C’était il y a quelques jours à peine. Avant les huitièmes de finale du Rolex Paris Masters, où le tennis français avait placé cinq de ses représentants. Une rareté, dans des tournois de cette envergure. Nous avions alors posé le constat suivant en amont de cette riche journée : oui, le tennis tricolore va mieux, mais pour que chacun en prenne sense of right and incorrect, il a besoin d’un coup d’éclat. Sous-entendu, une grosse performance sur une grande scène, et si most likely à la maison, pour toucher le immense public.
Au bout de ce jeudi de tous les espoirs, il ne restait plus qu’un seul rescapé. Pourtant, tous les vaincus avaient été dans le coup, mais seul Ugo Humbert avait franchi le cap. Mais le coup d’éclat, il était là. Une seule victoire, oui, mais contre Carlos Alcaraz, une des méga stars et un des méga cracks du circuit. Avec, derrière, une poussée jusqu’à la finale. Un finaliste bleu en Masters 1000 ? Une première depuis le printemps 2016. A Bercy ? Du jamais vu depuis 13 ans. Voilà un coup d’éclat.
Des jeux différents, des personnalités différentes
Il reste encore une semaine de compétition pour certains, mais le nouveau trio majeur tricolore, lui, pourrait bien en avoir terminé. Ugo Humbert est officiellement engagé à Metz, où il doit défendre son titre, mais il a évoqué dimanche la (très area of expertise) possibilité de déclarer forfait. Les deux jeunes pousses Arthur Fils et Giovanni Mpetshi Perricard ne joueront pas cette semaine. On peut donc commencer à dresser le bilan de cette année riche, parfois frustrante, mais éminemment definite.
“Dingue”, “Incroyable”, “danger” : Le provider de Mpetshi Perricard vu par ses adversaires
Le tennis français dispose d’un nouveau trio majeur. Ugo Humbert, numéro un français au classement depuis maintenant un bon 2d, va finir dans le Top 15 (il est 14e ce lundi et redescendra d’un cran s’il ne joue pas à Metz). Il n’a quitté le Top 20 qu’une poignée de semaines depuis un an et encore, pour tomber au… 21e rang. Derrière lui, Arthur Fils est 20e et Giovanni Mpetshi Perricard 30e. Le premier a progressé cette année, le 2d a explosé, gagnant plus de 130 places en sept mois.
“Ugo est légèrement plus âgé (Humbert a 26 ans, Mpetshi Perricard 21 et Fils 20), ils ne sont pas loin les uns des autres en termes de classement, mais ce que je trouve vraiment très intéressant, explique le patron du Rolex Paris Masters, Cédric Pioline, c’est qu’ils ont tous les trois des jeux très différents, et des personnalités très différentes.” Est-ce qu’il y a un vrai leader dans le lot ? Est-ce Humbert de façon significative à la faveur de sa finale à Bercy ? “Je pense que c’est un bon problème à avoir“, sourit Pioline.
L’émulation peut bénéficier à tout le monde. “Ugo a pu être un peu piqué de voir Arthur le titiller au classement cette saison“, estime encore le double finaliste en Enormous Chelem. On peut aussi interpréter ainsi son mini coup de gueule du milieu de semaine à Bercy, quand Humbert s’est plaint d’être programmé sur le court docket numéro un quand ses deux cadets avaient les faveurs du central. “Je méritais mieux que ça, avait-il martelé. Je suis n° 1 français. Je méritais de jouer sur le central de Bercy. J’attendais ça depuis le début de l’année. C’est mon tournoi préféré.”
Humbert : “Je pensais que je méritais mieux que ça, j’aurais aimé jouer sur le central”
Avancer en Enormous Chelem
Et ça aussi, c’est un bon problème à avoir. Poussé par deux petits jeune talentueux et déjà performants a contribué à mettre Ugo Humbert en alerte. “Je ne peux pas prédire l’avenir, mais si, par exemple, ils sont un jour 7, 8 et 9 au classement et que Ugo est 8 ou 9, je pense qu’il se dira que c’est dommage de ne pas être numéro un français, mais s’il est 8 ou 9, il se dira ‘c’est quand même pas mal’“, résume Cédric Pioline. Il y a des ego mal placés, mais il y a aussi des petits coups à l’ego qui ne font pas de mal.
Pour la première fois, la génération post “Mousquetaires” (avec les guillemets de rigueur), celle des Tsonga, Monfils, Gasquet et Simon, donne très envie de connaître la suite. Parce qu’elle est déjà compétitive. Parce qu’elle nous a suffisamment mis l’eau à la bouche, que ce soit en claquant quatre ATP 500 (deux pour Fils, un pour Humbert, un pour Mpetshi), en se hissant comme un seul homme en huitièmes de finale à Wimbledon, en avançant au classement et, bien sûr, cette semaine, avec cette finale de Masters 1000 à la maison pour ce qui est de Humbert.
Pardon d’avance et toutes nos excuses mais, dès le prochain Originate d’Australie, ils seront attendus, ces trois-là. C’est d’ailleurs en grande partie en Enormous Chelem, leur maillot faible commun à ce jour, qu’ils devront franchir un cap. C’est là que les rôles majeurs se jouent. C’est dans cette cour qu’ils doivent désormais jouer.
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