Nos choix de lectures : « Les Enchanteurs », « La Règle du crime », « Dogrun », « Les Egarés »…

LA LISTE DE LA MATINALE

Voici une sélection entièrement américaine, à l’occasion du Competition The United States, dont « Le Monde des livres » est partenaire, qui se tient à Vincennes (Val-de-Marne) du 26 au 29 septembre. Au menu : le nouveau jeu de bloodbath de James Ellroy, qui vise cette fois Marilyn Monroe et JFK ; le deuxième roman d’Ayana Mathis, qui continue de sonder la frontière entre vécu intime et mémoire collective afro-américains ; la suite drôle et énergique de la Trilogie de Harlem, de Colson Whitehead, soit les années 1970 autour de la 125^e rue ; Frank Bascombe, de retour dans le nouveau livre de Richard Ford ; et Recent York, encore, dans l’East Village chaotique des années 1990 que raconte Arthur Nersesian.

ROMAN. « Les Enchanteurs », de James Ellroy

Troisième volet d’une série de cinq ouvrages prévus sur le Los Angeles de l’après-guerre, Les Enchanteurs crève les abcès d’un Hollywood en plein âge d’or finissant, capitale du vice en voie de décomposition avancée.

En greffier compulsif de ces turpitudes, voici Freddy Otash, flic défroqué, voyeur invétéré et camé notoire. Au cœur de l’été 1962, alors que le cadavre de Marilyn Monroe est encore tiède, Otash est chargé par Robert Kennedy, procureur général des Etats-Unis, d’une mission délicate : discréditer la comédienne jusque dans la tombe pour effacer toute ticket des « coucheries suicidaires » de son président de frère, John Fitzgerald Kennedy, dont elle était la maîtresse. L’enquête de « Freddy O » sera consignée dans un journal intime halluciné où son regard, tel une « caméra humaine », se promène des villas cossues aux « baisodromes clandestins » de la pègre.

Miniaturiste des passions humaines et des rédemptions contrariées, Ellroy ne se réinvente pas et c’est tant mieux. On retrouve dans Les Enchanteurs son débit staccato ponctué d’allitérations. Ou ses figures de model qui, loin de relever d’une quelconque affèterie, parodient les feuilles de chou semi-clandestines des années 1950 et 1960 pour mieux immerger son lecteur dans les outrances de l’époque. Dans ces pages, le faux s’accouple au vrai pour enfanter des chimères. Ce jeu de piste et de bloodbath est le tour de force d’un écrivain aussi rusé que talentueux. A. Al.

ROMAN. « Les Egarés », d’Ayana Mathis

Débarquée à Philadelphie, dans les années 1980, avec Toussaint, son fils de 10 ans, et deux valises, Ava Carson n’est qu’un numéro pour les services sociaux. 813, indique la porte de sa chambre miteuse. « 813 » est-elle folle, droguée, alcoolique ? Est-elle une femme battue ?, s’interroge l’assistante sociale. Avec son langage soutenu et son beau chemisier, Ava n’entre dans aucune des cases à cocher pour recevoir une aide et un logement pérenne.

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