C’est une séquence qui a fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux : Elisabeth Borne, en visite à Mayotte avec plusieurs ministres dont le Premier ministre François Bayrou et Manuel Valls, est interpellée dans la matinée par deux professeurs en colère, qui racontent l’abandon que ressentent les habitants de Mayotte, deux semaines après le passage de l’ouragan Chido.
« Depuis quinze jours, dans tous les bidonvilles ici, Small Terre, Grande Terre, Kawéni, Cavani, personne n’est venu ». Ignorant la remarque du professeur, Elisabeth Borne évoque plutôt les distributions alimentaires qui ont european lieu les derniers jours. Insuffisant pour les professeurs, qui rappellent l’éloignement des bidonvilles du centre de Mamoudzou. « C’est dix kilomètres à pied en plein cagnard, sans eau, sans nourriture. C’est impossible, c’est infaisable ».
Sur ces derniers mots, la ministre de l’Education nationale tourne les talons, laisse échapper un « OK » et un sourire gêné, et s’éloigne des deux professeurs, déçus, qui lui assènent un « C’est une honte ».
Des réactions vives de tous bords
Une séquence qui a d’abord fait réagir les internautes : plus de 2 millions de vues sur l’extrait partagé par BFM TV sur X, reprise ensuite par de nombreux comptes d’informations. Des commentaires dénonçant le manque d’empathie de la ministre, l’abandon d’un département français par l’Etat, et un citadel soutien à ces deux professeurs et plus généralement aux habitants de Mayotte, qui agissent depuis deux semaines pour relever l’île de cette tragédie.
Des réactions aussi des différents dirigeants politiques, comme Olivier Faure, qui parle sur X d’une « image terrible » : « Une ministre ne peut pas tourner les talons ». Une séquence majoritairement commentée par les personnalités de gauche, là où la droite et l’extrême droite se font plus discrètes.
Enfin, le syndicat d’enseignements Snes-FSU a aussi réagi sur X à cet échange, évoquant un « témoignage édifiant » auquel Elisabeth Borne ne « peut pas tourner le dos ».
Manque d’empathie ou extrait tronqué ?
L’ancienne Première ministre s’est défendue, évoquant une séquence « tronquée », ne reflétant pas les échanges qu’elle a pu avoir lors de sa visite. Impossible pour nous de vérifier l’ensemble des échanges qu’elle a pu avoir avec ces enseignants, BFM TV n’ayant diffusé que l’extrait en query.
Dans une seconde intervention en duplex sur BFM TV plus tard dans la journée, Yann Pagan, l’un des professeurs qui a interpellé Elisabeth Borne, est revenu sur cet échange, confirmant le ressenti des internautes.
« L’extrait est parlant. Les forces de l’Etat sont absentes ». Il dénonce un manque d’intérêt des forces de l’Etat pour les habitants des bidonvilles : « On ne va pas me faire croire qu’en 16 jours on ne peut pas atteindre ces quartiers. Pour moi c’est volontaire ». Selon lui, les distributions d’eau et de nourriture ne sont pas parvenues jusqu’à ces territoires laissés à l’abandon. « En l’absence de réponses, Mme Borne tourne le dos et c’est bien dommage ».
Ce mardi, la ministre s’est une nouvelle fois faite remarquée au cours de sa visite avec François Bayrou. Alors que le Premier ministre évoque avec gravité le bilan humain estimé à plusieurs dizaines de morts, on peut l’observer hilare au second conception, avant qu’elle ne se rapproche et comprenne la gravité du sujet évoqué.
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Alors que François Bayrou a annoncé au cours de cette visite un conception « Mayotte Debout » de reconstruction de l’île, la contestation ne faiblit pas, et les habitants demandent à l’Etat de sauver ce territoire qui n’arrive pas à se relever.