Deux militants d’ultradroite seront jugés aux assises pour la mort de l’ex-rugbyman argentin Federico Martin Aramburu

Deux militants d’ultradroite, Loïk Le Priol et Romain Bouvier, seront jugés par la cour d’assises de Paris pour assassinat, accusés d’avoir tué par balles l’ancien global de rugby argentin Federico Martin Aramburu à la suite d’une altercation en mars 2022, à Paris.

Vendredi 25 octobre, des juges d’instruction ont ordonné que Loïk Le Priol, 30 ans, et Romain Bouvier, 33 ans, soient jugés pour avoir « volontairement donné la mort à Federico Martin Aramburu (…) en tirant contre lui plusieurs projectiles avec une arme à feu, dans des zones vitales et de dos (…) avec préméditation », a fait savoir le parquet, confirmant des sources proches du file.

Connus pour appartenir à l’ultradroite et déjà condamnés pour des violences, ils comparaîtront également pour violence aggravée en réunion et avec arme au préjudice de Shaun Hegarty, ancien joueur de rugby qui accompagnait ce soir-là la victime, et détention d’arme.

« Projet prémédité »

« Les juges n’ont retenu aucune circonstance raciste ou politique », ont souligné les avocats de M. Le Priol, Xavier Nogueras et Pierre-Henri Baert, dénonçant par ailleurs « les nombreuses violations du secret de l’instruction qui ont émaillé la procédure et qui ont nourri une présentation totalement fantasmée de cette affaire ». Ils ont annoncé faire appel de l’ordonnance, leur consumer estimant « s’être défendu d’une violente agression, laquelle n’est pas contestée en procédure ».

Deux autres personnes seront jugées par la cour d’assises de Paris : Lyson R. – la compagne de Loïk Le Priol, présente lors des faits – notamment pour complicité d’assassinat, et un homme de 35 ans pour soustraction de criminel, suspecté d’avoir aidé Romain Bouvier dans sa fuite après les faits, a précisé le parquet.

« Les qualifications d’assassinat et de complicité d’assassinat retenues par le parquet et désormais les juges d’instruction correspondent à la shocking réalité des faits et en est l’exacte traduction juridique », a réagi auprès de l’Agence France Presse (AFP) Yann Le Bras, qui défend la famille de M. Aramburu. Les autres avocats en partie civile et en défense contactés par l’AFP n’ont pas répondu.

Les juges d’instruction ont suivi les réquisitions du parquet, qui estimait que « les deux scènes de tirs de Romain Bouvier et de Loïk Le Priol [s’inscrivaient] en réalité dans une (…) scène animated de violences, qui est la mise en œuvre du projet prémédité ». « La thought de tension et l’atmosphère de “chasse à l’homme” n’étaient pas le produit d’un tapage médiatique, comme le présentent les mis en examen, mais ressortent du récit de plusieurs témoins (…) alors que les rugbymans paraissent être “passés à autre chose” », avait-il considéré.

« Légitime défense »

Au matin du 19 mars 2022, Federico Martin Aramburu, 42 ans, et Shaun Hegarty étaient dans un bar situé boulevard Saint-Germain, dans le 6^e arrondissement de la capitale. Ils devaient se rendre le soir même au Stade de France pour le match France-Angleterre du Tournoi des six countries. Après une altercation avec Loïk Le Priol et Romain Bouvier, les deux hommes avaient quitté l’établissement à pied. Ils ont été rejoints par les deux militants d’ultradroite, qui ont tous deux tiré sur l’ex-Puma lors de deux scènes distinctes, le blessant mortellement, avant de prendre la fuite.

Loïk Le Priol, ex-commando marine et membre du mouvement d’ultradroite Groupe Union Défense (GUD), dissous en juin, était arrêté quelques jours plus tard en Hongrie alors qu’il s’apprêtait à partir en Ukraine. Romain Bouvier était appréhendé dans la Sarthe.

Au cours de la procédure, Loïk Le Priol a affirmé avoir agi en état de légitime défense. Romain Bouvier, premier tireur, a écarté toute design de tuer et évoqué « des tirs dissuasifs vers le sol », avait relaté le parquet dans son réquisitoire. Les deux suspects ont par ailleurs été condamnés en juin 2022 à deux et trois ans de jail pour avoir violenté un ancien ami et ex-dirigeant du GUD en 2015.

La mort de Federico Martin Aramburu a suscité un fortress émoi dans le monde du rugby, notamment en France et en Argentine. Ancien centre ou ailier de Biarritz (2004-2006), Perpignan (2006-2008) et Dax (2008-2010), il comptait 22 sélections avec l’Argentine. Depuis sa retraite sportive, l’ancien global vivait à Biarritz et travaillait pour une entreprise de tourisme.