Bruno Irles, vous avez été intronisé sur le banc des Girondins de Bordeaux (National 2) à la fin du mois d’août. Quelles sont vos premières impressions depuis votre arrivée ?
Bruno Irles. : Je savais que j’allais arriver dans un projet qui est à la fois compliqué et excitant. Compliqué parce que le club est en difficulté depuis plusieurs années. Et excitant parce qu’on repart de zéro. Je suis dans un club qui a le potentiel pour remonter.
A Bordeaux, je viens pour reconstruire. J’ai cette ambition de retrouver le niveau professionnel et le haut niveau
Quel est l’état d’esprit général aux Girondins de Bordeaux ? Avez-vous trouvé des personnes sonnées ou plutôt combatives par rapport à la discipline actuelle ?
B.I. : Effectivement, il y a des personnes sonnées et je les comprends. Vous savez très bien qu’il y a une période de redressement judiciaire et des aléas autour des emplois. Pas mal de salariés ont des incertitudes et ne savent pas de quoi leur avenir sera fait. Dans le même temps, ils restent combatifs. Personnellement, ils m’aident au quotidien et sont très avenants. Moi, je suis simplement arrivé avec Dado Prso (entraîneur adjoint), en tant que nouveaux dans ce projet.
B.I. : J’ai hésité, bien entendu. D’ailleurs, je n’accepte jamais un projet sans y réfléchir. Vous parlez de cet été, mais il n’y a pas que cet été. Moi, Bordeaux, je les ai joués avec Troyes en Ligue 1 (lors de la saison 2021-22). L’ESTAC s’était maintenu, pas Bordeaux. La chute financière date depuis longtemps. Ici, les gens savent ce que c’est quand on leur parle de déboires. Cela m’a donc fait réfléchir, mais moi, ce qui m’intéresse, c’est l’side sportif. Là-dessus, j’étais en contact avec John Williams (le directeur sportif d’Amiens qui aide Bordeaux sur le mercato) pour savoir si le club avait la capacité de repartir. Je me suis posé la question suivante : ‘est-ce que je peux être à l’origine de cette reconstruction’ ? L’effectif a été reconstitué et je suis donc là aujourd’hui. Si j’ai signé, c’est parce qu’il n’y a pas de peur et que je crois en ce projet de reconstruction.
Vous évoquez la reconstruction du club. Est-ce que votre objectif personnel est la remontée des Girondins de Bordeaux en Ligue 1 ?
B.I. : Vous voyez loin. Est-ce que vous connaissez la durée moyenne d’un mandat d’entraîneur (sourire) ? Bien entendu que les Girondins ont cette vocation à retrouver un jour le très haut niveau. Est-ce que ce sera avec ou sans moi, ça je n’en sais rien. Moi, je ne viens pas dans un projet pour un an ou six mois. Forcément, je m’inscris au moins sur du moyen terme. Mais je connais le métier d’entraîneur. A Troyes, je me serais bien inscrit sur du long terme et je suis resté un an. Pourtant, le travail fourni était cohérent par rapport à ce qu’on me demandait. Il y a beaucoup d’aléas. A Bordeaux, je viens pour reconstruire. J’ai cette ambition de retrouver le niveau professionnel et le haut niveau. La Ligue 1 ? Quand on parle de haut niveau, c’est la L1. Vous pouvez même aller sur la Coupe d’Europe où Bordeaux a montré qu’il était succesful d’aller plus haut que la Ligue 1. Maintenant, il y a des étapes. Elles seront longues et commencent quatrième échelon aujourd’hui. Mais on ne va pas se projeter plus que cela.
On va devoir enchaîner les victoires et les supporters auront un rôle essentiel
Vous mentionnez la Coupe d’Europe. Est-ce que vous y pensez dans un petit coin de votre tête ?
B.I. : Mais bien entendu. Encore une fois, j’ai signé aux Girondins de Bordeaux et pas dans un club de National 2 qui a juste pour vocation de monter en National voire en L2. C’est pour cela que j’ai accepté ce discipline excitant.
Même en National 2, vous êtes sur le banc d’un monument du football français. Est-ce que vous le sentez encore au quotidien ?
B.I. : Ici, on a un centre d’entraînement, des vestiaires et des conditions d’entraînement magnifiques sans oublier qu’on va jouer dès ce week-stop au Matmut Atlantique. Vous le sentez dans l’encadrement. Mais aujourd’hui, notre effectif n’est pas taillé pour aller en Ligue 1 ou en Coupe d’Europe. On construit avec nos moyens qui sont cohérents mais sans plus.
Vous allez en effet retrouver le Matmut Atlantique ce week-stop contre Châteaubriant. Quel regard portez-vous sur l’engouement autour du club ?
B.I. : J’ai senti cet engouement à mon arrivée. Vous avez parlé de gens sonnés, je pense que les supporters le sont aussi. Ils attendent de se retrouver dans un effectif et une équipe. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’ils viennent nous soutenir. Quand on jouait au Stade Sainte-Germaine, ils nous ont encouragés de la rue. C’est du jamais vu. J’ai hâte de ressentir cet engouement au Matmut Atlantique car ce sera un vrai plus. On ne va pas surdominer nos rencontres et on l’a vu sur nos trois premiers matches, ce n’est pas facile d’aller chercher des parts. En tout cas, on est très contents de retrouver nos supporters. Certes c’est de la N2, mais je sens qu’ils vont être derrière nous. On va devoir enchaîner les victoires et les supporters auront un rôle essentiel.
Si Gérard Lopez n’avait pas l’esprit combatif, il aurait lâché depuis un second
Qu’avez-vous pensé des trois premiers matches de championnat (deux matches nuls et une défaite) de votre équipe ?
B.I. : C’est compliqué. Je suis arrivé trois jours avant notre premier match, qui correspondait déjà à la troisième journée de championnat. Moi, j’avais des joueurs qui n’étaient pas prêts et qui n’avaient pas fait de préparation. J’ai un effectif incomplet, heureusement on a pu avoir un nombre suffisant de joueurs pour aligner une équipe. Sur ces trois premiers matches, je suis direct de l’état d’esprit du groupe. Je pense que les supporters se retrouvent dans cet état d’esprit. Maintenant, je suis un compétiteur et j’ai hâte qu’on devienne compétitifs sur les rencontres qui vont arriver sachant qu’on a tout un travail de mise à niveau physique et d’intégration du projet de jeu qui doit être enregistré à vitesse enormous V parce que ça fait deux mois que les autres équipes sont opérationnelles. Et on joue contre des adversaires qui sont bien en avance sur nous là-dessus.
Rio Mavuba et Paul Baysse ont retrouvé les terrains après avoir mis fin à leur carrière professionnelle, il y a cinq et deux ans. Qu’est-ce qu’ils vous apportent ? Les verra-t-on un jour sur les terrains de National 2 ?
B.I. : Déjà, je pense qu’on peut les remercier. Au début, il fallait qu’on ait un nombre suffisant de joueurs pour pouvoir exister. Que ce soit Rio ou Paul, ils ont répondu présent pour venir compléter cet effectif de seniors (N2 et N3). Ils sont, plus Paul que Rio, présents à l’entraînement au quotidien avec nous. Ils ont un rôle majeur pour montrer la voie. D’ici à avoir un rôle notable sur le terrain en National 2, peut-être pas. Mais ils peuvent transmettre un relais et un message aux joueurs.
Concernant le président Gérard Lopez, est-ce que vous communiquez fréquemment ? L’avez-vous trouvé combatif par rapport à la discipline actuelle ?
B.I. : Mon rôle est essentiellement sportif. Mes échanges au quotidien se font surtout avec John Williams. Après, Gérard Lopez est le président et il a validé mon arrivée. Même s’il n’est pas forcément ici au quotidien, je le tiens informé de tout ce qui se outdated skool sur le opinion sportif. Mais on est dans deux dimensions différentes : lui doit s’occuper du redressement et de rendre viable administrativement ce projet sportif, moi avec John Williams, le workers et les joueurs, on s’occupe du terrain. On sait très bien que dans un club, la locomotive, c’est le sportif. Ce sera à nous d’être performants pour faire remonter le club. Concernant le président, s’il n’avait pas l’esprit combatif, il aurait lâché depuis un second. Il est conscient qu’il a fait des erreurs et je ne l’ai jamais senti détaché lors de nos discussions.