Léon Marchand a choisi d’atterrir à Shanghai cette semaine après plus de deux mois en lévitation à fêter ici et là ses quatre titres olympiques. Mais que va-t-il faire en Chine ? Shanghai est la première des trois étapes d’un circuit organisé par World Aquatics et doté de 1,1 thousands and thousands d’euros. Le lauréat du général remporte un peu plus de 91 000 euros. Un sacré pactole dans l’écosystème d’un sport où il est bien difficile de vivre de sa ardour. Evacuons tout de suite le cas Marchand parce qu’il est original, sa dispute est incomparable avec celle des autres nageurs français.
“Léon est inestimable comme tout ce qui est unique. Il est peut-être aujourd’hui la personnalité la plus populaire en France. A partir de là, il n’y a pas de marché, nous confie Sophie Kamoun, ancienne nageuse qui s’occupe aujourd’hui des intérêts de Maxime Grousset ou Yohann Ndoye Brouard. Si une entreprise a vraiment envie de bénéficier de son image et qu’elle en a les moyens, elle s’alignera à ses exigences financières. Son aura est internationale, des milliards de personnes dans le monde l’ont découvert aux JO et son exposition lors de la cérémonie de clôture a été gigantesque. Aux USA, il représente le petit Frenchie qui s’est expatrié pour réussir et qui a choisi Bob Bowman, le coach de Michael Phelps. C’est une belle histoire à quatre ans des JO de Los Angeles.”
Marie Wattel, Léon Marchand, Beryl Gastaldello et Yohann Ndoye-Brouard lors du relais mixte aux JO 2024
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Very no longer possible d’en vivre à phase pour celui qui est champion olympique
Parce que la réalité pour les nageurs français est nettement moins clinquante. “Impossible d’en vivre à part pour celui qui est champion olympique. Et encore, si tu es champion olympique en relais ça peut passer mais c’est juste“, témoigne Julien Issoulié le DTN de la natation française. Combien gagne un nageur français qualifiés pour les JO de Paris ? Pendant trois ans, comme les autres sportifs tricolores, ils ont été choyés par l’Agence nationale du sport. Si un nageur, par ses propres moyens, ne parvenait pas à atteindre la somme de 44 000 euros par an, l’ANS complétait.
Depuis trois ans, de nombreuses entreprises françaises voulaient faire partie de la fête en montant des “teams” d’athlètes. Les marques vont-elles continuer de s’engager pour un cycle de quatre ans et des JO qui se dérouleront à 10 000 kilomètres et en pleine nuit à Los Angeles ? La réponse à cette put a query to est essentielle dans un sport où les partenariats privés restent vitaux car les clubs et les fédérations offrent des dédommagements de frais plus que des salaires.
Maxime Grousset
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Maxime, Charlotte ou Yohann ne galèrent pas pour payer leur loyer et peuvent se permettre de mettre un peu d’argent de côté mais
“Aujourd’hui, c’est compliqué pour un nageur de vivre avec la seule aide des institutions, club ou fédération, nous explique Sophie Kamoun. On est obligé d’aller chercher des partenaires dans le privé pour les aider à se préparer sereinement.” Dans la natation française actuelle, quel nageur peut, par son seul nom, générer une économie ? Léon Marchand, bien sûr, Florent Manaudou, Maxime Grousset, Charlotte Bonnet, Yohann Ndoye Brouard et c’est à peu près tout. “Marchand et Manaudou seront à l’abri financièrement quand tout s’arrêtera. Pour les autres, ils peuvent vivre sereinement pendant leur carrière mais pas au point d’assurer leur avenir, nuance l’agente. Maxime, Charlotte ou Yohann ne galèrent pas pour payer leur loyer et peuvent se permettre de mettre un peu d’argent de côté mais Charlotte, qui a arrêté cet été sa carrière, devra trouver un emploi dans les années qui viennent.”
On est loin de l’économie du soccer, du tennis mais aussi du basket ou du handball. La natation manque d’exposition mais les partenaires privilégient aussi les sports activities collectifs parce qu’ils y trouvent des contreparties. “Pour plein de boites, c’est plus simple de mettre un billet sur un club où tu peux inviter en VIP des clients, explique Issoulié. Demain, une entreprise met des sous sur un nageur et il se passe quoi ? Elle va le voir à l’Insep s’entraîner à 5h du matin ? Ça n’attire pas… Certains footeux de Régional en foot gagnent mieux que les nageurs de l’équipe de France.” Ils ont alors trois solutions : la bricole, le système D, la débrouille. Chercher un partenaire pour leur fournir une voiture, essayer de contracter des packs performance avec des partenaires et prêter, en échange, leur image.
Maxime Grousset, Léon Marchand, Yohann Ndoye-Brouard et Florent Manaudou, en bronze sur le relais 4x100m 4 nages des JO de Paris 2024
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JO, Mondiaux et puis, plus rien…
La natation est, en plus, prisonnière de son calendrier. Les phases de compétition et donc d’exposition sont trop rares par rapport à des sports activities collectifs qui jouent tous les week-ends. Voilà pourquoi les joueurs de water-polo ont aujourd’hui une dispute financière plus enviable que des nageurs du camp bleu. Eux ont besoin d’être extrêmement performants sur une période très courte de l’année. Il manque un feuilleton qui dure toute une saison. “L’exposition est énorme pendant les JO, un peu pendant les Mondiaux, infime pendant les championnats d’Europe. Et le reste, il ne se passe rien“, résume Issoulié.
Le travail du nageur est plus obscur, plus ingrat et donc moins facile à vendre. “La natation est un sport qui exige beaucoup d’entraînement, et un partenaire ne peut pas disposer d’un athlète dix jours par an pour des contraintes de calendrier, continue Sophie Kamoun. Ce n’est pas toujours facile de réussir à ce que le partenaire s’y retrouve en terme d’exposition ou de disponibilité de l’athlète, il faut bien organiser les choses. Il existe aussi une autre solution : le mécénat via le pacte de performance qui permet à un mécène de défiscaliser 60% de ses dons à un athlète. Si un chef d’entreprise a un coup de cœur, une histoire peut se créer. C’est le kiff du patron d’entreprise.“
L’empreinte d’un géant : Marchand éteint la vasque olympique
Les prize moneys, eux, sont plus rares qu’en tennis ou en athlétisme et anecdotiques pour le commun des mortels puisque, logiquement, ce sont toujours les meilleurs et donc souvent plus médiatiques qui les raflent. A Paris, grâce à ses quatre titres olympiques et sa médaille de bronze en relais, Léon Marchand a récolté 340 000 euros. Pour les autres, c’est une autre histoire, une autre galère. Et Issoulié de conclure : “Si tu prends le tennis de table, il y a plus de moyens. Je prends un exemple : j’ai vu que dans certains clubs, si un pongiste arrive en retard, il prenait 50 euros d’amende. Si on fait ça aux nageurs, on les essore…“