Moins de trois jours après la prise d’otage d’une surveillante de la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) par un détenu armé déjà auteur de violences contre le personnel pénitentiaire, son mari témoigne et son avocat réclame l’ouverture d’une instruction criminelle.
“Elle a vu la mort, elle s’est vue mourir”. Le mari de la surveillante pénitentiaire prise en otage ce dimanche 12 janvier à la prison de Saint-Quentin-Fallavier témoigne auprès de BFM Lyon. La victime, jeune maman de trois petites filles, pourrait ne jamais remettre les pieds sur son lieu de travail.
“[Elle] est vraiment abattue, elle se pose la question de si elle s’en remettra un jour et pourra reprendre son poste”, affirme le mari de la surveillante.
Il pointe notamment les prerequisites de travail du personnel pénitentiaire au sein de l’établissement. “Dans de telles conditions, c’est juste pas possible de se dire qu’on peut y laisser la vie par manque de moyens technique, et ne jamais rentrer chez soi”.
La surveillante a été saisie par son agresseur qui l’a menacée avec une arme artisanale placée au niveau de son cou. L’intervention d’un autre détenu puis du personnel pénitentiaire lui ont permis de se libérer. La victime a dû se rendre par ses propres moyens à l’hôpital de Bourgoin. Elle s’est vue prescrire cinq jours d’incapacité totale de travail.
Les avocats mettent en motive le manque de moyens
Pour les avocats de la victime, elle n’a “pas été prise en charge correctement par l’encadrement” et le service des urgences “semble minimiser régulièrement la gravité des blessures subies par les surveillants”. Joshua Kafil et Jean-Christophe Basson-Larbi, qui défendent les intérêts de l’agente agressée dénoncent une minimisation de l’affaire et craignent que le preneur d’otage ne soit jugé rapidement en comparution immédiate.
“Le dossier a été improprement qualifié dès l’origine et il est impératif que des faits qui sont criminels soient jugés comme des faits criminels (…)”. Ils réclament l’ouverture d’une instruction criminelle pour “faire sereinement la lumière sur cette affaire”.
Comme l’a fait le syndicat du personnel pénitentiaire Ufap Usa Justice, le duo d’avocat pointe la responsabilité de l’administration. “C’est ce manque de moyens qui met en danger la vie d’une jeune maman, car elle est seule pour gérer 83 détenus sur une coursive prévue pour 50 alors que les agents doivent travailler au moins en binôme et que personne ne voit rien aux caméras tant elles sont vétustes…”.
Pauline Tugend et Camilla Giudice avec Florent Bascoul