, journaliste au service Economie du Monde, répondra à vos questions à ce sujet.
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